Hommage à Jean Pliya

Cicéron fut un philosophe respectable et respecté de la Rome antique. Sa pensée reste, à bien des égards, d’une étonnante actualité. Voici ce qu’il dit, parlant du vieil âge (Citation) : « Les cheveux blancs et les rides ne confèrent pas à eux seuls une soudaine respectabilité. Celle-ci n’est jamais que la récompense d’un passé exemplaire » (Fin de citation)

C’est ce que nous avons trouvé de mieux pour commencer cet hommage au professeur Jean Pliya. Il a soufflé, en effet, le 21 juillet 2011, ses 80 bougies. Oui, professeur, nous savons compter jusqu’à 80. Sur les chemins de la vie, c’est par la borne repère portant ce chiffre que vous signalez votre entrée dans le cercle restreint des octogénaires d’ici et d’ailleurs. Nous savons compter au-delà de 80. Une manière de former, à votre endroit, des vœux de longévité.

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Vous ne le savez peut-être pas, c’est vous, par l’exemple de votre vie, qui nous donnez matière à répondre aux interrogations inquiètes d’une jeunesse béninoise, africaine déboussolée, au bord de la rupture. Cette jeunesse, en mal de repères et de références, accuse. Elle clame la trahison des aînés. Et vous, professeur Jean Pliya, vous êtes et vous restez un intellectuel fondamental de belle lignée que rien n’a pu corrompre. Ni les honneurs, ni l’argent, ni les petits pains sucrés et les bonbons des pouvoirs politiques qui passent et repassent.

Oui, nous le savons : une hirondelle ne fait pas le printemps. Restez cependant pour nous, le veilleur, le vigile à la proue du navire, cette lumière vive dans la nuit de nos doutes, cette oriflamme de vérité par-dessus la forêt des mensonges ambiants, cette source intarissable de spiritualité, dans un monde qui se déglingue sous l’assaut des contre-valeurs.

Nous parlions, il n’y a guère longtemps de « la pédagogie de l’action » et d’une « éthique de la vie ». C’était à vous que nous pensions. Parce que vous avez su dérouler, sous les regards admiratifs de vos contemporains, le tapis chatoyant d’une vie pleinement accomplie dans ses dimensions plurielles et fécondes. Vous avez planté partout des arbres de vie. Ils vous survivront. Ils témoigneront pour vous.

Enseignant, vous l’avez été, après avoir couronné votre cursus par un doctorat d’Etat en géographie. Et si l’Université est et reste ce haut lieu du savoir où souffle l’esprit, vos mérites ont fini par vous établir dans l’éminente fonction de recteur de ce qui fut alors l’Université nationale du Bénin. Vous êtes éducateur par vocation, éducateur par passion, éducateur en mission.

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Devons-nous parler de Jean Pliya l’écrivain ? Ce sont plusieurs générations de Béninois, voire d’Africains qui ont eu à s’abreuver, jusqu’à plus soif, à la source de vos nombreux ouvrages. Certains sont des classiques omniprésents au programme de nos écoles. Qui capitalisera ce que vous avez contribué à construire dans l’esprit et dans le cœur de milliers de vos semblables, d’ici ou d’ailleurs ? De la fiction à l’essai, en passant par le théâtre, vous avez marqué, de fort belle manière et d’une empreinte indélébile, la littérature béninoise, africaine d’expression française.

Laissons à d’autres le soin de parler de votre engagement au service de l’Eglise. Le berger du renouveau que vous êtes, avec une étonnante vitalité, parcoure les routes de l’Afrique et du monde. Et c’est en pèlerin du salut que vous semez, ici et là, la bonne nouvelle, telle l’eau salvatrice pour des terres assoiffées, des terres en attente de la vérité qui sauve.

Quoi dire de vos recherches en phytothérapie ? Nous n’y voyons pas seulement un défi identitaire. Dans le sens où vous nous engageriez à retrouver les voies d’une complicité oubliée avec la nature. Nous y voyons une invite à retourner à la nature, donc à Dieu. Celui-là que personne ne peut enfermer dans une formule chimique, mettre en équation dans aucune éprouvette, dans un quelconque laboratoire.

Une seule chronique ne peut suffire pour conter vos mérites, pour comptabiliser votre contribution aux grands enjeux de notre temps. Voilà qu’il se fait tard, qu’il continue de pleuvoir sur notre espérance d’un lendemain meilleur. Professeur Jean Pliya, vous n’avez pas le choix : restez avec nous, aussi longtemps que possible. Et que Dieu nous entende!

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