Déguerpissement des baraques des abords des voies à Cotonou : La visite du Pape Benoît XVI fait des misères

«On casse nos baraques et on dit que le Pape vient. Si le Pape vient, nous nous n’allons plus manger?», s’indigne une bonne dame vendeuse de beignets de haricot au bord de la voie à Vèdoko. «Le Pape effectuera aussi une visite dans nos maisons ?», poursuit-elle. Une autre bonne dame vendeuse de céréale au bord de la voie à la hauteur de Kouhounou confie elle aussi sa désolation : «En quoi notre présence ici gêne-t-elle la circulation ? Les gens nous auraient avertis et on aurait dégagé nous-mêmes nos installations.

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Ce matin, ils sont venus détruire nos baraques, casser nos étalages». Elle s’interroge si le Pape arrive pour le balayage des voies de Cotonou.

En effet, une opération de déguerpissement systématique des abords des voies de Cotonou a été effectuée dans la journée d’hier par les agents de la mairie de Cotonou. Cette opération, s’inscrit dans le cadre de la campagne de salubrité initiée en vue de maintenir la ville de Cotonou en état de propreté pour la visite de souverain pontife Benoît XVI attendu au Bénin le 18 novembre prochain. Dans ce contexte, il y avait eu une opération de déguerpissement dans les alentours du stade de l’amitié déjà dès le mois de juillet dernier.

La dernière opération de déguerpissement a dispersé plusieurs bonnes dames, plusieurs vendeurs dont ceux d’essence frelatée «Kpayo». Une d’elles se plaignait hier les larmes aux yeux : «Les enfants viennent d’effectuer la rentrée scolaire. Et déjà, les enseignants menacent de les renvoyer pour la contribution. Et ce n’est qu’à partir de l’essence que je vends ici que je puisse satisfaire ces besoins». Père de quatre filles dont une se trouve déjà au collège, le vendeur d’essence rappelle qu’il vient à peine d’acheter les fournitures scolaires. Et pour la suite, qu’il projette pour cette semaine, voilà que la visite du Pape vient gâcher, hélas. Une dame, la cinquantaine, la mine effarée, lâche «notre papa est mort l’année dernière et ce n’est qu’avec ce commerce de maïs et de mil, que je nourris mes six enfants. Et voilà que la visite du Pape m’interdit de nourrir mes enfants».

Des personnalités interrogées ont réagi contre cette opération de déguerpissement. «Le Pape sait qu’il descend dans un pays pauvre. Et pourquoi s’évertue-t-on à casser coûte que coûte ces baraques qui constituent la fortune de certaines personnes », a confié un éditeur de presse. Un magistrat indique : «Si le Pape a besoin de circuler sur une voie sans baraque, autant l’amener se promener dans la haie vive» ». Il ajoute que ce sont les pauvres qu’on réunira ce jour pour l’applaudir qu’on spolie, par la casse des baraques, de leur moyen de survie.

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