Affaires DSK ou affaires Dominique « Sisyphe » Kahn

Sont-ce les hommes ou les vicissitudes du destin qui s’acharnent contre Dominique Strauss Kahn ? La vie de celui qui était la personnalité préférée des socialistes français il y a peu encore, aurait pu continuer à se dérouler comme un long fleuve tranquille. Et s’achever au sommet de la république, au Palais de l’Elysée. Les Français l’y voulaient. Sans doute pas tous. Mais une majorité selon les sondages d’opinion. Mais finalement, c’est peut-être cette minorité hostile qui l’emportera sur la majorité. Sans avoir à en découdre à travers les urnes. En ayant su frapper là où l’homme est le plus vulnérable : le déshonneur par la libido.

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Quand, en cette sombre journée pour lui du 14 juillet 2011, la police newyorkaise arrête Dominique Strauss Kahn à l’aéroport suite à une plainte pour agression sexuelle sur la personne d’une femme de chambre du Sofitel Hôtel, c’est tout un monde qui s’écroule. D’abord de hautes fonctions internationales qui le mettaient sur le piédestal des plus puissants parmi les puissants de ce monde. La direction générale du Fonds monétaire international n’a pas tardé à lui glisser des mains. Par sa propre initiative, pour ne pas gêner le fonctionnement normal de l’institution. Ensuite, des ambitions présidentielles tout près de se concrétiser dans son pays. DSK passait pour le seul candidat capable de l’emporter en 2012 face à la droite et à l’extrême-droite, dans tous les cas de figure. Les sondages étaient formels. Enfin, sa réputation en a été particulièrement affectée. La procédure accusatoire ostentatoire de la justice américaine n’a rien arrangé de ce point de vue. Les images pathétiques d’un homme défait, prostré, grave, non plus. Seule aura résisté dans cette tempête, apparemment tout de même, la vie de famille et la vie de couple de l’ancien Directeur du FMI.

La fabuleuse épopée Strauss Kahn était de toute évidence enrayée. Bloquée. Terminée. Je n’ai pas été le seul à me le dire à haute voix. Pas grande place n’a été laissée à la présomption d’innocence dans cette affaire, tant les faits et les circonstances étaient accablants. Ce n’est donc pas sans surprise qu’est advenue quelques semaines plus tard l’éclosion des éléments qui, comme le ressac d’un tsunami géant, est venu remettre en cause la crédibilité de la plaignante et remettre d’aplomb DSK. Les charges qui, en leur état initial auraient pu coûter plus de soixante-dix années de prison à Dominique Strauss Kahn, sont en passe d’être  purement et simplement abandonnées. Et l’ancien ministre français des finances, par la voix de ses proches, envisage peut-être déjà son retour en France. Son retour dans la politique française. Il n’y a en effet pas vraiment beaucoup de temps à perdre, les primaires socialistes étant déjà en branle et les formations serrées en ordre de bataille tant au sein qu’en dehors du parti à la rose.

Mais il faut croire que Dominique « Sisyphe » Kahn n’est pas encore arrivé au bout de ses peines. A peine la procédure américaine a-t-elle pris un coup de désuétude qu’en France, une jeune journaliste, Tristane Banon, annonce le dépôt d’une plainte pour des faits de tentative de viol survenus en 2003. Et DSK est encore une fois en ligne de mire. Avec en perspective une nouvelle enquête sur la vie privée, qui risque de mettre à nouveau à nu des faits que les Strauss Kahn auraient sans doute voulu laisser dans les méandres de l’histoire. De là à croire qu’il se passe en arrière-plan un féroce combat entre lobbies et loges occultes pour favoriser ou contrecarrer l’accession au pouvoir d’un homme connu pour son influence, pour son charisme, et pour ses positions politiques, il n’y a qu’un pas. Que je ne prends, pour ma part, pas le risque de franchir, tant les informations en cette matière sont rarissimes. Chacun jugera à l’aune des rebondissements passés présents et futurs dans le désormais tumultueux cours de la vie de DSK.

Comme Sisyphe qui devait rouler son rocher jusqu’au sommet de la montagne, le voir dégringoler et recommencer, Dominique Strauss Kahn se bat aujourd’hui contre bien des démons. Les siens propres qui ont sans doute un rapport avec sa réputation de séducteur. Et ceux que d’éventuels adversaires politiques ou de simples arrivistes avides de notoriété et d’argent, ont lancé à ses trousses. De toute évidence, DSK ne sortira pas indemne de ce cycle. Une renommée défaite. Un avenir démoli. Une famille en lambeaux. Voilà les risques. Mais il y a aussi des perspectives autrement plus heureuses. L’image de la combattivité à toute épreuve. L’image de la victime d’un acharnement malsain. L’image du gagneur en toutes circonstances. Car, même s’il n’en avait pas l’air, l’effort de Sisyphe n’était pas vain. Il gagnait… en muscles.

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