Maroc : le temps des réformes… cosmétiques

Dans le monde arabe en ébullition, le Maroc est un cas à part. Un improbable îlot de quiétude et de stabilité dans un environnement tout en remous. Il a failli ne pas le rester. Il ne le restera peut-être pas. Mais si d’aventure, le Royaume chérifien finit par sombrer dans l’inextinguible cycle de manifestations, répressions, violences, représailles et contre-représailles comme le Yémen, la Syrie, Bahreïn ou plus prosaïquement la Libye, ce ne sera plus faute d’avoir essayé de l’éviter. Ce ne sera plus la faute d’un souverain mordu de pouvoir capable de refuser à son peuple jusqu’au droit d’expression. Ce ne sera pas de la faute de Mohamed VI. L’essentiel de ce qui peut être fait est en voie de l’être. Apparemment.

Le Maroc depuis l’accession au pouvoir de son roi Mohamed VI en juillet 1999, a entamé bien avant le reste du monde arabe sa mutation vers une société plus juste, plus libre, plus prospère. A la différence de la Tunisie et de l’Egypte dont le niveau de développement est similaire, le Maroc a la chance d’avoir un souverain jeune, au pouvoir depuis pas très longtemps. Pas aussi longtemps en tout cas que ses pairs déchus Zine el-Abidine Ben Ali et Mohamed Hosni Moubarak. C’est aussi un souverain moderne qui, dès ses prises de marque dans ses nouvelles fonctions, a instillé au Maroc un vent de réformes. Allant jusqu’à se passer des services de certains apparatchiks du système Hassan II comme l’ex-ministre de l’intérieur Driss Basri, véritable « Vizir » sous le régime du roi défunt. Ombres au tableau, le dossier du Sahara occidental resté insoluble, et forcément les quelques  réminiscences d’une époque où le souverain était trop puissant pour que l’on puisse, ne serait-ce que « porter atteinte à son image » en le caricaturant.

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Quand le vent du changement a donc commencé à souffler sur le Maghreb d’abord et plus généralement sur le monde arabe, Mohamed VI a été parmi les dirigeants les moins vite contestés, les moins décriés, mais aussi les plus réactifs. Il n’aura pas fallu que les rues se noircissent de monde et que les pavés craquellent sous les pas des manifestants pour que le souverain comprenne qu’il est désormais temps d’aller plus loin dans les avancées souhaitées et réclamées par le peuple. La répression qui s’est intensifiée graduellement, faisant un mort (toutes les révolutions ont leur martyr) et de nombreux blessés peut, d’un certain point de vue, être considéré comme un malheureux intermède. Car toutes proportions gardées, le Maroc ne présente à aucun moment le visage d’une Libye et d’une Syrie en proie à une violence sans nom.

Et comme pour manier la carotte après le bâton, le souverain chérifien vient d’annoncer le contenu des réformes politiques qu’il envisage soumettre à l’approbation du peuple. Un train de mesures portant entre autres renforcement des pouvoirs du Premier Ministre au détriment du Roi. Celui-ci devra provenir désormais du parti majoritaire à l’issue des élections législatives, avoir la charge de chef du gouvernement  et disposer du pouvoir de dissoudre la chambre basse du parlement. Autre nouveauté, la personne du roi n’est plus « sacrée », mais reste « inviolable ». Le roi conserve des pouvoirs élargis en matière de diplomatie, reste Chef de l’Etat, Commandeur des croyants et Chef suprême des Armées. Sans doute de quoi semer quelque trouble dans le cœur des sceptiques activistes du mouvement du 20 février qui déjà, font entendre leurs désapprobations.

Il faut en effet remarquer que Mohamed VI n’a pas été exceptionnellement ambitieux dans ce projet de réformes. Sur la plupart des prérogatives qu’il abandonne, le projet de constitution vient subtilement donner au souverain le dernier mot. C’est notamment le cas pour la nomination des membres du gouvernement ou le droit désormais accordé au parlement de voter des lois d’amnistie. Les avancées les plus notables sont du domaine culturel plutôt que sur le terrain politique. Elles concernent la langue amazighe (la langue berbère parlée par plus de 32 millions de locuteurs dans tout le Maghreb) qui sera désormais considérée, avec l’arabe, comme langue officielle, selon le préambule du nouveau projet de constitution.

Il faut quand même reconnaître que pour une monarchie absolue qui envisage sa mutation en monarchie constitutionnelle dans un monde arabe où les pesanteurs sont à l’immobilisme et la révolte des peuples aux gémonies, Mohamed VI franchit un pas important. Peut-être pas le plus spectaculaire, mais quand même. Reste à savoir si cela peut suffire à étancher la soif de changement qui ébranle des Etats et les gouvernements du monde arabo-musulman et même au-delà. Et s’il n’y suffit pas, il restera toujours une question à se poser : peut-on démocratiser le monde arabe ?

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