Le conte pour conter le Bénin nouveau

Le partenariat public/privé trouve déjà à se concrétiser sur le terrain économique. Il faut prendre garde de l’y enfermer. Il urge, selon nous, d’ouvrir à ce partenariat un autre champ d’expression et de réalisation. Nous donnerions au partenariat public/privé un souffle nouveau si nous l’expérimentions sur le terrain culturel. Le conte, porté jusqu’ici à bout de bras par des initiatives privées, pourrait bien s’ouvrir comme le champ novateur de cette expérience. Pourquoi ?

Le conte, ici, chez nous, au Bénin, s’extrait progressivement du trou de l’oubli dans lequel l’a plongé le colonisateur français. La vision de l’école, la nature et l’orientation des intérêts de celui-ci, le conduisait à laisser nos contes à la porte de son école, loin des salles de classe. Nos contes n’étaient-ils pas constitutifs de notre patrimoine qu’il s’acharnait à nier, l’expression de nos cultures qu’il s’appliquait à discréditer et à disqualifier ?

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Mais tout commence à changer. Nous avons compris qu’il y a crime à pactiser avec le colonisateur et à comploter contre nous-mêmes. Nous avons compris qu’il y a trahison à tourner le dos à nos cultures, à renoncer à un héritage de valeurs, à nous priver d’un potentiel éducatif condensé dans nos contes.

CAPP FM, votre radio, a inscrit dans sa grille de programme, depuis près de dix ans, une émission de conte « Tan Hoho, Ho yoyo ». Cette émission, par son succès, a suscité la création d’un fan club, œuvre d’auditeurs intéressés et enthousiastes, devenus depuis les principaux animateurs de l’émission. Tan Hoho, Ho yoyo », c’est tous les dimanches, de 21 h à 22 h 30, sur CAPP FM.

Nous suivons, en outre, avec un intérêt renouvelé, la passionnante expérience de la Nuit des Contes. C’est une initiative de l’Association Mémoires d’Afrique dont le fondateur est le père catholique Israël Mensah. Viennent à peine d’être éteints les lampions de la 6ème édition. Une quinzaine de communes de notre pays y ont pris part, ayant vibré et communié à la magie de nos contes.

Enfin, Mme Adjahi, dont les recherches sur le conte font autorité, organise, chaque année, un festival itinérant de conte à travers tout le Bénin. Mme Adjahi porte l’ardente et belle ambition de voir l’Afrique se réapproprier un bien propre. A réinvestir, comme un bel outil, dans ses stratégies d’animation, de communication, d’éducation.

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Comment formaliser le partenariat public/privé autour du conte ? Conseillons que ce partenariat, au stade actuel, ne s’embarrasse pas de trop de modalités, ne s’encombre pas de trop de formalités. L’Etat a juste besoin de relayer intelligemment toutes les initiatives privées de promotion du conte par des initiatives de portée symbolique. Quelques signaux forts suffiraient à changer le rapport de l’immense majorité des Béninois au conte et à replacer celui-ci à la place qui n’aurait dû jamais cesser d’être la sienne dans nos systèmes éducatifs.

Imaginons un instant que, pour la 7ème édition de la Nuit du Conte, l’année prochaine, la Présidence de la République et l’Assemblée nationale offrent, pour accueillir l’événement, leurs esplanades respectives. Avec une implication conséquente des responsables de ces deux institutions.

Imaginons un instant que le Ministère de la Culture prenne, dès demain, l’initiative de créer un prix national de promotion du conte dans tous nos terroirs, de distinction et de récompense des meilleurs conteurs dans toutes nos communautés culturelles vivantes.

Imaginons un instant une initiative de portée nationale qui tendrait à introduire le conte dans nos écoles, à l’inscrire, comme tel, à nos programmes d’enseignement et d’éducation. Nous reprocherait-on de trop rêver ? Les rêves sont réalisables. Telles est notre conviction. Il suffit d’y croire. Albert Einstein nous assure qu’un problème sans solution est un problème mal posé. Remettons donc à l’endroit la question du conte. Et le reste nous sera donné de surcroît.

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