Réélu par un K.o inouï à l’issue d’un processus électoral à polémique, le président Boni Yayi a entamé depuis avril son deuxième et dernier quinquennat à la tête du Bénin. Mais ce mandat sera-t-il vraiment le dernier? Cette question mérite d’être posée au regard des velléités actuelles et des manœuvres subreptices mijotées dans le sérail présidentiel.
Le vendredi 12 août, alors qu’il présentait le rapport de sa sinécure de médiateur au président Boni Yayi, le professeur Albert Tévoédjrè a annoncé une idée-force. Agitateur d’idées, très prolixe, malgré son grand âge, il a proposé une révision de l’article 42 de la Constitution pour ramener le mandat présidentiel à sept ans mais en mandat unique. Si cette proposition n’est pas originale, puisque ayant été proposée, pour la première fois par le professeur Roger Gbégnonvi, bien avant l’élection de mars 2011, elle a le privilège d’être agitée officiellement à la Marina, devant les responsables d’institutions républicaines et des chancelleries, par un prophète.
En effet, depuis 2006, Albert Tévoédjrè apparaît de plus en plus comme le devin national. C’est lui qui, le premier, annonce la crise politique qui a pris corps en 2007, quelques mois après la victoire de son candidat. C’est aussi lui qui, dans la foulée des contestations pré-électorales prédit la victoire de Boni Yayi, à quelques acteurs de la société civile. C’est surtout lui qui parle de l’avènement d’un poste de premier ministre qui sera nommé après la victoire pour «encadrer le Président» et l’empêcher de multiplier les erreurs. Officiellement, Boni Yayi va confirmer cette nouvelle le 06 avril, lors de sa cérémonie d’investiture, à Porto-Novo. Tout ceci prouve bien que le renard de Djrègbé est dans le secret des dieux, s’il n’est pas le dieu lui-même qui prend les décisions. Mise donc dans ce contexte, cette proposition du professeur donne à réfléchir. En vérité, Tévoédjrè n’est que «l’oiseau de bon augure» utilisé pour lancer des ballons d’essai. Connaissant son estime et son aura international, il est toujours bon que ce soit lui qui annonce ces genres d’idée et permettre de fédérer tous leurs soutiens. Sinon, avant que Tévoédjrè ne lance cela, les manœuvres subreptices étaient déjà en cours. Tout un plan a été concocté pour cela. Le premier épisode consiste à affaiblir l’opposition et à rallier la majorité des députés à la cause du pouvoir. C’est ce qui se fait actuellement. Et selon les estimations, le chef de l’Etat est proche du quota des 4/5 exigés pour réviser la Constitution, sans passer par le référendum. Ensuite, on peut endormir l’armée et c’est ce qui explique les honneurs et privilèges accordés aujourd’hui aux responsables de l’armée. La Constitution révisée, le gouvernement va mettre en branle sa machine de communication pour faire croire à l’opinion que le Bénin est une nouvelle République; les compteurs seraient mis à zéro pour tout le monde. Ainsi, Boni Yayi, toujours en place briguerait la magistrature suprême pour sept ans cette fois-ci. En attendant 2016… ça continue de réfléchir à la Marina sur les meilleurs moyens de faire passer en force le plan secret du «brain trust» autour de Boni Yayi.
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