La Rb a franchi le Rubicon

Bénin – Deux jours après le bal des lampistes au siège de  Vidolé, l’Etat-major de la Renaissance du Bénin(Rb) entre en scène. A la sortie d’une audience avec le Chef de l’Etat, son président Léhady Soglo proclame l’allégeance de son parti à la majorité présidentielle. La clarté de ses mots confirme aussi bien la nouvelle orientation politique prise qu’une haute trahison, visiblement murie de longue date et gardée cyniquement en secret pour faire mal. Le dernier pas du ralliement de la Rb à la majorité présidentielle vient d’être posé. Tout s’est passé sous les auspices du président Lehady Soglo qui a conduit lui-même une forte délégation de son parti à la Marina pour confirmer urbi et orbi la nouvelle idylle politique. « Un partenaire engagé, loyal, fidèle et exigeant », clame Lehady à la presse à la sortie de l’audience. Tout ceci est dans la continuité des propos tenus jeudi dernier par les responsables des structures décentralisées qui affirmaient que « Notre parti, en ce qui le concerne, et avec nous, a choisi dans la transparence qui nous caractérise, au vu et au su de tout le monde, d’accepter la main tendue du Chef de l’Etat… ». Mais cette déclaration ne vient que confirmer qu’une option prise depuis quelques semaines avec l’entrée d’un député de la Rb dans le bureau de l’Assemblée nationale alors que ses autres alliés politiques ont simplement boycotté cette élection pour non respect d’une décision de la Cour constitutionnelle. Parlant de transparence, les ouailles de Lehady ont voulu simplement mettre en exergue leur trahison politique, à l’opposé de ceux qu’ils accusent d’avoir négocié en catimini et sans grand succès leur entrée au gouvernement. Ainsi présentée par Christian Sossouhounto et consorts, l’Union fait la nation s’apparente à une jungle à l’intérieur de laquelle se déroule une guerre intestine et où c’est la plus habile à trahir qui a pu gagner le seul maroquin jeté en pâture à elle par le Chef de l’Etat. Cette image de l’Un que tente de projeter la Rb fait partie, en vérité, de l’argumentaire de défense développé par ce parti pour justifier son coup. Une déclaration pourtant surprenante lorsqu’on  sait que l’Un est assis sur des textes qui interdisent la prise d’une orientation politique sans la consultation des autres alliés politiques. Les responsables de la Rb qui, pour se défendre, évoquent l’autonomie d’action laissée à  chaque entité membre de l’union en attendant la fusion, n’ignorent pas qu’un membre de cette union ne peut rien faire sans consulter les autres. En faisant cela, elle s’expose à des sanctions graves. Mais pour se dédouaner, elle jette le tort sur ses alliés, les accuse d’avoir les  premiers tenté d’entrer en catimini au gouvernement et ceci sans en  informer la Rb. Pourtant, des informations très concordantes confirment la mise en place d’une commission quadripartite composée des honorables kolawolé Idji, Epiphane Quenum, Eric Houndété et Augustin Ahouanvoébla pour conduire les négociations avec le gouvernement. La Rb ayant son plan personnel,  n’a donc pas joué franc jeu et a préféré tout faire seul.

Le paradoxe Rb

Le cas Rb continue d’inquiéter maintes personnes. Comment un parti qui s’est toujours autoproclamé initiateur et père de l’Un puisse la quitter aussi lamentablement alors qu’elle traverse une période difficile. L’attitude de Lehady n’a rien de responsable et devait amener même ses alliés d’aujourd’hui à se faire une idée sur la nature de l’homme qu’il est. Directeur de campagne de Me Adrien Houngbédji, il l’a suivi pendant toute la période de campagne. Il était donc dans le couvent de l’Un et était le principal exécutant de la stratégie de campagne de l’Un. Il ne serait même pas exagéré de dire et de penser qu’il est à ce titre le principal responsable de l’échec de Houngbédji. Quelques jours après l’élection, on le vit derrière celui dont il prétend être le dauphin légitime, contester les résultats provisoires et refuser de reconnaître Boni Yayi comme le Président élu par le peuple. Et quelques jours après il rejoint celui -là et lui professe loyauté et fidélité. Des jours avant cela, il a bafoué tous ses collègues membres de la conférence des présidents de l’Un en boycottant leurs convocations. Ce faisant, il choisit volontairement de fermer la porte de la consultation qu’il est censé faire de s’affranchir de la tutelle de l’Un. Mais dans sa nouvelle formation politique, la Rb doit batailler dur pour ne pas être marginalisée.  D’abord par ses alliés et surtout par le Chef de l’Etat lui-même qui n’hésiterait pas à marcher sur ses plates bandes de la Rb. L’acte relève ni plus ni moins de la trahison politique. Et on se demande si la Rb en mesure l’impact.q

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L’Un face à ses responsabilités

L’acte posé par la Rb devait amener l’Un  à prendre ses responsabilités. Depuis ce samedi où son président a promis fidélité et loyauté au président de la république, l’Un dispose de l’argument-massue pour prendre une décision par rapport à la Rb. Quand la mariée déserte le foyer conjugal pour « convoler en justes noces » avec son amant, quelle décision autre que la répudiation s’impose au mari ?  La mansuétude notée vis-à-vis de cette formation politique devait désormais s’estomper. L’Un devait avoir le courage de prendre une décision. A défaut d’une exclusion, pure et simple le bureau de l’Un doit pouvoir courageusement sortir un communiqué pour dissiper la confusion et mettre fin à la duplicité politique de la Rb et au marchandage éhonté auquel il se livre avec le pouvoir. Car il n’y a plus guère l’ombre d’un doute que les responsables de la Rb au plus haut niveau ont choisi la posture de « l’entre deux chaises » pour mieux négocier avec le pouvoir et donner l’estocade à l’Union qu’ils prétendent avoir initiée.

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