Fin d’une grève, début d’une nouvelle ère

Enfin, le bout du tunnel. La paralysie de l’administration publique pour fait de grève, c’est désormais du passé. Le bras de fer gouvernement/ syndicats aura duré quelques semaines. Dans l’angoisse et l’anxiété de tous ceux y voyaient un conflit à fort potentiel de risques. Le gouvernement et les responsables des centrales et confédérations syndicales ont procédé, le 5 août 2011, à la signature de l’accord qui octroie aux travailleurs les 25% d’augmentation exigés. En contrepartie de quoi, les travailleurs s’interdisent toute grève, dans les quatre prochaines années, pour une augmentation de salaires.

Un proverbe amharique nous enseigne cette vérité (Citation) : « Mieux vaut un raccommodage qu’un trou » (Fin de citation). Pour dire qu’il vaut mieux arrêter les dégâts, pendant qu’il en est encore temps, plutôt que de se laisser prendre dans la spirale d’une logique suicidaire. Jeu dangereux s’il en est. Tout le monde y joue perdant.

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Mais quid de l’avenir ? Un retour en zone est nécessaire. On gagne toujours à revisiter les difficultés passées pour ne pas avoir à les revivre. Qu’avons-nous donc appris de la crise sociale que nous venons de connaître ? Que devons-nous retenir de ces journées chaudes qui ont donné des sueurs froides à la République ?

C’est d’abord qu’une crise, quelle qu’elle soit, se gère méthodiquement. D’énormes progrès ont été faits dans le domaine de la gestion des crises. Des outils appropriés existent à cet effet. Il faut se les approprier. Il faut les utiliser à bon escient. De ce point de vue, le Chef de l’Etat, tout au début de la crise, aurait dû adopter une posture de retrait. Ce qui l’aurait conforté dans son rôle de recours, de dernier rempart contre d’éventuels débordements. Ce n’est pas par hasard qu’il a créé un poste de Premier ministre, prescrivant à celui-ci de conduire le dialogue social.

C’est ensuite qu’il n’est pas de bonne manœuvre de sortir les négociations de leur axe, en abandonnant le terrain sain des arguments, dossiers contre dossiers, pour celui plutôt problématique des menaces, voire des intimidations. Etait-t- il de bonne stratégie de vouloir faire relever les travailleurs en grève par des jeunes en formation dans l’Armée ? Etait-il de bon argument de « militariser » le débat, si l’on osait dire, un peu comme si l’on faisait un appel du pied aux forces de sécurité à prendre leur part dans la résolution de la crise ? Allait-on dans la bonne direction en agitant la menace d’une défalcation des jours de grève sur les salaires ?

C’est enfin que c’est la négociation qui a fini par triompher. Ce qui montre et démontre que le dialogue social n’est pas une vaine expression. Alors question. Le dialogue social est-il seulement utile en période chaude et névralgique des grèves ou doit-il être retenu comme une donnée pérenne, permanente qui accompagne les différents acteurs sociaux ? Pour rendre durable l’accord gouvernement/syndicats, il faut actionner les trois leviers que voici.

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Il faut, d’abord, instaurer, sans délai, un cadre permanent de concertation gouvernement / syndicats. Les acteurs doivent se parler sans discontinuer. Il ne faut pas attendre les grèves avant que les parties n’éprouvent la nécessité de prendre langue. On gagnerait à se parler, plutôt que de se laisser dissoudre dans des confrontations aussi vaines qu’inutiles.

Il faut, ensuite, faire des syndicats des partenaires du gouvernement en gouvernance. La gestion du pays relève d’une responsabilité commune et partagée. Ensemble, c’est toujours mieux. Si chacun connaissait le fond de la marmite, sans doute que cela modérerait les appétits de tous.

Il faut, enfin, faire prévaloir la communication, comme un principe de modernité. Elle doit accompagner tout ce qui se dit, s’échange et se décide. La gestion des affaires du pays ne s’apparente point à la gestion des affaires d’un couvent. Le dialogue gouvernement/syndicats n’est pas un conclave entre initiés qui poursuivent, en secret, leur messe basse. La grève est un acte public. Elle convoque les protagonistes devant le grand jury constitué par les populations. Quand c’est clair pour chacun, c’est qu’il est sûr pour tous qu’il n’y aura pas de pêche en eaux troubles.

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