Les membres du gouvernement sont depuis quelques jours au contact des populations pour les renseigner davantage sur les tenants et aboutissants de la reforme du programme de vérification des échanges (Pvi)- nouvelle génération. Si l’idée derrière cette campagne d’information est fondée, la méthode présente des limites.
C’est l’acte II de la reforme Pvi-nouvelle génération qui est en cours, serait-on tenté de croire. Après les tiraillements entre acteurs avec leur corollaire la flambée des prix des biens de première consommation sur les marchés, c’est désormais la ruée des membres du gouvernement vers les populations. L’objectif est de leur expliquer le bien-fondé de la réforme et nier le lien entre celle-ci et l’inflation. Cette méthode qui consiste à envoyer les membres du gouvernement dans les différents départements du pays a pourtant des impacts négatifs sur l’économie nationale et le fonctionnement de l’administration publique. L’idée qui sous-tend la démarche n’est pas à condamner. Il est du droit des populations d’avoir les détails sur les différentes réformes engagées par le gouvernement et leurs effets sur le quotidien des uns et des autres. Mais telle que mise en application, la démarche a des revers qu’il est opportun de souligner. Ces descentes sur le terrain des délégations gouvernementales impliquent l’usage des véhicules du parc auto de l’Etat. Cela implique la maintenance desdits véhicules et la dotation en carburant sur le dos des finances publiques. L’autre conséquence est le retard que va connaitre le traitement de certains dossiers. Nul n’ignore le poids d’un ministre dans l’avancement du traitement de certains dossiers relevant des compétences de son département. Surtout qu’au Benin, on a pour habitude de se faire passer pour l’indispensable sans qui tout tourne au ralenti. L’absence des ministres de leur cabinet va empiéter sur le traitement des dossiers d’autant plus que certains dossiers nécessitent la connaissance et le quitus du ministre lui-même. Certains objecteront qu’il s’agi d’une question d’intérêt national. Pourtant, ce qui fait courir les membres du gouvernement ne touche pas a priori à tous les départements ministériels. Le gouvernement dispose d’autres courroies de transmission de l’information dont il pouvait faire usage. Les ministères les plus encrés dans la situation sont ceux du commerce et de l’économie et des finances. Pourtant ces différents ministères ont des directions dans les différents départements du Bénin. Les préfets constituent le relais directs du gouvernement dans les départements du pays. Le gouvernement aurait pu, le plus simplement du monde, passer par le biais de ces structures de l’administration pour informer les populations sur les tenants et aboutissants des réformes portuaires, voire celle du Pvi-nouvelle génération. D’aucuns évoqueront l’urgence et l’ampleur de la situation pour expliquer la descente sur le terrain des ministres. Hélas! La communication gouvernementale en la matière est passée à coté. De sorte qu’à l’ avenir, le gouvernement gagnerait à prendre soin d’analyser les contours des reformes à engager, fussent-elles bonnes, et associer les acteurs concernés à leur mise en œuvre. L’Etat gagnerait ainsi à préserver la paix et la tranquillité sociale nécessaires aux dites reformes.
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