Nelson Mandela, l’exemple

Des vuvuzelas pour le dire : bon anniversaire à Nelson Mandela. L’illustre Sud-Africain a soufflé ses 93 bougies. C’était le 18 juillet, dans la ferveur de la nation arc-en-ciel reconnaissante. Car Nelson Mandela aura été le grand architecte de l’Afrique du Sud post apartheid. Il a redonné à ses frères et sœurs noirs l’identité qu’on leur avait volée. Il a offert aux Blancs une nationalité neuve et digne, car non usurpée.

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Nelson Mandela est entré ainsi de son vivant dans l’histoire, même s’il avait choisi, au terme d’un seul et unique mandat, de sortir du pouvoir d’Etat. Comme s’il voulait se placer au-dessus de la mêlée. Plutôt donner les premiers coups de pioche sur les chantiers de la nouvelle Afrique du Sud, pour en assurer la refondation, la reconstruction et le repositionnement sur l’échiquier du monde que de confisquer le pouvoir ou de s’y éterniser.

Nelson Mandela s’était consacré à la tâche la plus délicate, la plus symbolique : tourner la page de l’apartheid, cette détestable politique de développement séparé. Ceci sans esprit de revanche et de vengeance. Ce n’est pas parce que l’on a été la victime du racisme que l’on doit se faire, à son tour, raciste.

Voilà ce en quoi tiennent la sagesse et la grandeur de l’homme. Il est certainement l’enfant du pays qui l’a vu naître. Mais il n’appartient plus à son pays d’origine. Nelson Mandela appartient au patrimoine universel. C’est sans doute flatteur pour l’Afrique, pour les Africains que nous sommes. Mais cela ne va pas sans soulever quelques questions que nous devons avoir le courage de poser.

Première question : quel lien établir entre l’un des hommes les plus respectés de la terre, qui est Africain, et le continent le moins respecté de la terre, qui se trouve être l’Afrique ? Cela crève les yeux : au vu de l’évolution du monde, l’Afrique est loin d’avoir le beau rôle. Elle est dominée, exploitée, humiliée. Dans ces conditions, le fait que Nelson Mandela est Africain, pourrait se lire comme un accident, un caprice du destin. Il aurait été Européen, Américain ou Asiatique que personne ne trouverait à y redire. La leçon à tirer tient au fait que le destin d’un individu n’est jamais dans la droite et dans l’exacte continuité du destin collectif d’un peuple. La France, par exemple, a produit le grand et exceptionnel Charles De Gaulle. Cela ne peut rendre génétiquement grands et exceptionnels les 60 millions de Français.

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Deuxième question : comment expliquer que le bel exemple de sagesse, de grandeur, de tempérance par rapport au pouvoir de Nelson Mandela n’a pas fait des émules sur le continent, n’a pas inspiré ; n’a pas produit d’autres dirigeants africains tout aussi sages, tout aussi grands ? Le dirigeant chinois Mao Tsé Toung a écrit (Citation) : « Ceux qui dorment dans le même lit ne font pas forcément les mêmes rêves » (Fin de citation). Pour dire que l’appartenance au même continent ne suffit à rapprocher, à unir, à mouler dans la même vision, dans la même philosophie de vie, dans les mêmes valeurs tous ses enfants. Et ce n’est pas parce que l’on a eu à arpenter les allées du pouvoir qu’on est sage, qu’on a une vision longue, qu’on a le goût et l’amour de la grandeur. Il ne suffira donc pas de disserter sur le sage et le grand homme, il faut prendre le chemin de la sagesse et de la grandeur qu’il a montré. Voilà comment toute copie de Nelson Mandela pourra être la plus proche possible de l’original.

Troisième question : s’il en est ainsi, quel sort, quel avenir pour ce que Nelson Mandela nous lègue comme héritage ? Commençons par dire que Nelson Mandela, par son combat, a illustré des valeurs qui n’ont ni patrie ni couleur. Il s’agit des valeurs humaines. Comme telles, elles ignorent les frontières, parce qu’elles sont universelles. Comme telles, elles confondent les âges, parce qu’elles sont éternelles. Nelson Mandela est ainsi une étoile au firmament de nos doutes et de nos certitudes. Et les étoiles ne meurent pas. L’héritage de Nelson Mandela ne peut connaître un destin autre. Voilà qui nous invite à nous désaltérer jusqu’à plus soif à une source intarissable. Bon anniversaire, Madiba!

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