Réflexions sur la déclaration du conseil de sécurité de l’Onu relative a la crise Syrienne

L’immense majorité du peuple syrien aspire à la liberté et au respect de sa dignité, celle-ci constituant sans conteste le fondement des droits de l’homme. A cette aspiration, le pouvoir syrien répond par des exactions gravissimes. Le conseil de sécurité des Nations-Unies a, après toute une série de négociations, adopté au lieu d’une résolution, une déclaration, pompeusement qualifiée d’avance notable par certains observateurs.

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Que penser en toute conscience de cette déclaration ?

Nous nous réservons souverainement le droit de dire que l’obligation universelle de respecter les droits de l’homme permet d’affirmer clairement et nettement que la réponse du conseil de sécurité ne saurait constituer en toute logique un motif de satisfaction. Il ne devrait pas y avoir de service minimum ,ni de marchandage en ce qui concerne la protection des droits de l’être humain. Le conseil de sécurité a le devoir d’agir de façon appropriée au nom de la communauté internationale toutes les fois qu’il y a une crise gravissime de ces droits où que ce soit, puisqu’il est chargé de la paix et de la sécurité à travers le monde aux termes de la charte des Nations-Unies. La résolution 688 du 3 Avril 1991, fondatrice du droit d’ingérence, permet de considérer comme une menace contre la paix ce qui se passe de façon tragique en Syrie depuis des semaines. Ce n’est pas normal, ce n’est pas normatif que des membres du conseil de sécurité s’accrochent à leurs intérêts au point de donner l’impression qu’ils font fi de la nécessité de protéger la dignité humaine, un concept qui n’a de valeur marchande nulle part. C’est ahurissant que cet organe agisse mollement en Syrie, lorsque les forces armées tirent de propos délibéré sur les populations qui expriment pacifiquement et à bon droit leur aspiration à la liberté et à un changement véritable.

Pour notre part, la déclaration du conseil de sécurité qui n’est qu’un pis aller et qu’on peut appeler « nous avons fait quelque chose », n’est pas de nature à dissuader le pouvoir et les forces armées en Syrie. La bonne preuve est que, après l’adoption de la déclaration, les attaques systématiques qualifiées en droit international de crimes contre l’humanité ont continué comme si de rien n’était. Ce qu’il faut dans le cas d’espèce, c’est une résolution contraignante à tous les égards et non une déclaration qui donne l’impression que l’on fait son devoir. Au regard de l’attitude inacceptable du pouvoir et des forces armées en Syrie, le conseil de sécurité est inexorablement tenu d’évoluer le plus rapidement possible vers une résolution énergiquement contraignante. La protection de la dignité, fondement des droits de l’homme, n’ayant pas de prix, les amis de la Syrie, doivent réfléchir et faire le bon choix, celui du droit et de la raison.Car, à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Il convient donc qu’ils foulent aux pieds leur sympathie, leur amitié pour un régime répressif. La première phrase du paragraphe 3 de l’article 21 de la déclaration universelle des droits de l’homme est libellée à dessein comme suit ; »la volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ». Il est donc malsain, totalement aberrant que l’on cherche à étouffer cette volonté en recourant à des attaques systématiques qui ne sont rien que des crimes contre l’humanité. Le conseil de sécurité se doit d’aller loin, bien loin dans son action en faveur des populations Syriennes qui ont besoin de protection. Au sein de l’organe politique, il y a des Etats auxquels les droits de l’homme donnent la nausée. Ils sont cependant tenus de se persuader qu’ils ne doivent rien faire pour entraver la protection de ces droits ailleurs, un devoir humanitaire au nom de la communauté internationale. On peut concéder à la rigueur à ces Etats le droit de s’abstenir de soutenir ce devoir, tout en leur déniant celui de s’y opposer. Le droit de veto doit être rangé au placard s’agissant de la résolution d’une crise gravissime des droits de l’homme, et ceci doit être pris au sérieux par tous les Etats membres du conseil de sécurité. Selon certaines sources, dans la seule journée du 7 Août 2011, les forces Syriennes ont tué 54 manifestants montrant ainsi que la déclaration qualifiée d’avancée notable par certains, ne sert absolument à rien. On entend dire à des niveaux donnés que ce qui se passe en Lybie n’incite pas à s’orienter vers une résolution contraignante. En admettant qu’il y ait eu une certaine déviance dans le pays du guide Libyen au cours des attaques armées, il suffit que le conseil de sécurité se réunisse à nouveau pour rappeler sans ambigüité aux occidentaux les objectifs qui leur sont assignés aux termes d’une résolution. La déviance, si l’on permet ce terme, ne saurait constituer en tout cas un motif de non adoption d’une résolution ferme concernant la situation Syrienne.

Pour conclure, il faut mettre en exergue que la responsabilité de protéger les populations d’un Etat incombe en premier lieu au pouvoir constitutionnellement établi. Mais lorsque celui-ci n’est pas à la hauteur de cette responsabilité, il revient de droit au conseil de sécurité d’intervenir convenablement au nom de la communauté mondiale. Encore une fois, la protection de la dignité humaine à travers le monde n’a pas de prix .A cet égard, aucun effort ne saurait être de trop .Le monde entier, de toute évidence, s’en portera bien.

Par Jean-Baptiste GNONHOUE Président de la coalition béninoise pour la cour pénale internationale

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