Repenser et réformer nos stages

La foire aux stages commence. Qu’est-ce qui fait ainsi courir nos étudiants, en ce début de vacances, d’une entreprise à l’autre, à la quête et à la conquête d’une place de stagiaire ? La denrée semble assez rare pour justifier le trésor d’ingéniosité déployé. Sans un stage en entreprise, croyons-nous savoir, c’est le travail de toute une année qui pourrait ne pas être validé. D’où ce rush débridé au stage.

Les stages s’imposent ainsi comme le passage obligé pour obtenir, en fin de compte, le sésame qui ouvre, dans certaines filières d’études, les portes des étages supérieurs. L’étudiant n’a donc pas le choix s’il entend monter régulièrement en grade, en pleine progression vers le sommet.

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Mais à y regarder de plus près, qu’est-ce qu’un étudiant peut-il apprendre et retenir d’un métier après seulement un mois de stage en entreprise ? Un proverbe dit que « Pierre qui roule n’amasse pas mousse ». Pour dire que ce n’est pas en courant d’une entreprise à l’autre ou en faisant des sauts de puce de l’une à l’autre que nos étudiants s’aideraient le mieux à se former. Ainsi, les stages, dans leur configuration et dans leur schéma actuels, ont beau être recherchés comme une denrée rare sur les étals dégarnis d’un marché quasi vide, nous devons, cependant, à l’honnêteté de reconnaître leur inutilité. Ils n’apportent pas grand chose à l’étudiant sur le chemin de la maîtrise des ficelles d’un métier, sur la voie de se faire aux réalités de l’univers de l’entreprise.

En tout cas, dans le contexte actuel et au point où nous en sommes, les stages prennent les allures d’une simple formalité à remplir. Ils se présentent comme un phénomène de mode auquel on sacrifie pour être dans l’air du temps. La formation, la qualification de la ressource humaine sont des données majeures dans tout vrai développement. Aussi urge-t-il de repenser nos stages.

Il faut partir du malheureux constat selon lequel nos écoles professionnelles, pour la plupart, sont coupées de l’entreprise. Dans ces conditions, l’entreprise se trouve réduite à n’être plus qu’un appendice dérisoire, accessoire du système de formation de l’étudiant. Comme si nous trouvions normal et allant de soi d’aller apprendre en théorie un métier à l’école et d’aller le découvrir, en pratique et plus tard, en entreprise. Comme si l’école et l’entreprise étaient deux entités opposables, deux séquences différentiées dans le processus d’apprentissage de l’apprenant. Comme si l’on devait se donner d’abord une tête bien faite à l’école, et par la suite, des mains expertes en entreprise.

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Il est temps que s’efface cette absurde démarcation entre l’école et l’entreprise, entre l’école et la vie. Il y a lieu de privilégier une intelligente imbrication de la théorie et de la pratique dans la formation de nos étudiants. Comme dans un système efficace de vases communicants, l’école doit rentrer dans l’entreprise qui, à son tour, doit avoir ses points d’ancrage dans l’école.

S’il devait en être ainsi, c’est la notion de stage en entreprise, telle qu’actuellement conçue et vécue, qui changerait du tout au tout. Pour illustrer notre propos, prenons l’exemple des stages qu’offre CAPP FM, chaque année, aux étudiants de diverses écoles de Cotonou et d’ailleurs.

Si ces écoles étaient dans la continuité des préoccupations de l’entreprise de presse qu’est CAPP FM, leurs étudiants ne solliciteraient pas un mois de stage pour justifier et valider on ne sait quoi. Mais ces étudiants seraient tous les jours à CAPP FM, histoire d’y venir confronter, au quotidien, les théories livresques du journalisme à la pratique et aux réalités du journalisme de terrain. La théorie à l’école trouverait, en entreprise, un champ d’application immédiate. Dans ces conditions, les stages ne seraient plus un à côté, une brève parenthèse, tout en pointillé, dans la formation de l’étudiant, mais une donnée pérenne et parfaitement intégrée au cursus de ce dernier. En somme, l’union et la réunion d’une tête bien faite et des mains expertes au service d’un journalisme de qualité.

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