Le 3ème âge réhabilité et suggestion d’un fonds national de solidarité vieillesse

La structure gouvernementale d’un pays peut à elle seule préjuger de l’envergure et de la qualité de la gestion de ses ressources et partant peser sur son développement. Les paramètres qui composent le ministère de la famille de notre pays inspirent les réflexions suivantes.

Nous saluons l’avènement d’un ministère de la famille, de la solidarité, des Handicapés et des Personnes du troisième âge ; nous saluons notamment sa dernière composante. En effet c’est la toute première fois, ce nous semble, que l’on intègre les personnes âgées dans leur ensemble à l’intérieur d’une structure gouvernementale dans notre pays ; c’est dire que cette entité sociale n’avait pas d’existence intrinsèque aux yeux de l’Exécutif. En son temps c’est- à-dire au cours de la campagne électorale pour la présidence de la République, nous avons stigmatisé le fait que les candidats n’avaient d’yeux que pour la jeunesse comme si cette dernière émanait d’une génération spontanée ; comme si elle n’avait aucune attache avec la vieillesse et comme si les personnes du troisième âge n’étaient que des marginaux sans signification ni éducatrice ni même politique au sein de la société. Et pourtant ce sont est elles qui détiennent l’expérience pierre angulaire de tout développement dans tous ses aspects ; ce sont elles qui transmettent le savoir et le savoir-faire qu’elles ont acquis même si elles n’ont plus l’apanage du savoir. Ce sont elles qui éduquent. Le rôle et le devoir des personnes vieillissantes c’est de transmettre ce qu’elles ont appris de la vie encore faudrait-il que l’Etat mène une politique en ce sens et les installe dans ce rôle dans le pays qu’est le nôtre où la mentalité traditionnelle du béninois toujours jaloux de ses connaissances et réticents à les partager cherche à conserver son semblable dans l’ignorance pour maintenir sur lui l’ascendance facile du savoir. Au demeurant les personnes âgées demeurent des électeurs de toute évidence les plus stables, les plus réfléchis et les plus fiables. Et ce n’est pas parce qu’elles ne menacent pas de tout casser qu’il faut les négliger. De surcroît la constitution dispose en son article 26 que l’Etat doit veiller sur les personnes âgées. C’était donc une injustice à l’endroit de ces dernières qui vient d être réparée et c’est tout à l’actif du gouvernement.

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Il est vrai que nous avions un ministère de la Famille et de la Solidarité nationale responsable du programme du gouvernement intitulé « Politiques et stratégies nationales de protection sociale » (PSNPS) couvrant la période allant de 2004 à 2013 et des programmes non contributifs d’action sociale tels les secours et les services d’appui aux individus, ménages et communautés vulnérables. Nous aimons à penser que l’actuel ministère assurera pleinement ce rôle notamment à l’endroit des personnes du troisième âge et promouvra l’esprit de solidarité dans le pays. La solidarité est facteur central de gestion du développement social et la composante solidarité est si importante dans le financement du développement que certains pays prélèvent d’office un impôt de solidarité sur les fiches de paie des salariés. Le gouvernement français retient sur les salaires bruts un impôt de 5% pour « contribution de solidarité » ainsi qu’un « impôt de solidarité sur la fortune » frappant les personnes physiques dont le patrimoine excède un montant déterminé. En République de Côte d’Ivoire, la « contribution nationale de solidarité » représente 1% du salaire brut. Nous ne proposerons pas un tel système pour notre pays pour la raison qui va sans dire que la corbeille de la ménagère n’est plus en mesure de supporter quelque nouvelle taxe que ce soit tant la montée des prix a érodé le pouvoir d’achat du citoyen. Par ailleurs l’automaticité des prélèvements et leur incorporation d’office au Budget national en raison du principe de non affectation des ressources ne sied paradoxalement pas pour promouvoir ni l’esprit ni le sentiment de solidarité ; le citoyen ne sait pas ce qu’on fait de ce qu’on prélève sur son salaire au nom de la solidarité.

L’idée que nous défendons bec et ongles, si nous pouvons nous exprimer de cette manière, est celle de la création d’un Fonds National de Solidarité Vieillesse exposée dans ses grandes lignes dans les quotidiens au cours de la campagne électorale. Les préoccupations motivant et justifiant une telle institution sont fondées sur les constatations ainsi que définies : le défaut d’une pension vieillesse pour ceux qui, leur vie active durant, ont travaillé dans l’informel et n’ont pu cotiser aux fins d’une pension retraite, l’insuffisance de ladite pension pour les retraités de la Fonction publique et, le cas échéant, ceux du secteur privé formel. Partant du fait que l’Etat ne peut suppléer tout manque et que la vieillesse est le lot de tout un chacun, nous avons pensé qu’il convenait d’affronter cette situation de façon solidaire. Le Fonds National de Solidarité Vieillesse dont nous prônons la création sera alimenté non par le Budget National mais par une taxe de solidarité sur un produit de très grande consommation par tout un chacun et sur l’entièreté du territoire national. Cette taxe ne revêtira pas le caractère contraignant d’une taxe d’Etat ; elle devra être bien expliquée au consommateur en mettant en exergue le fait qu’elle sert directement l’intérêt particulier du citoyen en lui constituant une pension pour ses vieux jours. Pour ce faire elle sera soustraite du principe de non affectation des ressources ; elle servira à ce pour quoi elle a été spécifiquement collectée. Nous avons fait des suggestions précises quant à une gestion et un fonctionnement sérieux et sains de ce Fonds qui écartent tout risque de déficit ou de faillite comme condition préalable et sine qua non de sa création. .

Nous venons de nous faire le devoir de soumettre formellement notre proposition à la bienveillante attention des autorités du ministère de la Famille, de la Solidarité, des Handicapés et des Personnes du troisième âge. Nous nous sommes fait l’autre devoir d’approcher tout aussi formellement la direction d’une grande société de la place pour la sensibiliser, susciter son adhésion et solliciter son appui à l’idée en faisant valoir tout à la fois les bénéfices que son unité de production pourrait en tirer non seulement en termes de marketing mais aussi en ceux d’image de marque et de popularité. Nous pensons avoir ainsi pavé la voie à la réalisation de ce projet En tout état de cause il reviendra aux autorités politiques de saisir officiellement le cas échéant la société en question puisqu’elle sera le socle même de la réalisation de la proposition que nous défendons.

Nous avons tous le droit et le devoir d’orienter et de faire pression sur toutes instances pour nous assurer une meilleure qualité de vie. Nous en avons le droit citoyen et nous en en avons tout autant le devoir citoyen. Nous avons le devoir d’aider ceux à qui nous avons confié la lourde charge de nous gérer ; c’est une responsabilité morale citoyenne. Ce ne devrait pas être pur effet de style que de proclamer tambour battant que ce pays appartient à nous tous. Emettre et défendre des idées sérieuses est un devoir citoyen qui n’a jamais coûté bien cher à personne mais ce qui revient cher à la société c’est que l’Etat ne les prenne pas en considération quand elles le méritent.

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