Bénin: à l’école du dialogue

Dialogue. Comme si les Béninois découvraient, soudain, le mot en ses vertus cardinales. Ne lui doivent-ils pas le dénouement heureux du récent bras de fer entre le gouvernement et les syndicats ? Pour avoir su actionner les manettes du dialogue, les protagonistes de la crise ont évité de précipiter l’administration publique dans les abimes de l’enfer. Pour avoir compris l’inanité de continuer de se regarder en chiens de faïence, la bave du défi aux commissures des lèvres, les protagonistes de la crise, se sont fait violence pour faire triompher le dialogue.

Nous avons la faiblesse de croire que le miracle ainsi opéré par le dialogue, peut se répéter et se reproduire autant de fois souhaitées, sur d’autres fronts, avec d’autres acteurs. Pour peu que l’esprit qui y a présidé demeure. En fait, c’est abusif de parler de miracle. Il y a simplement lieu de prendre en compte une loi. Celle selon laquelle les mêmes causes, dans les mêmes conditions, produisent les mêmes effets.

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Le dialogue aurait pu sauver le football national, en lui évitant d’aller s’échouer dans les profondeurs malodorantes où il git actuellement. Au grand dam des milliers de fans et de supporters brutalement sevrés, alors que se développe et que prospère le football des autres.

Au moment où tout se délitait et se déglinguait sur le front de notre football, que les esprits s’échauffaient, que les principaux acteurs de la crise s’étripaient comme des chiffonniers, le dialogue était notre seul atout, notre meilleur rempart contre les périls qui pointaient.

Certes, les principaux acteurs parlaient beaucoup. Mais ils refusaient obstinément de se parler, de s’écouter, voire de se respecter. Le dialogue n’est pas à l’image de plusieurs cours d’eau, évoluant en parallèle, sans se rencontrer. Le dialogue est plutôt à l’image de cours d’eau qui finissent par se croiser et par confondre leurs eaux. Ils peuvent alors prendre, ensemble, un nouveau départ vers l’embouchure. Dans le cas de notre football, rien n’est encore trop tard. Les hommes s’épuisent. Le dialogue ne s’émousse jamais.

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Sur un autre plan, c’est une véritable tempête qui s’est levée sur notre pays depuis la mise en œuvre du programme de vérification des importations (PVI). Tout le monde parle et veut se faire entendre. C’est une cacophonie monstre qui tient lieu, hélas, de débat. Qu’une telle réforme ne fasse pas l’unanimité, quoi de plus normal. Les intérêts en présence sont nombreux et divers. Ne nous hasardons surtout pas à jeter un voile uniformément simplificateur et menteur sur une situation plutôt fort complexe.

Le morceau semble gros à avaler pour nombre de douaniers. Comprenons qu’ils soient surpris par une réforme qui les prend de court et marche sur leurs platebandes. Les opérateurs économiques, dans leur immense majorité, craignent qu’au nom de la vérité des prix, ils ne soient asphyxiés, à terme, par des surcoûts insupportables. Les transitaires expriment la crainte d’avoir à partager le malheur des opérateurs économiques, la courbe de leurs activités suivant celle de ces derniers. Quant au consommateur lambda, au bout de la chaîne, a-t-il tort de refuser d’être le dindon de la farce, avec un renchérissement inattendu et insoutenable des denrées de première nécessité ? Accordons-lui au moins le droit de comprendre.

Au point où nous sommes sur ce dossier, c’est éloigner toute perspective de dialogue entre toutes les parties concernées si, au lieu d’un échange serein et responsable, on tenait l’injure, l’invective et l’anathème pour des arguments. Ce n’est pas, ce nous semble, une guerre engagée entre des réformateurs patriotes et des maffieux apatrides, adeptes de l’immobilisme. Le vrai problème, c’est comment gérer au mieux une crise qui pointe à la suite d’une réforme engagée aux pas de course, sans une action de communication qui prépare les uns et les autres à entrer dans la modernité, à entrer dans une nouvelle ère ? Il urge donc, au-delà de la polémique actuelle, de mettre en place un cadre d’échange et de dialogue entre toutes les parties concernées. Car, on ne peut pas vouloir faire du bien au Bénin et passer à côté de ce qui est bien pour les Béninois.

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