Affaire Pvi-Nouvelle génération: les acteurs se tiraillent, le peuple subit

Les Programmes de vérification des importations (Pvi)-nouvelle génération défraie toujours la chronique. Chacune des parties engagées tire le drap de son coté et c’est le peuple qui en fait les frais. Le gouvernement de la Refondation et les acteurs du Port autonome de Cotonou (Pac) opposés à la méthode de la mise en exécution du Pvi prennent, sans doute, les populations du Bénin pour des moutons de panurge.

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Pour une réforme dite entièrement favorable à l’économie béninoise, le gouvernement et les acteurs portuaires se tiraillent pour offrir au peuple une flambée des prix des denrées de première nécessité sur les marchés. En passant au crible les raisons d’une telle situation, l’on se rend compte que chacune des parties a une lourde part de responsabilité dans la tournure que prennent les choses. Ce qui est certain dans l’histoire, c’est que toutes les parties s’accordent sur le bien-fondé des Pvi-nouvelle génération. Mais le gouvernement est à blâmer pour sa maladresse et les transitaires pour leur esprit de conservatisme trop poussé, à cette ère des reformes au Bénin. Mais ce que certains opérateurs portuaires dénoncent, c’est la manière dont la transition est faite de l’ancien système vers le nouveau. Ils établissent un lien entre les Pvi et l’augmentation des prix. Pourtant, on apprend que la valeur tarifaire reste inchangée malgré la mise en œuvre des Pvi-nouvelle génération. C’est, dit-on, une question de passage des valeurs consensuelles aux valeurs transactionnelles: il s’agit de la réalité des prix pour faire disparaitre les faux frais. Dans le même temps, la hausse subie des prix est une réalité sur les marchés. Mais si le gouvernement et les acteurs portuaires sont unanimes sur le bien-fondé et la nécessité des Pvi pendant que les valeurs tarifaires restent inchangées, à quel niveau se situe alors le problème?

Hypothèses

La première réponse est que l’application des valeurs transactionnelles, quoique faisant disparaitre les faux frais, occasionne un surcoût sur les opérations portuaires. Ce qui se répercute sur le panier de la ménagère. Selon les explications des transitaires, les valeurs consensuelles sont fixées sur certains produits afin d’amortir le choc financier pour que le prix de la marchandise puisse équivaloir au pouvoir d’achat du dernier consommateur. La deuxième réponse est que l’application des valeurs transactionnelles produit un impact significatif sur les affaires des transitaires, consignataires, commissionnaires agréés et autres opérateurs intermédiaires du secteur portuaire. La disparition des faux frais, l’informatisation des opérations et le suivi des produits peut avoir comme conséquence la réduction du bénéfice réalisé par ces différents acteurs. Il faut alors créer la spéculation puis crier danger.

Les Pvi ou le peuple?

Les populations sont les victimes dans cette histoire de Pvi-nouvelle génération en expérimentation. L’évidence est que les prix de certaines denrées ont presque doublé. Certains milieux attribuent la chose au mois du Ramadan. Mais vu le pourcentage auquel les prix ont augmenté, on se demande si cela peut paraitre raisonnable d’imputer le fait au seul mois de Ramadan. L’éventualité d’un lien entre le Pvi et les nouveaux prix auxquels sont confrontés les ménages n’est pas exclue. Pour se dédouaner, le pouvoir annonce l’existence de commissions pour évaluer et corriger la reforme au fur et à mesure. Cela n’est pas à condamner. Mais le péché de Boni Yayi et les siens demeure. Pour une réforme de cette envergure dans un secteur aussi stratégique que celui du port dans un pays comme le Bénin, il aurait fallu anticiper tous les soubresauts que cela crée aujourd’hui non seulement sur les activités des acteurs de la plate-forme portuaire mais aussi sur le panier de la ménagère. Et comme il a été de coutume sous le changement, l’action a encore précédé la réflexion. Que les Pvi-nouvelle génération rendent le Pac plus compétitif, c’est une bonne chose. Qu’ils permettent au gouvernement d’améliorer les recettes fiscales portuaires, c’est génial. Mais qu’ils compliquent le quotidien du béninois lambda, c’est déplorable. et se comprend moins Pour que les populations béninoises ne fassent pas, pour longtemps les frais de ce tiraillement entre les pros et les anti Pvi-nouvelle génération, Boni Yayi est contraint choisir le juste milieu entre le désir d’augmenter les recettes portuaires et celui d’améliorer le vécu quotidien du béninois.

La communication étouffe le dossier

Contestée par les transitaires mandataires, enleveurs et autres acteurs du secteur de la plate forme portuaire, le Programme de vérification des importations(Pvi) est dans la tourmente. Pour sauver les meubles, c’est la presse qui est mise à contribution pour défendre un projet qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

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Le programme de vérification des importations est devenu le dossier phare des journaux. Depuis quelques jours déjà, certains journaux ne servent que ça. Comme une épizootie médiatique, le Pvi gagne les manchettes de la majorité des journaux et devient le seul sujet d’attraction des émissions et des commentaires à la télévision. Très peu de place sont accordées aux autres sujets de l’actualité nationale. Chose curieuse, de tous les écrits qu’on nous donne à délecter, il n’y a pas un seul qui montre le côté négatif de la chose. Dans tous les journaux, c’est les mêmes idées, les mêmes articles presque. Tout est dit pour montrer le bon côté du programme. Ceux qui contestent sont stigmatisés comme les ennemis du progrès. Tous ces journaux ferment les yeux sur l’augmentation des prix des denrées de première nécessité. Cette unanimité médiatique n’a qu’un seul nom : la communication. Selon des indiscrétions, des millions seraient mobilisés pour « acheter » le silence de la presse. La méthode est connue et a encore fait ses preuves tout récemment lors de l’affaire Icc-services qu’on a longtemps cachée au public avant qu’il n’explose de lui-même. S’il y a autant de communication, c’est qu’il y a une volonté manifeste de créer la confusion. La presse qui devrait informer est utilisée pour servir la cause d’un opérateur économique, d’un gouvernement contre celle du peuple. « La vérité finira par triompher », déclare un transitaire très révolté. Une question d’éthique. A cause de l’argent, doit-on sacrifier l’information au profit de la communication. Hervé Besancenot a qualifié tout récemment notre presse comme une presse alimentaire. Nous en avons de plus en plus la certitude. Et craignons qu’un projet de révision de constitution taillée sur mesure peut passer ici comme une lettre à la poste. Seulement, dans cette valse de mercantilisme, il y a quelques rares journaux qui font l’exception. Entre le peuple qui a payé le prix fort avec l’augmentation des denrées de première nécessité et ceux qui défendent les oligarques, La Nouvelle Tribune a fait son choix.

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