Grogne syndicale : comment le gouvernement a fini par déposer les armes

Après de vaines tentatives en quelques années visant à fragiliser les organisations syndicales, Boni Yayi a fini par reconsidérer sa position et donne désormais priorité au dialogue social.

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Les tentatives de division semées par le gouvernement de Boni Yayi dans le rang des syndicats en vue de fragiliser les confédérations syndicales du Bénin ont buté cette fois-ci sur un os dur. A-t-il fini par capituler devant la résistance des responsables syndicaux ? Si ce n’est pas cela, ça y ressemble. En effet, le relevé des négociations gouvernement et centrales syndicales du mois de juillet 2011 signé vendredi dernier, notifie que le cadre légal et réglementaire du dialogue social reste celui des centrales face au gouvernement. Rappelons que dès le début du premier mandat de Yayi, son gouvernement est descendu à la base en traitant avec les syndicats alors que les centrales et confédérations syndicales avaient toujours brandi en bonne et due forme des cahiers de doléances au nom de tous les travailleurs béninois. Mais l’option du pouvoir visait en réalité à les fragiliser au regard de la «redoutable puissance» dont elles disposent. En donnant satisfaction directement aux syndicats à la base comme le cas du front syndical des trois ordres de l’enseignement, Boni Yayi a cru avoir la docilité de ceux-ci. Ainsi, après la vague des premiers syndicats, beaucoup d’autres syndicats se sont constitués en front et ont déroulé plusieurs mouvements de grève pour avoir gain de cause à l’instar des premiers regroupements syndicaux. Le front des organisations syndicales du secteur de la santé en est un bel exemple. Satisfaire les revendications de tous ces syndicats sectoriels revenait, n’était pourtant pas une mince affaire. Et quand les syndicats de base, devenus plus nombreux, ont déclenché des grèves sans arrêt et même au mépris des textes juridiques qui régissent le secteur, le gouvernement ne savait plus à quel arbitre recourir.

Le cas s’est posé en 2010 avec les syndicats de la santé. Le gouvernement aurait passé par des intermédiaires pour toucher les responsables confédéraux. Et avec le concours de ceux-ci, une porte de sortie a été trouvée à la crise de l’époque. Face au débrayage, récemment déclenché par la Coalition des organisations syndicales de l’administration publique (Cosynap), le gouvernement a dû procéder de la même manière pour arriver vendredi dernier au bout du tunnel. Yayi a fini par comprendre qu’il ne fallait pas briser l’ordre en place. En effet, même au début de la grève de la Cosynap, les travailleurs ont exigé que le gouvernement négocie avec la Coalition même si les confédérations doivent être présentes. Ce qu’il a fini par faire avec le temps.

Il convient dans le contexte actuel de rappeler la mission des centrales syndicales. Si des syndicats de la base ont voulu, à un moment donné, franchir l’échelle pour faire directement face au gouvernement, c’est parce que ceux-ci ont quelque part failli à leur devoir, celui d’être de cœur avec leur base. Il urge donc que les centrales consultent leurs syndicats affiliés de façon réglementaire pour éviter que des failles du genre ne se répètent à l’avenir.

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