Bénin – Vive les vacances. Hors les écoliers, élèves, étudiants directement concernés par les examens de fin d’année, les vacances sont déjà à demeure dans l’esprit et dans le cœur de la population scolaire de notre pays. Les classes et les amphithéâtres vont fermer et les amateurs de grasse matinée trouveront le temps de traîner au lit. On tordra le cou à la discipline scolaire pour mieux arpenter les boulevards de la liberté. Pourvu que l’on ne dérive point. Pourvu que l’on ne dérape point. C’est justement en pensant à ces accidents de parcours qui obscurcissent le ciel de nombre de vacanciers, que la période est riche en offres d’activités diverses dites « saines » : surprises party, piqueniques, matinées et soirées dansantes, cours de vacances, sans compter les nombreux programmes spéciaux proposés par nos chaînes de radios et de télévisions… Abondance de biens ne nuisant pas, de nouveaux programmes pourraient bien venir s’ajouter aux anciens. Mais que faut-il entendre, ici, par nouveaux programmes ?
Nous pensons prioritairement à des programmes de vacances conçus et animés par les jeunes, au bénéfice des jeunes en vacances. Avec, au bout, la valeur ajoutée qui couronne et récompense la volonté d’appendre et d’entreprendre. Pourquoi donc une telle conception des choses ? L’idée sous-jacente, c’est l’autonomie de pensée, d’initiative et d’action de nos jeunes en vacances. Les adultes ont assez conçu pour eux des moules dans lesquels, les vacances venues, ils viennent, aussi simplement que platement, se couler sans trop se poser de questions.
Nos jeunes vont devoir prendre la parole et décider de ce qu’ils feront de leurs vacances. Nous souhaitons quant à nous, qu’ils retournent à l’école d’une créativité active, sous le sceau de leurs initiatives propres. Nous avons dit école. Car, c’est exactement de cela qu’il s’agit avec la création et la promotion, dans notre pays, de véritables écoles de vacances. Le principe est de se mettre ensemble pour concevoir quelque chose et de s’unir pour le réaliser ensemble.
Nous voulons que nos jeunes ouvrent des autoroutes à leur imagination et poussent très haut et très loin leur pouvoir de création. Nous voulons que nos jeunes entrebâillent les portes du rêve sur leurs vacances, dans un pays où l’on ne prend ni le risque ni le plaisir de rêver beaucoup.
Nous voulons, par ailleurs, que nos écoles de vacances s’organisent dans l’esprit et sous la forme d’espaces porteurs d’une esquisse de culture d’entreprise. On aura à diriger des hommes. Des hommes et des femmes auront à se donner la main pour construire ensemble, mêlant leurs différences, résorbant leurs contradictions, impulsant de nouvelles dynamiques, construisant de nouvelles convergences, se préoccupant, d’abord et avant tout, de résultats.
Les jeunes en vacances qui accepteront de se jeter à l’eau auront à dessiner les contours de leur projet, à chercher et à trouver les moyens pour le réaliser, à s’organiser pour tirer leur projet des brumes du rêve pour l’exposer à la lumière de la réalité. Comptera davantage, en tout cas, dans cette expérience, l’esprit de se rencontrer pour apprendre et entreprendre, que la création qui sanctionnera une telle rencontre. Mais s’il devait en être autrement, qui bouderait la cerise sur le gâteau ?
Pour ne pas dire que l’entreprise est une chose trop sérieuse et qu’elle ne doit pas être laissée à l’initiative des seuls entrepreneurs, nous pensons que l’entreprise des vacances que nous proposons à nos jeunes, a des chances de leur offrir plus d’ouverture sur leur avenir et sur l’avenir. Et c’est souvent en jouant qu’on s’inscrit à l’apprentissage le plus complet, le plus solide, le plus prometteur.
L’entreprise des vacances des jeunes n’exclut pas les adultes. Loin s’en faut. Les jeunes trouveront toujours auprès de ces derniers des informations et des orientations utiles pour mener à bien leurs projets. Les jeunes n’ont pas le droit de s’en priver. Les adultes ont le devoir de s’y engager. Et c’est peut-être sur ce terreau fécond de la fraternité et du dialogue intergénérationnel que nous cueillerons les fruits de l’entreprise des vacances, par les jeunes et pour les jeunes.
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