Téléphonie au Mali: la privatisation de la Sotelma en toute transparence

Mali – Dans un exercice inédit, le chef de l’Etat a expliqué point par point, l’usage qui sera fait de cette manne financière qui arrive bien à point nommé. Autant le processus de privatisation de la Société des télécommunications du Mali (Sotelma) a été un succès, autant la démarche initiée pour expliquer l’utilisation des fonds générés par cette opération a été exemplaire ;

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les plus autorités du pays ont tenu à expliquer à la population et aux partenaires techniques et financiers, l’usage qui sera fait de ces fonds qui ont suscité tant de convoitises et de spéculations dans un contexte, il vrai marqué par une conjoncture économique très défavorable.

Il faut certainement rappeler que la cession d’une partie des actions de l’Etat dans la société de l’opérateur historique de téléphone a rapporté un joli pactole : 180,3 milliards de Fcfa pour une cession de 49 % de la part de l’Etat dans la société. Ces 180,3 milliards de Fcfa représentent 4% du produit intérieur brut du pays.

Dès le début, les pouvoirs publics ont réfléchi à la manière dont cette manne devrait être judicieusement utilisée. En présidant vendredi une cérémonie au cours de laquelle les fonds générés par la privatisation partielle de la Sotelma seront utilisés, le chef de l’Etat a voulu envoyer un message fort de transparence. Aussi bien à l’endroit de nos compatriotes qu’en direction de nos partenaires au développement qui ont besoin de savoir ce que nous faisons de nos ressources.

Avant tout, la privatisation de la Sotelma vise à permettre au pays d’exploiter cette source de croissance que constitue le secteur des télécommunications et de favoriser l’accès de la population aux services de la téléphonie et des nouvelles technologies.

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DES RECETTES EXCEPTIONNNELLES.

La cérémonie originale que le président de la République, Amadou Toumani Touré, a présidée vendredi, s’est déroulée dans la salle des banquets du palais de Koulouba. C’était en présence de nombreuses personnalités : le Premier ministre, Modibo Sidibé, d’autres membres du gouvernement, les présidents des institutions de la République (dont le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré), des députés, des responsables de syndicats et des partenaires au développement, des représentants des opérateurs économiques qui sont l’un des grands bénéficiaires de l’opération.

Dans son intervention, le chef de l’État, Amadou Toumani Touré a précisé qu’il s’agit de recettes exceptionnelles. Car elles ne sont pas récurrentes. C’est pourquoi, elles doivent servir à soutenir les actions concourant à conforter notre stratégie de croissance économique. « C’est la finalité de notre vision traduite dans le Projet pour le développement économique et social dont l’ambition est de porter progressivement le Mali au rang des pays émergents », expliqué le président Touré.

Pour le chef de l’Etat, il s’agit en effet de transformer nos potentialités en véritables sources de croissance durable en investissant dans les infrastructures, les ressources humaines et en créant les conditions de développement du secteur privé. Et les partenaires techniques et financiers partagent et soutiennent cette vision. Ainsi que la démarche qui la sous-tend.

Il a rappelé que la situation économique internationale a été difficile ces deux dernières années avec différentes crises : flambée des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires, crise financière et économique mondiale. Evidemment, notre pays n’a pas été épargné par ces crises qui ont affecté les populations et le rythme de croissance du pays. Mais en dépit de cette conjoncture difficile, le pays, grâce à des politiques publiques judicieuses a mieux résisté à cette conjoncture défavorable et a même réalisé un taux de croissance de plus de 5% en 2008.

La réponse à ces crises a été la stratégie de croissance accélérée qui est l’instrument de mise en œuvre du PDES. Les pouvoirs publics sont donc dans une logique d’intensification des efforts en cours pour faire encore plus au bénéfice de la croissance économique et de l’emploi.

Pour le président Touré, avec ces ressources exceptionnelles, notre pays a l’opportunité mais aussi la volonté de marquer davantage le tournant pris pour plus de progrès économique et social, par une mise à niveau de nos entreprises et chefs d’entreprises pour que ceux-ci relèvent le défi de la compétitivité.

