Le premier mandat de Boni Yayi n’était pas moins difficile. Le second qui vient à peine de commencer se révèle déjà pire. Après les grands mouvements de grève observés ces dernières semaines, le peuple béninois connaît depuis peu une autre misère : l’atroce cherté des prix des produits de première nécessité.
Et de deux. Le premier mandat n’était des plus meilleurs. Les problèmes accumulés étaient bien nombreux. Les scandales et autres crimes notés ont été vécus dans une amertume générale. Même si des prouesses remarquables ont été enregistrées, les cinq premières années du règne Yayi n’ont pas tant étanché la soif des béninois. Œuvre de destin ou des hommes ? L’homme sera tout de même réélu pour un second mandat. Avec une victoire inédite : K-O dès le premier tour. Et comme pour renaître de nouveau avec tout le peuple, il évoqua, la «Refondation». Nouveau concept qui remplace le «Changement» d’alors. De grandes réformes sont annoncées cette fois-ci. Des réformes dites profondes à opérer dans tous les secteurs. Le génie de nos races. L’histoire suit son concours.
A peine entamé, le second mandat dévoile déjà sa poterie de «souffrances» réservées aux béninois. Les premiers grands mouvements de protestation observés sont ces grèves récentes et interminables dans l’administration publique. Pour avoir favorisé certains agents et laissé en rade d’autres, le gouvernement a mis le feu à la poudre. Plus d’un mois de paralysie du service public, à l’indignation générale des usagers. Et pout arrêter ce feu, il a fallu revenir à la case du départ. Servir le même menu à tous les agents de l’administration publique, même si le partage se fera différemment. A peine, sortait-on de cette histoire, qu’une autre emballe le pays. Une grosse histoire. Le Bénin est à nouveau en feu. Ça brule dans les cœurs. Le moral des béninois est à ras le sol. Ils sont inconsolables devant les prix excessifs qui donnent désormais accès aux produits de première nécessité. Le kilo du riz, le paquet de spaghetti, l’huile de cuisson, les fruits…..se vendent depuis peu à prix d’or. Les prix d’avant ont doublé, voire quintuplé à certains endroits. Les gémissements des uns et les lamentations des autres s’enflent davantage. La nouvelle misère viendrait d’ailleurs. Pour avoir concédé la gestion du système de contrôle des marchandises qui entrent et sortent du pays à une société privée de la place, dont le patron serait un proche du pouvoir, Boni Yayi ignorait sans doute, que cette dernière allait pratiquer des tarifs de transit hors-normes, et antisociaux. Le résultat est là aujourd’hui avec ces prix qui révoltent tout le monde.
Si Yayi pouvait…
Beaucoup d’observateurs s’échinent à comprendre le pourquoi tout cela arrive au temps de Boni Yayi. N’était-il pas ce «messie » annoncé à l’orée de 2006 ? Au regard de la cacophonie dans laquelle baigne son règne depuis lors, la réponse pourrait y trouver toute sa substance nutritive. Voilà un président qui veut tout faire à la fois. Résoudre tous les problèmes en un temps record. Un Chef de l’Etat qui parcourt inlassablement son pays, sans arriver à régler les problèmes qui se posent réellement. Il avait tout promis pour relancer la seule filière pourvoyeuse de devises importantes à l’économie nationale. Mais le coton béninois est resté malade. Très malade même. Les quantités produites actuellement font grincer les dents. A peine 150.000 de tonnes l’an, contre la volonté de Boni Yayi d’aller, à l’époque, au-delà des 500.000 tonnes. Les milliards qu’il a mobilisés en son temps pour réaliser ce rêve n’y ont rien pu.
Les autres initiatives prises pêle-mêle, pour relancer les filières parallèles ou encore pour booster d’autres produits made in Bénin ont toutes échoué. S’il est vrai, que les micro-crédits aux plus pauvres, ont apporté un peu de soulagement dans le pays, ils sont encore bien loin de satisfaire aux attentes des Béninois. L’affaire des sociétés illégales de placement d’argent, les ont d’ailleurs sévèrement perturbés, au point qu’aujourd’hui, l’engouement des femmes bénéficiaires autour de ce programme se fait de moins en moins remarquable. En les rencontrant samedi dernier au stade de l’amitié de Kouhounou pour leur annoncer d’autres perspectives, Boni Yayi semble convaincu que l’état des lieux ne fait plus sourire grand monde. L’homme est visiblement peiné de ne plus pouvoir faire plus d’autant que les ressources qui alimentent ce programme se raréfient déjà. Avec une masse salariale de l’Etat qui s’accroît au fil du temps, en contrario avec les normes de l’Uemoa et les réalités de la caisse nationale, le Chef de l’Etat a aujourd’hui, plus qu’hier, du pain sur la planche. Et Dieu seul sait comment il s’en sortira.
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