Boni Yayi associe l’armée à la gestion du pouvoir

Bénin – Boni Yayi a une fois encore associé l’armée à la gestion de son pouvoir. Alors même que, des esprits avertis continuent de désapprouver la sollicitation des hommes en uniforme, comme auditeurs internes dans les sociétés d’Etat et ministères, le chef de l’Etat récidive. Rétablir l’autorité de l’Etat face à des travailleurs « irresponsables ». Telle est désormais l’option faite par Boni Yayi dans le dernier acte de la crise qui oppose les travailleurs au gouvernement. Le chef de l’Etat a perdu son autorité dans la gestion ce contentieux administratif. Les hauts gradés de l’armée sont sollicités pour prêter main forte au chef suprême des armées. Ils sont investis pour retrouver son autorité.

La refondation vise t- elle la gestion du pouvoir par l’armée ? En invitant les hommes en uniforme, dans la gestion du contentieux administratif, le chef de l’Etat a sans doute pris la mesure de son acte. C’est un secret de polichinelle que les grands dictateurs se servent de la force pour opprimer leur peuple, sous motif d’offense à autorité de l’Etat. Le secours de la Cour constitutionnelle n’ayant pas dédouané le régime, le chef de l’Etat se réfère à l’armée pour régler une crise dont le gouvernement en est le géniteur, pour avoir établit une discrimination entre les agents de l’Etat. Visiblement, Boni Yayi veut confier plus de responsabilité aux hommes en uniforme. Déjà quelques jours, que certains agents de la corporation sont affectés dans les sociétés d’Etat et ministères pour jouer le rôle d’auditeurs internes. Aujourd’hui, les hauts gradés sont mis à contribution pour rétablir l’autorité de l’Etat.

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Le droit de grève est un droit constitutionnel. A partir de ce principe, la démarche du Chef de l’Etat est inexplicable. Qu’est ce qui peut justifier l’intervention de l’armée dans ce bras de fer entre gouvernement et travailleurs? Les hommes de l’armée sont d’ailleurs, membres de l’administration publique. Il ne s’agit n’ont plus d’une marche de protestation projetée par les agents de l’Etat, pour qu’on évoque une mesure de prévention au trouble à l’ordre publique. L’armée est certainement sollicitée à d’autres fins. En matière de gestion du pouvoir d’Etat le recours à la force est en dernier ressort et ceci dans les conditions prévues par la loi. Pendant la période révolutionnaire, le Général Mathieu Kérékou, ne sert pas servi de sa troupe, pour faire entendre raison aux travailleurs, quand le pays était secoué par la crise économique des années 1989. Aujourd’hui, les travailleurs exigent un mieux être au regard des disparités sociales, des salaires politiques, du train de vie de l’Etat, des scandales financiers, de la mauvaise gouvernance. L’armée a une fonction régalienne. La sécurité du peuple, la défense du territoire. Et ne doit être détourner de sa mission ou manipuler après une mauvaise politique de gestion. Le chef de l’Etat à sans doute souvenance de la conférence des forces vives de la Nation de février 1990. Nous avons opté pour un régime démocratique, pour un Etat de droit. Traiter les travailleurs d’irresponsables est une atteinte au respect de la personne humaine et une manque de civilité pour un homme qui assure ses hautes fonctions de la République.

Il reste tout de même surprenant, que Boni Yayi perde son autorité au début de son mandat, après avoir réalisé un «Ko» inédit, lors des dernières élections présidentielles. Recourir à l’armée pour faire entendre raison à sa propre administration dénote d’un aveu d’échec en matière de la gestion des ressources humaines. A y voir de près, Yayi veut simplement préparer l’armée à l’accompagner dans sa politique de dictature déguisé.

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