Crise à la FBF : le clergé, la société civile et les anciens présidents à la rescousse

Le football béninois dans sa chûte s’est retrouvé au fond de l’abîme. La morosité de la situation doit maintenant interpeler tout le monde, y compris le chef de l’Etat. Il est urgent que le clergé, les anciens présidents et les têtes couronnées entrent dans la danse pour une médiation entre les deux parties en conflit.

Sessègnon a dit sa prophetie et les Rwandais l’ont réalisée. Aux sages du pays d’œuvrer pour que de telles prophéties ne se concrétisent plus à l’avenir. Le Bénin a donc offert le dernier acte de sa pièce de théâtre, dimanche dernier, devant les gradins presque vides du stade Charles de Gaulle de Porto-Novo entièrement rénové. Le spectacle affligeant que l’équipe nationale ne cesse d’offrir ces derniers temps a dépité le public sportif au point où, le match contre le Rwanda s’est joué devant une poignée de supporters même avec l’ouverture des entrées pour permettre une affluence. C’est dire le niveau de déliquescence qu’a atteint le football qui a laissé sur le carreau de nombreux jeunes qu’on avait commencé à faire rêver. La crise à la fédération, loin d’être mineure, est une crise sociale. Mais, les Béninois impuissants constatent avec amertume l’indifférence du clergé, des têtes couronnées et des anciens présidents de la république. Où est passé leur spontanéité à s’autosaisir des affaires de la Cité pour amener les uns et les autres à s’asseoir autour d’une table et à discuter afin de trouver un terrain d’entente ? Sont-ils à ce point indifférents à l’infortune des centaines de jeunes joueurs des différents clubs et des enfants du Centre de formation dont les responsables ont mis la clé sous le paillasson ? Une chose paraît évidente à l’heure actuelle, pour que le sport roi renaisse de ses cendres, il faut une médiation des sages, des personnes neutres dont les conseils sont à même de mouvoir les différents protagonistes de la crise. Certains préconisent la solution extrême à savoir la suspension de la Fédération au risque de voir le Bénin mis à l’écart par les instances internationales de football. Mais devons-nous toujours reprendre à zéro, chaque fois que le vent des désaccords secoue la famille de cette discipline sportive? Les observateurs les mieux avertis répondent par la négative. Car, il ne sert à rien de revenir à un perpétuel recommencement surtout avec les énormes fonds investis ces dernières années par l’Etat et les mécènes dans cette discipline et les efforts des centres de formation et des rares opérateurs économiques. Mieux, sans réconciliation, on procède de la sorte , rien ne garantit que tout rentrerait dans l’ordre. Alors, que les sages reprennent leur bâton de pèlerin pour amener les uns et les autres à s’entendre sur des bases bien précises et pourquoi par signer un code de bonne conduite.

Boni Yayi face à ses responsabilités

Chacun sera donc tenu de respecter ce code. Car, beaucoup savent qu’avant de soutenir Anjorin pour les élections de 2009, Ajavon a posé certaines conditions qu’Anjorin n’aurait pas respectées. Il faut donc être prévoyant et ne pas tomber dans les mêmes travers. L’intervention de Boni Yayi dans le sens d’apaiser les protagonistes est aussi attendue. Lui qui, à cor et à cri, a toujours affirmé à qui voulait l’entendre et sur tous les toits son attachement à la jeunesse. Les atermoiements et les propos tenus çà et là par le ministre des sports Didier Aplogan ont montré que le gouvernement n’agit pas véritablement pour la résolution de la crise. Et le premier des Béninois qui a tant aimé la jeunesse est resté presqu’indifférent à la situation de précarité de cette frange de Béninois qui ont choisi le football comme métier ou qui envisage de le faire. Comme si ces jeunes-là ne font pas partie de la jeunesse béninoise, Yayi a fait la sourde oreille aux différents appels qui sont à lui adressés par les acteurs concernés. Il est temps que le président fasse quelque chose pour la résolution de cette grossière crise qui ne fait que ternir l’image du Bénin. A présent que la décision du Tribunal arbitral du sport est passée en conseil des ministres, les amoureux du football veulent que le Chef de l’Etat pare au plus pressé. On a vu comment il a manœuvré les choses lors qu’il a été question du Programme de vérification des importations.

Peu de mots pour plus d’actes

Les Béninois en ont assez des propos tenus par l’autorité en charge de la gestion du sport au Bénin. Ils veulent, aujourd’hui, des actes concrets et non des promesses sans lendemain. Si ce dernier attend la décision prochaine du conseil des ministres pour agir, on ne peut espérer que cette décision règle définitivement la crise qui secoue, depuis le 20 décembre 2010, la Fédération béninoise de football (Fbf). Les réformes qu’on nous a annoncées au cours d’une sortie médiatique sur les chaînes de radio et télévision tardent à prendre corps. Ce n’est que des propos qu’il continue de servir à longueur de journée. D’ailleurs, les férus du cuir rond ont été servis dimanche dernier à la fin du match Bénin # Rwanda après la défaite humiliante des Ecureuils du Bénin. Notre chère autorité parle désormais de l’institution d’une direction technique. Cette direction technique ne peut fonctionner sans le règlement de la crise au sein du football béninois. Pour que la direction technique tourne à plein régime, il faut que les membres qui composent cette direction travaillent avec la Fbf. Les membres de la Fbf doivent être des gens qui aiment le développement de cette discipline surtout à la base, un nouveau son de cloche donc. Depuis son arrivée à la tête de ce département ministériel, le patron du sport béninois ne fait qu’attendre les défaites pour annoncer des réformes. Et après, il retombe dans son train-train quotidien. Tout le monde savait qu’il nous fallait une direction technique. Mais, comme l’autorité de tutelle a ses priorités ailleurs, c’est maintenant que la série de débâcle de la sélection nationale a livré son acte final, qu’elle trouve la nécessité d’une direction technique. Quelle est cette politique qui consiste à laisser les choses pourries avant de venir à la rescousse ? Le public sportif béninois veut que ce patron du sport résolve d’abord cette crise avant de parler d’une direction technique. Une direction technique sans championnats ne va servir à rien.

 

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