Gestion de crise au sommet de l’Etat : comment Yayi court-circuite Koupaki

Bénin – Depuis qu’il a été reconduit à la tête de l’Etat, pour un dernier mandat constitutionnel, Boni Yayi multiplie les manœuvres pour fragiliser et liquider un homme encombrant à qui il aurait promis d’être son dauphin: Pascal Irénée Koupaki. Tout a commencé par sa nomination au poste de premier ministre chargé de la coordination de l’action gouvernementale. Cette nomination qui devrait, a priori donner plein pouvoir à son bénéficiaire, s’est très tôt révélée comme un cadeau empoisonné, jeté à la figure de l’homme par le Président refondateur pour primer l’engagement et la détermination dont a fait preuve ce dernier au cours de son premier quinquennat dans le règlement des crises qui ont agité le régime.

Pendant que tous ses autres collègues sont installés dans les différents ministères dont ils ont la charge, il est le seul à ne pas avoir de bureaux et est depuis lors à la présidence tel un ministre délégué. Pour justifier cet état de chose, le conseiller du Chef de l’Etat à la santé Alexandre Hountondji au cours d’une émission télévisée a laissé entendre que «la coordination de l’action gouvernementale est une activité très sensible qui mérite un droit de regard du Chef de l’Etat». Autrement, Koupaki n’aurait pas le background nécessaire pour bien coordonner l’action du gouvernement. Les dernières décisions de Yayi semblent bien justifier la chose. En effet, décidé à couper l’herbe sous les pieds de ce technocrate bon teint apprécié du peuple béninois pour sa tempérance et son charisme, Boni Yayi a bousillé la semaine dernière toutes les négociations entreprises par ce dernier avec les centrales syndicales alors même que le bout du tunnel n’était plus loin. Il a fait l’option d’utiliser sa vieille méthode de menace, d’intimidation et de retenus sur salaire. Tout ceci n’a guère émoussé les ardeurs des grévistes qui ont maintenu le mouvement.

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Par ailleurs, la politique telle qu’elle est menée actuellement par le Chef de l’Etat, ne permet pas au «premier ministre» d’avoir les coudées franches pour mettre sa compétence au service de la nation. L’attribut de Premier ministre ‘’Kpayo’’ agité par les éditorialistes et les commentateurs de la presse locale lors de sa nomination semble se justifier à présent, puisque Yayi a décidé de le rendre aussi impopulaire pour étouffer toute tentative de ce dernier à vouloir prendre les rênes du pays après son dernier mandat constitutionnel.

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