RESORPTION DE LA DETTE INTERIEURE.

Si l’Etat a cédé 51% des actions de la Sotelma, il reste entendu que les 49% demeurent la propriété du pays. Cette opération va contribuer à la réalisation de notre stratégie de développement. Mais plus qu’une simple stratégie, il s’agit d’une initiative vigoureuse devant permettre de contribuer à accélérer le rythme de croissance économique soutenue axé sur une stratégie de puissance agro-pastorale, de poursuivre le programme d’infrastructures économiques de base et le développement du secteur privé. Cela, afin de réduire de façon substantielle la pauvreté et créer des emplois. L’initiative permettra également de poursuivre l’assainissement des finances publiques à travers la résorption partielle de la dette intérieure pour soutenir davantage l’activité économique.

L’enjeu ici, étant d’appuyer les efforts faits pour ramener les instances de paiement à un niveau économiquement soutenable. L’État va donc accélérer le paiement de ce qu’il doit aux agents économiques pour améliorer notamment la trésorerie des entreprises et assainir le portefeuille des banques dans la perspective de la relance des investissements privés. À cet effet, 40 milliards de Fcfa seront dédiés à ces paiements dans les prochains jours, dont 24 milliards pour les opérateurs économiques et 16 milliards pour les banques.

Une partie des fonds vise à soutenir les réformes économiques et structurelles. Il s’agit du coût des dépenses de ces réformes dans lesquelles notre pays est engagé dans le cadre du programme et des accords avec les partenaires au développement.

La restructuration de la Banque de l’habitat du Mali qui entre dans ce cadre bénéficiera de 5 milliards de Fcfa pour ses besoins de trésorerie liés à la relance des activités de crédit, afin que cette banque puisse servir d’outil efficace pour la mise en œuvre de la politique de réalisation des logements sociaux, et en particulier et de la promotion de l’habitat en général.

Le dernier grand axe d’action est le financement des investissements publics. Il faut dire que le premier obstacle auquel se heurtent les investissements publics est le financement. L’État va donc consacrer d’importantes ressources au financement des travaux d’infrastructures et d’équipements dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, des transports, de l’accès à l’eau potable et à l’énergie.

Dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du Forum national sur l’éducation, d’importantes ressources seront investies dans le secteur de l’éducation sur la période 2009-2012.

Ces investissements se traduiront dès cette année par la connexion et l’interconnexion de l’Université de Bamako et des établissements d’enseignement supérieur à l’Internet haut débit. 7 milliards de Fcfa seront également affectés à la construction d’infrastructures universitaires à Bamako et à Ségou (ville où est en cours de réalisation la seconde université du pays) en termes de cités universitaires, d’amphithéâtres, de salles de classe et de laboratoires. Ensuite, 500 millions de Fcfa seront alloués pour la mise en place d’un fonds compétitif de la recherche scientifique. En outre, pour soutenir le programme de construction et d’équipement d’établissements, une somme de 5,4 milliards de Fcfa est destinée à la réalisation de 4 lycées d’enseignement général, 2 lycées techniques dans les régions et 1 institut de formation professionnelle à vocation industrielle.

Le souci du gouvernement étant d’offrir aux jeunes une formation technique et professionnelle susceptibles de faciliter leur insertion dans la vie active, 1,5 milliard de Fcfa sera mis à la disposition de l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (Apej) pour renforcer ses capacités d’intervention.

En matière de santé, 2 milliards de Fcfa seront consacrés à couvrir les gaps de financement de la construction des hôpitaux régionaux de Sikasso et de Mopti. L’autre chantier prioritaire en matière d’action sociale est l’assurance maladie obligatoire pour la mise en œuvre de laquelle 953 millions de Fcfa seront affectés en 2010. Au total, l’État va consacrer 17,5 milliards de Fcfa à la jeunesse et aux secteurs sociaux.

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