Malgré le verdict du Tribunal arbitral du sport : l’horizon du football béninois s’assombrit

L’instance suprême du sport mondial a, enfin, statué sur les recours portés à sa connaissance par certains acteurs du football béninois. La sentence du Tas est tombée tard dans la nuit du mercredi dernier et est en faveur du camp Anjorin. Une décision, depuis Lausanne, sensée dénouer une profonde et longue crise qui secoue le cuir rond depuis le 20 décembre 2010. La majorité est prise de revers. Le ciel sombre du sport roi au Bénin vient, en partie, de s’éclaircir. Le Tribunal arbitral du sport (Tas) a donné son verdict dans la nuit du mercredi dernier à la surprise générale des différents acteurs du football national. Après les reports successifs, les juges du Tas viennent de conforter Anjorin et sa bande sur la scène footballistique béninois. Le président Anjorin et son comité exécutif, après être légitimé par la Fédération internationale de football association (Fifa), reçoivent l’onction du dernier recours possible du sport international. La longue et périlleuse attente a accouché d’une carte blanche au comité exécutif issue de l’Assemblée générale extraordinaire du 15 avril dernier, dirigé par le président Anjorin Moucharafou qui séjourne encore en prison. Le camp adverse, dirigé par Victorien Attolou, va donc prendre son mal en patience et attendre les prochaines élections. Cette décision de Lausanne, fait suite à deux recours formulés, à son intention depuis mars passé, par l’aille Attolou. Un pour annuler la procédure initiée par la Fifa qui consiste à organiser une assemblée générale extraordinaire pour statuer sur le cas des douze (12) membres cooptés et un autre pour demander au Tas de dire le droit pour que ce dernier statue sur l’ingérence de la Fifa dans la résolution de la crise à la Fédération. Pour en arriver à tout ceci, le quotidien de la famille du football national, a été un réceptacle de faits et d’évènements.

La traversée du désert

Tout est parti de cette fatidique journée du 20 décembre 2010 et de la conférence de presse animée par Sébastien Ajavon et Malik Larry Seydou Gomina. Les déclarations faites par ces deux personnalités du football béninois ont, en substance, annoncé la démission de douze (12) membres du comité exécutif dirigé par le «tout-puissant» président de la fédération Anjorin Moucharafou.Une délégation conjointe Fifa/Caf, de passage au Bénin les 27 et 28 janvier 2011 pour écouter les démissionnaires et Anjorin mais les émissaires de la Fifa/Caf, composés de Mohamed Iya , Primo Corvaro et Prosper Abéga ,ont échoué dans leur mission. L’échec de ces émissaires a fait durcir les positions des deux camps. La déclaration de Mohamed Iya disant que comme « le ballon continue de rouler sur les terrains, il n’y a pas de problèmes ». Cette déclaration va conduire quelques jours plus tard à l’arrêt des championnats nationaux par le collectif des clubs de première et deuxième divisions. Vient ensuite l’Assemblée générale élective du 04 février convoquée par le Directeur exécutif de la Fédération béninoise de football ( Fbf), Bernard Hounouvi, conformément aux textes malgré l’interdiction de la Fifa. Comme pour répondre au plébiscite de la liste conduite par Attolou, Anjorin a coopté douze autres personnes, confirmées par les assises du 15 avril 2011 conformément aux injonctions de la Fifa, en remplacement des douze démissionnaires qui ont rendu leur tablier. C’est suite à la demande de l’instance internationale du cuir rond d’aller à cette Ag que le camp Attolou a saisi le Tas par deux recours.

Quel avenir pour le football béninois?

Les dés sont-ils définitivement jetés ? Le Tribunal arbitral du sport renvoie les Béninois chez eux en donnant raison à Anjorin et sa suite. Loin de satisfaire les amoureux du sport roi, cette décision du Tas de légitimer les immixtions de la Fifa dans la gestion de notre football et de reconnaitre le comité exécutif dirigé par Anjorin Moucharaf, met le Bénin dans une mauvaise posture. Pour cause, les dissensions entre les différents dirigeants du cuir rond sont allées trop loin et des actes ont été posés au grand désarroi des uns et des autres dans les deux camps en conflit. Le baron de la cour royal du football s’est retiré et cette sentence du Tas vient enfoncer le clou à une situation déjà trop préoccupante pour les parents des pensionnaires de centre de formation Cifas. De plus, il n’est plus un secret de polichinelle que c’est Ajavon qui a financé presque entièrement la première saison de la ligue de football professionnel. Va-t-il accepter de continuer de mettre ses fonds dans un milieu qu’il juge pourri et où le chef d’orchestre reste et demeure Anjorin ? Une question que certainement les jours voire les semaines, on aura plus d’éclaircissement. Mais une chose paraît évident; une éventuelle collaboration de ces deux camps opposés semble utopique au vue des diverses déclarations faites de part et d’autre. Les gagnants vont-ils tendre la main aux perdants ? Ces derniers saisiront-ils une éventuelle main tendue ? Le public sportif attend de voir, surtout que cet avis de l’instance de Lausanne vient en appui à la position du ministre de la jeunesse, des sports et des loisirs Didier Aplogan Djibobé. C’est justement de ce dernier que doit venir les démarches pour aplanir les divergences. Car, ce sont les joueurs qui vont souffrir des traumatismes mal soignés de cette crise et par ricochet le football national qui en traîne déjà les symptômes aigus.

Le flou persiste

La décision du Tribunal arbitral du sport (Tas) a laissé la majorité des amoureux du cuir rond sur leur soif. Les Béninois, rencontrés dans les rues de Cotonou hier, pensent que le verdict du Tas plonge de nouveau le football béninois dans l’abîme. Pour eux, le droit n’est pas dit.Ils ont ajouté que cette instance juridique du sport n’est pas allée au fond du dossier. La crise qui secoue donc, depuis le 20 décembre 2010, est loin de prendre fin puisque le camp d’Anjorin ne doit pas crier trop tôt victoire. Des surprises restent à venir. Le camp des douze (12) démissionnaires réagiront certainement bientôt pour donner leur point de vue sur ce verdict du TAS. Ils feront savoir aussi à l’opinion publique sur l’attitude qu’ils vont adopter.

Laisser un commentaire