Mouvance présidentielle : guéguerre entre deux fils de Kérékou

La fratrie du président Kérékou est une véritable mosaïque. On y compte fonctionnaires, opérateurs économiques, consultants, hommes politiques, officiers de l’armée et de la gendarmerie et même étudiants. Il y a, parmi eux, des frères ennemis qui entretiennent des rivalités mais font tout pour camoufler leurs mésententes.

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Le général Mathieu Kérékou est, sans nul doute, l’homme politique le plus insondable du pays. Même si certains l’estampillent comme un soutien du président Boni Yayi, il est difficile de le situer politiquement à cause de son mutisme légendaire. Sa fratrie non plus ne permet pas de le situer. On y trouve aussi bien des supporters de la majorité présidentielle que des opposants. Et deux d’entre eux s’illustrent ces derniers jours. Il s’agit de Moïse et de Modeste. Tous deux soutiennent le président Boni Yayi mais depuis quelques mois c’est la lune de fiel eux. En effet, c’est la nomination de Moïse Kérékou au sein de l’Autorité transitoire des postes et télécommunications qui serait à la base de cette mésentente. Il se susurre dans l’entourage de la famille que ce poste a été promis à son frère aîné Modeste qui l’a rejeté après son éviction du gouvernement alors qu’il a « fait l’exploit » d’avoir été le premier à proclamer le K.-O. du président Yayi. Lui proposer un tel poste après l’avoir fait sortir du gouvernement est un affront. Il a été, raconte la même source, surpris de voir son frère Moïse accepter ce poste. Depuis, les deux se fuient comme chien et chat. Mais la pomme de discorde remonte à quelques mois. Bien avant l’entrée de Modeste au gouvernement, Moïse était un acteur de la mouvance présidentielle et travaillait dans le septentrion avec le Mouvement pour la relève (Mpr).Un autre frère raconte que c’est Modeste qui a trahi Moise et tous ses autres frères puisqu’il ne soutenait pas les actions du président Boni Yayi. Membre influent de l’Upr de Issa Salifou, Modeste faisait partir à part entière de l’opposition à Yayi. Ce sont, raconte un de ses frères, ses diatribes contre le livre Mon Combat Pour la Parole de Réckya Madougou qui lui a ouvert les portes de la majorité présidentielle et même du gouvernement. Et c’est là que ce dernier est entré en contact avec le gouvernement. Après, il en a fait un dossier personnel jusqu’au moment où il a été nommé. « Et ça, Moïse ne lui a pas pardonné de venir moissonner dans son champ alors qu’il était de l’opposition », raconte un de leur frère. La nomination de Moise à l’autorité transitoire de régulation apparaît comme une revanche sur son frère. D’ailleurs lors des festivités du 1er Août à Natitingou, on l’a vu derrière son père et juste aux côtés du président Yayi.

Quel héritier politique pour Kérékou ?

Dans la trentaine des enfants du président Kérékou dont la plupart se désintéresse de la politique, difficile de savoir qui sera l’héritier politique du vieux caméléon. Et pour cause, même si le président Kérékou n’a pas laissé de parti politique comme chez les Soglo, on sait qu’il a légué à la postérité des valeurs comme la paix, la tolérance, l’unité nationale mais aussi la sauvegarde de la démocratie. Lequel de ses enfants pourra mieux sauvegarder ses intérêts ? Est-ce Modeste le tout premier à briguer un poste politique (député) ou Moïse celui dont la côte monte actuellement. Par rapport à Modeste, un autre frère a pu dire « s’il avait le soutien de notre père, il ne serait pas sorti du gouvernement aussi facilement ». Sera-t-il Moïse ou Salomon, l’opposant qui conteste la victoire de Yayi. Si on ne peut rien dire de ce dernier, on sait que Moïse part avec un handicap, celui de soutenir un régime qui passe le clair de son temps à peindre en noir le bilan de Kérékou.

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