Magnat de la filière coton, Patrice Talon assoit de plus en plus sa suprématie sur l’économie béninoise avec Bénin Contrôl Sa qui a désormais l’œil sur toutes les importations au Bénin. Si le choix de Bénin Contrôl Sa a été fait aux termes d’un appel d’offres jugé transparent, on ne peut s’abstenir de s’interroger. Pourquoi confier cet important programme au même Patrice Talon dont on connaît les relations avec le Chef de l’Etat.
C’est la partie non visible de l‘iceberg. Ce contrat entre Bénin Contrôl Sa et le gouvernement est plein de mystères et de non-dits. Si on peut se réjouir de l’existence de l’arrêté ministériel et du décret présidentiel, l’existence d’un contrat entre le gouvernement et Bénin Contrôl Sa demeure encore une énigme. Jusqu’à ce jour, personne ne peut dire sur quelle base Bénin Contrôl Sa devait collecter les sous. L’incertitude a gagné les cœurs depuis le mercredi 10 Août où le Chef de l’Etat s’est prononcé officiellement sur le sujet. Dans son adresse, il a parlé de négociations entre Bénin Contrôl Sa et le gouvernement au sujet de la gestion des fonds. On a comme l’impression que les fonds que vont générer les activités du Pvi devront revenir intégralement à Bénin Contrôl Sa. D’ailleurs, les transitaires dans leurs revendications, n’ont cessé de réclamer une gestion équitable de ces fonds entre l’Etat et la société. Sur cet aspect du dossier, le gouvernement est toujours resté muet. Aussi bien qu’il n’a pu rien dire sur l’offre technique présentée par Bénin Contrôl Sa pour gagner ce marché. Là aussi, on peut se poser des questions au regard des déclarations du ministre de l’économie et des finances qui, au cours d’une émission sur l’Ortb a simplement montré que cette société n’avait aucune compétence en la matière et qu’elle était obligée de se faire assister par Bivac pour gagner en expertise. Ces deux aspects suscitent mille et une questions sur les atouts présentés par Bénin Contrôl Sa pour bénéficier de ce marché. Au regard des capacités, de l’expertise de la société mais aussi de la nature du contrat qui la lie au gouvernement, on peut douter de la sincérité de ce marché confié à Bénin Contrôl. Mais cette nouvelle société pouvait bien surfer sur un autre atout. C’est la carte de visite de son patron Patrice Talon.
Talon, le nouvel homme fort de la république
Discret et sobre, Patrice Talon n’est pas pour autant moins ambitieux dans les affaires. Le patron de la Société de distribution des intrants(Sdi) qui opère dans toute l’Afrique de l’Ouest est aussi patron d’une autre grande société de transit et consignation Atral très connue sur la plate forme portuaire. Il détient la plus importante part dans l’actionnariat de la nouvelle Société de développement du coton(Sodeco) née de la scission de la Sonapra et qui détient une bonne partie des usines d’égrenage de coton au Bénin. Et ce n’est pas tout. Patrice investit aussi dans les chaines hôtelières dont Novotel Orisha. Mais l’histoire entre Patrice Talon et le président Boni Yayi est très tumultueuse et marquée par des soubresauts. Cité comme un des plus grands soutiens du président Boni Yayi à l’élection présidentielle de 2006, une source proche du Chef de l’Etat affirme qu’il serait le seul béninois à avoir mis près de 2 milliards dans sa campagne. Mais les relations entre les deux hommes seront brouillées par l’affaire « Elicoverpa », un insecte parasite qui a détruit tous les champs de coton alors que le gouvernement venait d’investir plus de 14 milliards dans ce secteur. On accuse la Sdi d’avoir livré des intrants périmés aux cotonculteurs. Lors des dernières élections, on l’a soupçonné de flirter avec Abdoulaye Bio Tchané. Mais erreur, Patrice Talon est toujours très influent dans le sérail présidentiel. Et ce dernier exploit le montre bien. Désormais, il a la main mise sur toute l’importation en direction du Bénin. Une sinécure aussi pour soutenir les options politiques de son mentor politique en 2016.
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