La nouvelle est tombée le week-end dernier. Edmond Agoua, député membre de l’Union fait la Nation (Un), a claqué la porte de l’alliance. A l’analyse, on se demande si ce businessman politicien n’avait d’autre option que de partir de l’opposition politique pour préserver ses intérêts économiques.
« On ne coupe pas la branche sur laquelle l’on est assis », dit un proverbe africain. La démission du député Edmond Agoua de l’Union fait la nation(Un) peut bien s’inscrire dans le sens de ce proverbe. Le président du Parti pour la démocratie et le progrès social (Pdps) a officiellement quitté l’Un et son groupe parlementaire le 06 Octobre dernier. Mais à y voir de près, on se rend compte que l’homme ne pouvait qu’en arriver là. Des observateurs de la vie politique nationale avaient déjà prévu ce scénario au lendemain de la double victoire présidentielle et législative de Boni Yayi et sa famille politique.
Edmond Agoua, contrairement à d’autres leaders de l’Un, ne dispose pas d’une « grande aura politique pure ». Du moins, son aura politique est liée à son statut d’homme d’affaire. En réalité, son poids important dans le département des Collines -son fief- est plus dû aux actions sociales en faveur des populations et pour le développement de leur localité qu’à son idéologie et sa prestance politique ; ses affaires constituent sa source première de financement lui permettant de faire ses « œuvres sociales ». Dans la conception du jeu démocratique dans les pays africains, les opposants sont considérés -à tort ou à raison- comme les ennemis du pouvoir. Ainsi, les différents marchés et les opportunités d’affaires sont plus accessibles aux hommes d’affaires proches du pouvoir en place. Pis, toutes les manœuvres sont entreprises pour déstabiliser les membres des partis de l’opposition et les opérateurs économiques proches d’eux. Ainsi pour gagner des marchés et avoir les coudées franches pour mener à bien ses affaires, le président du Pdps ne peut rester opposé à l’actuelle machine gouvernementale. Surtout que le président Boni Yayi veut se garantir une majorité écrasante à l’Assemblée nationale, avoir l’adhésion des membres influents des differentes régions du pays pour la mise en œuvres, sans anicroches de la »Refondation. » Dans cette perspective, tous les moyens sont bons pour rendre la vie difficile à ceux qui ont la capacité de susciter la désapprobation des populations à la base vis-vis de là refondation. Et comme Agoua, d’autres honorables membres de l’Un, tel que Cyriaque Domingo sont dans la même position et pourraient être contraints de quitter l’Un pour la préservation de leurs intérêts économiques. Il est vrai que les raisons évoquées dans l’entourage de l’homme sont toutes autres. Dans le courrier qu’il a adressé au président de l’Un, Agoua parle de la demande des structures de bases de son parti. D’autres sources évoquent la frustration des militants. Cela serait dû au remplacement d’Agoua par un autre député du Parti du Renouveau démocratique (Prd) à la Haute Cour de justice. Edmond Agoua est parti de l’Un. D’autres députés de sa trempe pourraient en faire autant. L’opposition politique s’affaiblit. Les intérêts économiques semblent avoir pris le dessus sur les convictions politiques.
Laisser un commentaire