PVI: Des erreurs… et le pouvoir tente de se rattraper

Le chef de l’État s’en est rendu compte –un peu comme sur le tard- qu’il a envoyé ses collaborateurs, les ministres, propager la «bonne nouvelle»: celle de l’avènement du PVI (Programme de Vérification des Importations) nouvelle génération. Avec l’espoir que la mayonnaise prenne… enfin.

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Beaucoup de louvoiements et de cachoteries dans la mise en route de la réforme des importations au cordon douanier béninois et des erreurs incommensurables se sont accumulées. Pour rendre la vie dure au gouvernement et à son chef. Il faut les évoquer une à une. A travers une série de papiers à venir, pour faire comprendre à tous, ce en quoi les représentants de l’Etat du Bénin aux plus hauts niveaux ont fait preuve de mauvaise gouvernance. Dans leur méthode, on note que la mise en œuvre du programme a suivi la démarche, déjà récusée, de la conduite des projets de développement en Afrique sub-saharienne, aux lendemains des indépendances, jusque dans les années 80.

Depuis lors, dans la plupart les pays africains qui se respectent, la communauté des bailleurs de fonds, les chercheurs et scientifiques de tous bords ont admis, comme ligne de conduite, de ne plus commettre certains impairs. Chose que n’ont pas encore compris les cadres de l’administration publique béninoise et les leaders politiques locaux.

Deux erreurs de fond, se révélant aujourd’hui fatales, ont été commises par les initiateurs du PVI-nouvelle génération actuellement mis en œuvre. Ces erreurs justifient à n’en pas douter, d’une part le tollé que suscite l’application du nouvel outil de gestion du recouvrement des taxes douanières et d’autre part le bras de fer engagé par les acteurs et principaux maillons de la chaine du programme. Importateurs et douaniers, chacun défendant son beurre a vite crié au scandale pour s’attirer la sympathie des populations qui, elles, sont les victimes en premier et dernier ressorts des réformes introduites dans le commerce local. Leur adhésion au combat flou livré au gouvernement par ces deux pôles de la filière portuaire tient d’une seule chose: les effets drastiques en termes de renchérissement des coûts des biens de consommation de première nécessité. Il s’agit, de la part de la masse des consommateurs, d’une attitude économique vitale qui ne s’accommode pas de sentiment, ni de parti pris sans retombées favorables pour le panier de la ménagère. D’où, la réaction des populations à la décision du pouvoir d’initier le PVI n’a rien de politique à sa base. Qu’il y ait eu par la suite une récupération politique de l’affaire, les spécialistes en stratégie politique diraient que c’est de bonne guerre et que le pouvoir, qui en a les moyens, aurait pu le voir venir pour éviter de commettre la série de bévues auxquelles le programme a aujourd‘hui prêté le flanc: l’absence suicidaire de la méthode participative ajoutée au défaut de sensibilisation et de popularisation par les médias de masse, en prélude au lancement du PVI, et non la campagne de communication biaisée dont le programme a été l’objet.

La réforme allant dans l’intérêt de tous, à en croire la profession de foi du pouvoir Yayi, le séminaire – après coup- d’un jour, d’hier à l’intention des journalistes l’a reprécisé. D’où vient alors l’idée de garder la mesure secrète, comme si elle devrait s’appliquer à des Béninois d’un autre territoire, d’un autre continent et finalement d’une autre planète? S’agissait-il, par ailleurs, de l’imposer et de le voir réussir contre le gré des gens censés en bénéficier ou d’en faciliter la mise en œuvre?

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Boni Yayi a instruit ses ministres qui se sont mis à courir plus follement qu’ils ne l’auraient fait si leur chef et eux avaient compris que pour faire aboutir leur programme, il leur fallait simplement associer les douaniers, toutes confondues, les commerçants et importateurs… sans oublier les consommateurs, à travers leurs différentes associations. N’en déplaise au pouvoir que ses partenaires soient de moralité douteuse. N’ayant pas intégré cette donne à sa gouvernance du dossier, il faut au pouvoir déployer, à présent, plus d’énergie dans sa tentative de se rattraper. Sans être sûr d’atteindre les résultats escomptés. Et on le voit, à nouveau, la charrue aura été placée avant les bœufs. Emmanuel S. Tachin

Le Pvi seul suffit-il ?

Le Programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-nouvelle génération) est-il une panacée pour la compétitivité du port ? Au fil des jours et des discours qui se tiennent actuellement, on pourrait y croire. Pourtant, ce programme ambitieux ne prend pas en compte tous les aspects et pourrait s’avérer comme un pétard mouillé si rien n’est fait pour solutionner les autres problèmes.

Depuis quelques jours, la communication sur le Pvi inonde le monde. Des avantages du projet, on n’en doute pas. On sait que le Pvi permettra de lutter contre la fraude observée dans le dédouanement des marchandises. Le Pvi fera augmenter les recettes de l’Etat en faisant ainsi augmenter les frais de dédouanement selon les réglementations en vigueur. Mais la compétitivité intègre d’autres aspects qu’on semble occulter ces derniers jours. D’abord, il y a l’environnement sous régional. En effet, le port de Cotonou est confiné entre deux ports plus compétitifs, celui de Lagos et celui de Lomé. Aujourd’hui, à cause de l’exiguïté de notre port, plusieurs navires sont contraints à passer des jours en rade aux larges de nos côtes. Ces jours font des manques à gagner aux armateurs et aux consignataires. On ne peut pas parler de compétitivité si on n’élargit pas les capacités de ce port. Ensuite, il y a le piratage des navires à nos côtes. Jusqu’à ce jour, le port de Cotonou ne dispose pas de système de surveillance et veiller pour anticiper et annihiler des velléités d’attaque. Tout ceci ne rassure pas les armateurs. Il y a aussi la lenteur notée dans les opérations de manutention mais aussi d’enlèvement. Toute chose que le Pvi est censé corriger. Selon les explications d’un transitaire, les opérations d’enlèvement durent encore plus de temps qu’avant son arrivée. A tout cela, il faut ajouter les insuffisances du Pvi. Une question à se poser Bénin Contrôl qui a le pouvoir de contrôler les importations dans tous les pays du monde le peuvent ? Et même si on lui donne la possibilité de négocier les contrats, quelle garantie a-t-on vraiment que ces sociétés contractuels vont le faire honnêtement et loyalement. Marcel Zoumènou

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