Eviction du Port de Cotonou par Areva pour l’exportation de l’uranium du Niger : pourquoi le Bénin doit s’en prendre à lui-même

Le Bénin est en voie de perdre un marché juteux. Celui de bénéficier par l’intermédiaire de son port, de porte d’importation de l’uranium du Niger vers l’Europe. Selon des sources concordantes, c’est le port d’Abidjan qui est en train de lui ravir la vedette. Mais en remontant dans le temps, on peut comprendre que le Bénin est responsable, en grande partie, de son éviction de ce « contrat du siècle ».

Les nouvelles ne sont pas bonnes pour le port de Cotonou. Selon des sources diplomatiques, c’est le port d’Abidjan qui a été préféré par le groupe nucléaire français Areva pour servir à l’exportation vers l’Europe de l’uranium d’Imouraren au Niger. La nouvelle chagrine le président Boni Yayi qui aurait décidé d’en faire le  »le plat de résistance » de sa prochaine visite en France. S’il arrive à ramener ce groupe français à Cotonou par le truchement du président français Nicolas Sarkozy -dont les dirigeants du groupe sont dits proches- il aurait réussi un exploit diplomatique inouï. Mais au cas contraire, le Bénin ne devrait s’en prendre qu’à lui et à lui seul. Il paierait ainsi le prix de son manque d’anticipation, de ses relations commerciales tumultueuses avec le Niger. Sinon, les autorités béninoises ne devraient pas prendre pour argent comptant, les nombreuses promesses faites par les autorités politiques françaises et les responsables du Groupe Bolloré de donner ce marché au port du Bénin. Tout au moins, depuis que la guerre est terminée en Côte d’Ivoire, ils devraient mettre un bémol dans leur espérance bien que Cotonou soit plus proche de Niamey ( et d’Imouraren) qu’Abidjan. En effet, le port d’Abidjan dispose de plus d’infrastructures et d’équipements que celui de Cotonou. Le groupe Bolloré y a plus ses assises qu’à Cotonou où il vient d’entamer les investissements. Mieux, Abidjan bénéficie d’un autre atout. Son président Alassane Ouattara est un ami personnel de Nicolas Sarkozy et a des accointances avec la droite française au pouvoir. En tout cas, mieux que Yayi en froid avec Paris depuis un bon moment. L’autre chose qui pourrait défavoriser le Bénin dans les négociations, c’est l’image du partenaire commercial peu crédible, emmerdeur que le Niger a du Bénin. En effet, depuis quelques années, les relations commerciales entre le Niger et le Bénin ont été brouillées par des différends entre les deux pays. Les opérateurs économiques du Niger se sont plaints plusieurs fois du Bénin pour diverses raisons. Le Bénin qui choisit unilatéralement de mettre en consommation toutes les marchandises venant au port de Cotonou même celles allant au Niger. Ou soit, c’est le bordereau de suivi de cargaison ou les tracasseries et les harcèlements fiscaux. En réaction à tout ça, le Niger a pris la décision de couper ses relations commerciales avec le Bénin et de ne plus utiliser le port de Cotonou. Pour sauver les meubles, le président Boni Yayi est allé à Niamey pour rencontrer Salou Djibo, le chef de la junte militaire au pouvoir antan. C’est dire donc que les autorités nigériennes ont de bonnes raisons de demander à Areva de ne pas faire confiance aux Béninois. Et si tel est le cas, le Bénin n’a plus son destin en main et même les jérémiades de Yayi à l’Elysée ne pourront rien y changer.

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