Le samedi 03 septembre, le Chef de l’Etat a rencontré les populations de la ville de Parakou pour, dit-on, leur dire merci pour les suffrages qu’elles lui ont apportés lors de la dernière élection présidentielle et qui lui ont permis de gagner au 1er tour. Mais à cette occasion, et comme à tous ses meetings depuis quelques jours, le président Yayi a encore annoncé la révision de la constitution. Une déclaration bien curieuse qui suscite encore des interrogations.
Depuis quelques jours, le président Boni Yayi se fait le chantre d’une nouvelle reforme : la révision constitutionnelle. A chaque fois qu’il a l’occasion de se retrouver devant une grande foule, il ne manque pas de glisser un mot sur la révision de la constitution. Face aux jeunes, aux zémidjans, il a affiché sa volonté d’opérer des reformes profondes, de réviser la constitution mais pas pour s’éterniser au pouvoir. Le samedi dernier à Parakou, devant une foule qui fait rappeler les jours de campagne, le président Boni Yayi a simplement affirmé qu’il va réviser la constitution mais uniquement l’article 42 et qu’il finira son deuxième et dernier mandat le 05 Avril 2016. En fait, l’article 42 est celui qui parle de la durée et du nombre de mandat. Il stipule que « Le Chef de l’Etat est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats ». Dans le projet de révision soutenu par le Chef de l’Etat et annoncé par le médiateur Albert Tévoédjrè, médiateur de la république, ce nouvel article sera « Le Chef de l’Etat est élu pour un mandat de sept ans non renouvelable ». Et sur ce registre de la révision, le président Boni Yayi semble jouer seul. En dehors de lui, aucun de ses ministres, encore moins les faucons du régime, ni les griots et les lèche-culs de la Marina ne sont encore montés au créneau pour le soutenir. Est-ce la délicatesse du sujet qui amène les uns et les autres à se montrer réticents ou une volonté de laisser le président lui-même annoncer d’abord l’information pour voir son effet boule de neige ? Mais déjà, la loi référendaire est envoyée à l’Assemblée, une preuve que la volonté de réviser existe vraiment. Et c’est justement ce qui étonne maints observateurs de la scène politique. Primo, ils s’étonnement de l’obscurantisme qui entoure ce sujet où le Chef de l’Etat met de côté la commission de la relecture de la constitution et appelle des experts européens pour se pencher sur le travail fait par les nationaux. Secundo, aucune consultation populaire, ni aucune sensibilisation sur ce sujet ne semblent être envisagées au regard de la démarche actuelle même si Yayi surfe abondamment sur la psychologie des foules pur se faire adouber. Tertio, le referendum aura lieu sur la base de quelle liste électorale ? Si le gouvernement s’y presse c’est qu’il veut encore utiliser la même Lepi qui a mis de côté des milliers de béninois. Et là, on est sûr que cette révision va passer comme une lettre à la poste. Tout ceci ne permet pas de croire à la sincérité du Chef de l’Etat. Surtout que, jusque là, l’opposition, encore moins la prépondérante et vivace société civile béninoise, jadis très active contre ce sujet, n’ont été associées. A cette allure, et au regard des réserves sus-émises, Yayi apporte de l’eau au moulin de ceux qui croient à une révision opportuniste de la constitution. Une fois la révision de la constitution consommée, des juristes entreraient dans la danse pour imposer la thèse d’une nouvelle république qui ramène le compteur de Yayi à zéro. Les déclarations de bonne foi de celui-ci ne sont donc pas une garantie surtout qu’en Afrique et dans la sous-région, des exemples prolifèrent de présidents qui ont juré ne pas rempiler et qui, une fois la révision consommée ont fait volte-face. Yayi continue son jeu solitaire avec un même refrain. La répétition est pédagogique, dit-on.