Voilà bientôt cinq ans qu’un médiateur de la république existe au Bénin. Depuis, les crises se sont succédé mais le médiateur est resté imperturbable. Pendant que ça chauffait sur le front politique et syndical, le clergé était devenu le seul recours. Le médiateur lui, brandit les textes et reste inactif. Et au fil des ans, le médiateur tombe hélas dans le rang des « institutions inutiles » de la république.
On connaît le brillant rapporteur de la conférence nationale, l’opposant truculent qui a empoisonné le quinquennat du président Soglo, le ministre du plan très imaginatif qui voulait créer vingt mille emplois par an. Mais le médiateur, pas si sûr. Pourtant depuis le 25 Août 2006, le décret N° 2006-417 fait d’Albert Tévoédjrè, le médiateur de la république avec la création de l’organe présidentiel de médiation. C’est un organe intercesseur grâcieux entre l’administration et ses administrés. La communication qui a précédé la création de cette institution a fini par convaincre maints béninois de la nécessité de celle-ci dans l’univers institutionnel de notre pays. Dès la prise du décret et de la création de cette institution, le premier combat qu’a commencé Albert Tévoédjrè est de faire un lobbying pour que les députés votent la loi qui va pérenniser son institution. Alors qu’en 2008 déjà éclatait une crise politique avec la création des G4 et G13, le médiateur s’est terré dans un mutisme inquiétant. Pour mettre fin aux critiques contre sa personne, il a dû apporter la clarification que son institution ne s’occupe que de la gestion des crises nées des différends entre l’administration publique et les administrés. En effet, dans le décret N° 2006- 417, il est stipulé que le médiateur ne s’occupe des « réclamations des usagers concernant le fonctionnement des administrations de l’Etat, des Collectivités territoriales, des établissements publics et de tout organisme investi d’une mission de service public » .C’est l’argument brandi par Tévoédjrè pour se mettre à l’abri. Le champ semble être ainsi obstrué pour mettre le vieil octogénaire au repos. La loi semble être taillée sur mesure et ne permet pas de prendre en compte les vraies préoccupations qui sont à l’origine des crises sociales et politiques qui secouent notre pays. Depuis 1990, toutes les crises qu’a connues notre pays sont nées des différends entre acteurs politiques ou entre gouvernement et les partenaires sociaux. Les problèmes entre les individus et l’administration ne constituent que la portion congrue des causes crysogènes. La question qu’on devait poser à Albert Tévédjrè est de savoir pour quoi la loi a réduit pour autant le champ d’intervention du médiateur. Conséquence, le médiateur est beaucoup plus présent lors des décorations, des banquets, des voyages présidentiels et aussi dans les tractations politiciennes. Pendant toute la période de la crise sur la Lépi, il était absent. Idem pour les différentes crises sociales avec les travailleurs où le médiateur n’a rien. Finalement, on se demande si le médiateur sert à quelque chose. Pourtant, Tévoédjrè reçoit des émoluments à faire couper le souffle. Un salaire de 2,6 million, une prime mensuelle de 750.000F, deux véhicules, des gardes, de la couverture sanitaire,… et beaucoup d’autres avantages matériels. Une véritable sinécure puisqu’en retour, on a aucun résultat. De quoi permettre au renard de bénéficier d’une retraite dorée. Pour la gestion des crises et des « patate chaudes », on fait recours au clergé.