Dans son intervention à l’intention des douaniers retraités, le Chef de l’Etat a qualifié la démocratie béninoise de « démocratie nescafé » et semble oublier que la responsabilité est collective.
Ses propos ne manquent, sans doute, pas de fondement. Mais ils traduisent ce qu’est devenu le processus démocratique et la bonne gouvernance au Bénin à l’avènement du Changement et de la Refondation. Le passage en revue des facteurs symptomatiques du recul du Bénin sur ce terrain en dit long.
C’est bien sous l’ère Yayi que le Bénin a perdu plusieurs places en ce qui concerne le classement de Reporters sans frontière quant à la liberté de presse. Si cette marche à reculons ne s’explique pas par l’emprisonnement de journalistes comme on en voit sous d’autres cieux, on peut noter les pressions politiques et économiques sur les professionnels des médias du pays. La liberté de presse étant l’un des baromètres de tout système démocratique, son musellement, sous quelles que formes que ce soit, est un signe évocateur d’hérésie vis-à-vis des normes du «gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple».
D’un autre coté, il y a la gouvernance style Yayi. En votant massivement pour lui en 2006, les Béninois s’attendaient à un changement en profondeur des comportements sociaux. Mais, en quête d’un second mandat, l’homme a très tôt transformé sa rigueur en laxisme, mettant en difficulté sa politique de «prospérité partagée». Conséquence, plusieurs scandales socio-politiques et économiques. Icc Services et Consorts, Cen Sad, Machines Agricoles sans omettre l’affaire Dangnivo.
Les conditions « critiques » de l’organisation de l’élection présidentiel de Mars dernier, qui s’est soldée par le K.-O au premier tour du Chef de l’Etat, ont interpellé plus d’un. Et depuis lors, avec la majorité dont dispose le Président de la République à l’Assemblée nationale, on note la recrudescence de pratiques aux antipodes de la démocratie. Cela se traduit, entre autres, par la dictature de la mouvance parlementaire, des manœuvres d’affaiblissement et d’incrimination -à tort ou à raison- de l’opposition politique et la société civile, le musellement de la liberté syndicale et l’introduction unilatérale des réformes. Tout est corroboré par une certaine connivence entre l’Exécutif, le Législatif et la Cour constitutionnelle pour biaiser de facto le jeu démocratique.
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