L’école: questions en attente de réponses

Théoriquement, ils sont en vacances. Les maîtres, dans divers ordres d’enseignement, les autorités académiques, à divers titres, viennent de boucler une année scolaire. Les examens ont été organisés. Les copies ont été corrigées. Les résultats ont été proclamés et affichés. Ceux qui ont été à la peine, des mois durant, ont légitimement le droit de prétendre à un repos qu’ils n’auront, du reste, ni volé ni usurpé.

Mais peut-on se reposer avant d’avoir évalué l’année de travail qui s’achève, les divers examens qui l’ont sanctionnée ? Tant qu’il reste quelque chose à faire, on peut estimer que tout est encore à faire. Alors, maîtres et autorités académiques, vos compatriotes se posent des questions. Eclairez leurs lanternes.

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Nous venons d’enregistrer un score éloquent au Certificat d’études primaires (CEP), avec un taux national de réussite avoisinant les 83%. C’est à croire que les 7% qui n’ont pu échapper de la caverne ont des handicaps lourds. On peut supposer, au vu d’un tel résultat, que c’est la joie dans la quasi totalité des chaumières, sur toute l’étendue du territoire national.

Le bon peuple, qui n’a pas tort de chercher à connaître les origines ou les causes de son bonheur, s’interroge. Sont-ce, se demande-t-il, les nouveaux programmes d’enseignement, pourtant vivement critiqués et querellés, qui rendent leurs enfants aussi intelligents et qui les portent à enregistrer des résultats aussi élogieux ? S’il en est ainsi, pourquoi donc s’acharner à démolir des programmes qui gagnent et qui font gagner leurs enfants ? A moins qu’il y ait des mains anonymes ou invisibles qui ont la vertu magique de transformer de gros ignares en petits savants. Mais alors, pourquoi, à quelles fins, pour montrer et démontrer quoi, pour rendre service à qui ?

Par ailleurs, ceci expliquant cela, les statistiques scolaires disponibles nous renseignent sur un taux inquiétant de redoublement en classe de 6ème, Un taux qui passe de 10% à 40%. Cela veut dire que le gros de l’effectif de nos enfants qui étrennent fièrement leur premier diplôme scolaire, en l’occurrence, le CEP, n’ont pas le niveau requis pour aborder les études secondaires. C’est suffisamment inquiétant pour que maîtres, autorités académiques, parents d’élèves… perdent le sommeil.

On ne peut pas avoir été brillant au CM2, passé son CEP en fanfare et devenir subitement ignare en classe de 6ème. Y-a-t-il une cohérence, dans l’esprit d’une saine continuité, entre le cycle primaire que l’on boucle brillamment et le cycle secondaire que l’on entame laborieusement ? Qu’est-ce qui rend le petit béninois brillant en fin du cycle primaire, au vu des résultats affichés, et qu’il semble ne plus retrouver à l’entame du cycle secondaire ? S’il est vrai que l’on ne se baigne pas deux fois dans la même eau, qu’est-ce qui a pu changer dans le système de l’apprentissage au point de perturber aussi violemment la plupart de nos enfants ?

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Sur un autre plan, avec, cette année, un taux national d’admissibilité au BEPC de 45% contre 47,2% l’année dernière, on a été quasi unanime pour dire et soutenir que le niveau de nos élèves baisse. Au motif qu’ils ne savent plus bien parler français ; qu’ils ne peuvent rien écrire sans faire de grosses fautes d’orthographe ; qu’ils sont d’aptitude plutôt faible au calcul mental.

Si c’est de nouveaux programmes qu’il s’agit, pourquoi s’attarde-t-on à évaluer nos élèves sur des connaissances qui feraient d’eux des forts en thèmes ou des as de la langue de Molière ? Avec les nouveaux programmes, nous croyons savoir qu’il s’agit moins d’acquérir des connaissances que de construire des compétences. Face à tout risque de confusion, les maîtres et les autorités académiques, au cœur du système des nouveaux programmes d’enseignement, ne peuvent pas se taire. Ils doivent des explications au public. Celui-ci ne demande qu’à apprendre. Celui-ci ne demande qu’à comprendre.

Reste à savoir comment évaluer et apprécier un sujet qui est peut-être nul en français, mais pour qui, par exemple, l’ordinateur, tout comme le téléphone portable, en leurs différentes et complexes applications, n’ont plus de secrets. Maîtres et autorités académiques, répondez à nos préoccupations ou renoncez à vos vacances !

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