Le spectacle du sommet de la Cedeao tenu le mardi à Abuja anime déjà les débats quant au mode de fonctionnement de l’institution. Le rejet par Blaise Compaoré des propositions du comité ad’hoc des Chefs d’Etats sur l’attribution aux Etats membres des postes statutaires et l’option prise par la conférence, traduisent l’inconséquence dont font montre les présidents de la sous-région dans le traitement de certains dossiers de la communauté.
De gros nuages planent dans le ciel des relations entre notre pays le Bénin et la république sœur du Burkina. L’incident du sommet d’Abuja du mardi dernier devant traiter de la désignation du prochain président de la commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) montre bien l’inconséquence des Chef d’Etats dans la gestion des affaires de la communauté et la personnification du débat par certains chefs d’Etats et de gouvernement. Il témoigne aussi de l’absence ou du non respect des principes entre les chefs d’Etats et de gouvernement eux-mêmes au sein de l’institution. Sinon comment comprendre que les propositions du comité ad hoc des Chefs d’Etats sur l’attribution aux Etats membres des postes statutaires au sein des institutions de la communauté soient réfutées par le président burkinabé, Blaise Compaoré qui exige le positionnement à la tête de l’institution d’un de ses compatriotes.
Le comité ad hoc des Chefs d’Etats sur l’attribution aux Etats membres des postes statutaires dirigé par le président sierra léonais Ernest Bai Koroma a été mis sur pied par les chefs d’Etats et de gouvernement eux-mêmes. Il bénéficie alors de toute légitimité et de toute leur confiance. Les propositions du comité ont été faites à l’issue d’un travail intellectuel et sur la base de « critères définis à travers diverses résolutions de la Conférence des chefs d’Etats depuis 2006 » tel que le précise le point de la séance fait par le ministre béninois des affaires étrangères Nassirou BAKO-ARIFARI. Il s’agit notamment d’une analyse des détails sur la fréquence d’occupation de postes statutaires par les Etats membres au sein des institutions de la communauté. Et de l’étude des critères comme « l’équité dans la répartition des postes, la transparence des procédures de désignation, la rotation sur la base de critères d’ordre alphabétique, la prévisibilité des successions, le prélèvement communautaire de solidarité et le fait d’être à jour vis-à-vis de ses cotisations ». A coté de ces critères définis par le Comité, le Cv- grande expérience diplomatique- du candidat béninois Jean Marie Ehouzou est une autre preuve que le choix porté sur le Bénin n’est pas arbitraire.
On se demande alors l’opportunité de l’option de médiation prise par la Conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement en mandatant Gudluck Jonathan, le président en exercice de la Cedeao de prendre contact avec les présidents béninois et burkinabé en vue d’une « solution négociée ». Y a-t-il une autre option si ce n’était soit d’aller au vote, soit de faire accepter au président burkinabé les propositions du comité ? Il est vrai qu’il s’agit ici d’une question diplomatique qui pourrait causer des brouilles entre les deux Etats. Mais, à quoi aura alors servi le comité ad’hoc et tous les moyens matériels et financiers mis à sa disposition pour sortir ses propositions. Et Boni Yayi et Blaise Compaoré doivent comprendre que s’il existe un contentieux entre eux, comme l’indiquent certains observateurs, l’image et les intérêts généraux de la Cedeao ne doivent pas en faire les frais. De toutes les façons, la situation est une opportunité pour Gudluck Jonathan, président en exercice de la Cedeao et Boni Yayi de sortir le grand jeu diplomatique. Pour les chefs d’Etats de la communauté, c’est l’occasion de montrer le sérieux qu’ils accordent aux differentes initiatives prises dans le cadre de l’institution sous-régionale. Entre les propositions du comité Koroma et la solution négociée, on attend de voir ce que va donner la médiation « Jonathan ».
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