Premier clash du tandem Yayi-Koupaki

Bénin – La grève de 72 heures déclenchée par la Coalition des syndicats de l’administration publique (Cosynap) a permis de percevoir l’écart managérial entre les deux hommes qui dirigent le gouvernement. Entre Koupaki, le premier ministre pompier et son chef qui met le feu, il y a peu d’espoir de voir un gouvernement stable. Au sommet de l’Etat, c’est simplement la saison des clashs qui a commencé.

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L’un est pondéré, raffiné et accoutumé au langage subtil. L’autre, direct, parfois impulsif et menaçant. Le duo Yayi-Koupaki est simplement détonnant et laisse planer des doutes sur sa pérennité. Depuis Lundi dernier, maints béninois commencent à mesurer le dégré d’incompatibilité des deux styles de management au sommet de l’Etat. Une grève banale d’une organisation syndicale sortie à peine de l’anonymat,  sans passé élogieux et qui, apparemment fait ses premières armes dans la lutte syndicale a servi de tremplin pour exposer cette ambivalence du gouvernement. A vrai dire, une telle grève annoncée par cette Cosynap (Coalition des syndicats de l’administration publique) sans grand soutien des centrales syndicales dont émanent les syndicats primaires n’est pas en fait un événement qui puisse faire sortir un Chef de l’Etat sous les feux de la rampe. Ayant déjà fait cinq ans à la tête de l’Etat Boni Yayi est supposé être bien aguerri pour gérer et résorber cette crise. N’a-t-on pas vu ces derniers jours et ses derniers mois, des grèves plus corsées menées par les plus grandes centrales syndicales du pays. Pour autant, Yayi n’en a pas piqué de la fièvre hectique. Il avait géré avec plus de recul et de patience. Mais aujourd’hui, sous prétexte de la pression des bailleurs de fonds, le président monte au créneau demande aux travailleurs de mettre fin à leur grève qu’il juge « illégale et irrecevable », menace de faire des retenues sur salaires en cas d’entêtement. Le ton est élevé. Le Chef de l’Etat croyait ainsi, par cette menace, intimider et dissuader ces agents qui revendiquaient une revalorisation de leur point indiciaire à 1,5 comme cela a été fait à leurs collègues du ministère de l’économie et des finances. Mais malheureusement pour lui, sa déclaration a fait l’effet boomerang.  Se sentant menacés et intimidés, les travailleurs en grève ont décidé de résister jusqu’au bout, quoi que cela leur coûte. L’autorité de Yayi est mise à rude épreuve. Avec elle, le rêve d’avoir un quinquennat sans grève qui s’effondre comme un château de sable.

Le désaveu

En vérité, l’intervention de Boni Yayi dans ce dossier n’était pas souhaitable. Il paraissait comme un une immixtion maladroite dans un dossier apparemment bien suivi. En effet, depuis un bon moment c’est le premier ministre Pascal Irénée Koupaki qui s’occupe de la gestion de la crise sociale et des négociations avec les partenaires sociaux, après quelques tentatives infructueuses du Chef de l’Etat. Le premier ministre a si bien géré ce dossier qu’en moins d’un mois, les syndicalistes les plus déterminés contre le gouvernement ont assoupli leurs positions. La déclaration de Boni Yayi est venue pour compliquer un problème qui était solutionné à moitié mais aussi et surtout pour désavouer le premier ministre Koupaki qui en était le vrai gestionnaire. Ceci pourrait devenir un point de mésentente entre les deux hommes. Selon certains proches du Chef de l’Etat, c’est parce que Koupaki a mal fait les négociations que tout ceci se passe. Le point de vue contraire est tenu par d’autres personnes qui pensent que la déclaration du Chef de l’Etat a compromis toutes les négociations de Koupaki et le montrer comme un interlocuteur peu crédible dans le gouvernement. On peut comprendre que la cohabitation entre les deux hommes au sommet de l’Etat  s’annonce très difficile. Et que le nouveau premier ministre risque de compromettre son image de professionnel chevronné avec un management du Chef de l’Etat qui va, au fil des jours, le prendre pour le principal responsable des situations et grandes difficultés.  A l’  allure où vont les choses, Koupaki sera chaque fois mis sur les braises et condamné à gérer les erreurs de son chef et pourrait ainsi passer pour le vrai responsable de toutes les dérives du gouvernement. Avant 2016, c’est un bon traquenard pour le discréditer et le détourner  complètement de ses  ambitions  présidentielles.

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