Après les cent premiers jours de Boni Yayi 2 : la refondation a du plomb dans l’aile

Bénin – Trois mois après l’investiture de Boni Yayi, tout reste à faire pour reconstruire le pays et panser les blessures de la mandature passée. A commencer par l’idéologie sous le signe de laquelle les 5 années à venir se trouvent placées. Un peu plus de trois mois après l’élection de l’homme de la refondation on s’aperçoit que ce qui reste à faire est loin plus massue que ce qui l’est déjà. Et Dieu sait si beaucoup reste à faire. Si l’homme et la femme de rue ne cachent pas leur angoisse face à un avenir de gestion du pouvoir qui leur semble incertain, les observateurs de la chose politique pensent que cette transition dite de la refondation est très floue et difficile à accepter, faisant du pays celui qui vogue entre espoir et incertitude.

Il est vrai que mettre les Béninois à contribution sur les rails de leur propre développement est une œuvre complexe, de longue haleine qui suppose une révolution des mentalités, un contrôle permanent des délégations de pouvoirs, un savant dosage des sanctions et des promotions, une capacité à trancher dans le vif pour faire sauter les points de blocage les plus inextricables. Et il faut être un pilote à même de tenir fermement le gouvernail en pleine zone de turbulences.

Publicité

Après cent jours, l’homme éprouve toujours des difficultés à mettre en place un principe organisationnel irréprochable. L’intrus ne connait toujours pas la maison bien qu’il soit un fin stratège. Le Président de la République s’emporte régulièrement et ses décisions qui relèvent presque du miracle en sont des illustrations. La dernière a contribué à semer la pagaille au sein des travailleurs de l’administration publique. Tout ce que le chef de l’Etat a entrepris à son second et dernier mandat constitutionnel, notamment la mise en œuvre de son dialogue politique et qui serait, selon lui une nécessité, voire une urgence, est en train de prendre l’eau. Certes, il faut être à plusieurs pour le mener. Mais c’est à celui qui à la charge et qui est payé pour s’occuper des intérêts du peuple que revient la responsabilité de tendre la main à tous ceux qui expriment leurs rancœurs. L’ouverture politique véritable action, qui aux dires du premier refondateur devrait générer et stimuler la cohésion sociale ainsi que la croissance économique, n’a fait qu’empirer les choses puisque le torchon brûle toujours au niveau des états majeurs des partis et ou alliances de partis bénéficiaires de la politique de «la main tendue».

La refondation toujours au point mort

Passé l’euphorie et la ferveur nées de l’élection du 13 mars et, au regard du développement de l’actualité nationale sur fond d’une tension sociale sans cesse persistante, on se rend à l’évidence que Boni Yayi et les siens ont été rattrapés par les réalités de la refondation annoncée et qui tarde à prendre. Elle est, toutes proportions gardées, toujours au point mort à l’image des négociations entre gouvernement et centrales syndicales en cours actuellement, depuis près de deux semaines. Les promesses électorales faites par le chef de l’Etat en ce qui concerne les spoliés des structures illégales de collecte d’argent peinent à se concrétiser et pour certains épargnants, il ne s’agit pas de condamner des individus, mais le système d’Etat. Les réformes engagées, surtout celles liées à la réduction du train de vie de l’Etat, même si elles ont reçu l’assentiment du peuple, souffrent tout de même d’un manque d’exemple car toute réforme s’opère toujours par l’exemple et Boni Yayi en imposant à ses ministres de voyager en classe économique doit le montrer par lui-même aussi. Il y a du pain sur la planche et de sources proches de la Présidence de la République, on apprend qu’il reste très méfiant de ses collaborateurs. L’administration publique dans son ensemble est en grève et la refondation et ses précurseurs n’ont pu aider à trouver une issue favorable.

Sans faire preuve d’un optimisme beat, on peut espérer que Boni Yayi mette le reste de son temps au pouvoir à profit pour corriger les faux pas qui lui sont reprochés, après un trimestre de règne afin de ne pas laisser au soir de son mandat un pays ingérable à son prochain successeur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité