Femmes ministres, en concours de beauté ou jouisseuses invétérées ?

Cinquante et un ans après son accession à « l’indépendance », il est manifeste et c’est un doux euphémisme, que notre pays n’a pas encore pris siège dans le métro ou le train du développement. A la vérité, nous avons encore notre pain, un gros morceau d’ailleurs, sous la table. Je dis bien sous la table d’où il va falloir le sortir pour ensuite le poser sur la table avant de commencer à le grignoter. Et ce n’est pas un mince défi que de passer aux choses sérieuses. Pendant ce temps, nous avons encore, cinquante et un ans après l’indépendance et malgré l’immensité de la tâche, des ministres et, les autorités en général, qui sont dans la jouissance. Dans cette chronique, je veux m’attarder sur le cas des femmes ministres qui, visiblement, sont aux anges de se retrouver en pareille position et ne boudent pas leur plaisir.

Sous le général Kérékou, on a bien connu des femmes ministres ou conseillères exhibitionnistes qui ne manquaient aucune occasion d’exposer les ors que leur procurait leur lucrative position. Il y en avait même une qui était un véritable moulin à chewing-gum ! Vous avez deviné ? Je ne vais pas la nommer afin de ne pas être accusé de condescendance, mais je n’ignore pas que le présent commentaire pourrait me valoir le même procès. Et pourtant, Dieu sait que je les aime, nos femmes et que je ne leur souhaite que de réussir. Pour en revenir aux actuelles femmes en vue, remarquez comment de plus en plus, leur apparence, du moins pour certaines, convole en justes noces avec l’extravagance : boucles d’oreilles dodues, géantes et sans doute lourdes du poids de l’or qu’elles concentrent, colliers tout aussi impressionnants et bagues étranglant les dix doigts -j’exagère à peine- achevant l’œuvre. Je tairais volontiers les gigantesques lunettes et les ceintures à grosses boucles qui, tout en faisant apparaître leurs porteuses comme étant à page, ne les fait affichent pas moins comme des curiosités.

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Quand il en va ainsi, cela trahit souvent la conception jouissive que l’on se fait du pouvoir et de ses arcanes. Je ne suis pas sûr que les femmes de nos marchés, de nos villes et campagnes, dont de nombreuses que je croise sur les pistes et sentiers de nos villages, tirant des vélos de fortune superbement chargés, ou transportant sur leurs têtes des charges qui, si elles avaient été le fait direct d’autrui, seraient perçues comme une manifestation éclatante de l’exploitation de l’homme par l’homme, ou de violences faites aux femmes, se retrouvent à travers ce genre de responsables féminines. Les femmes de nos administrations ne se sentent certainement pas plus représentées ainsi. Cela dit, sans prendre le risque de les nommer afin de ne pas subir un procès d’intention, je manquerais d’honnêteté en passant sous silence absolu, les cas de ces autres femmes non moins responsables mais à la simplicité envoûtante. Se soulageant du poids encombrant des artifices de beauté sinon d’exhibition, habillées sobrement mais bien, mettant littéralement en quarantaine les joailleries, elles ne font pas moins ministres ou autorités. Bien au contraire ! Peut-être ont-elles plus de charges que les autres qui réalisent tellement d’économies qu’elles peuvent consacrer aux hobbies coûteux, si ce n’est qu’elles sont trop bien payées et investissent le surplus dans les excentricités.

Si elles-mêmes ne sont pas gênées, si leur patron n’est pas gêné non plus, les populations s’interrogent de plus en plus sur les motivations de ces ministres visiblement aux anges de nous servir avant de se servir.

Jouissance, jouissance, quand tu nous tiens ! Mais il faut le dire aussi, il faut s’entretenir, se faire valoir, se vendre pour captiver l’attention et s’imposer parce que la concurrence est rude, très rude. Sans doute…

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