Courant Janvier, pendant la période chaude de la crise pré-électorale, Mr Jean Roger Ahoyo a adressé à Me Robert Dossou une lettre ouverte dans laquelle il l’invite à prendre conscience de l’importance de ses actes dans l’avenir de notre pays et de notre démocratie.
Cette lettre-dont une partie concerne l’élection présidentielle de 1996 n’a pas été appréciée par l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle Mme Elisabeth Pognon qui s’en est plaint à la Haac et à l’actuel président de la Cour constitutionnelle. Cette démarche n’est pas bien appréciée par le Comité des cadres et personnes ressources et le Groupe de reflexion, d’initiative et d’actions (Ccpr-Gria) dont fait partie Mr Ahoyo qui dénonce une démarche ambiguë qui laisse planer soupçon et complicité.
Démarche ambiguë !
La presse locale s’est fait récemment l’écho d’une démarche inédite effectuée par quatre personnalités de la première Cour Constitutionnelle installée en application de la Constitution du 11 décembre 1990. Par cette démarche auprès des Présidents de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication et de l’actuelle Cour Constitutionnelle, ces personnalités voulaient manifester un mécontentement suite à une lettre que Monsieur Jean Roger AHOYO a adressée à des amis à lui, Robert DOSSOU et Théodore HOLO, tous deux membres de la Cour Constitutionnelle, parce que le comportement de ses amis l’intrigue et l’interpelle. C’est un passage de cette lettre, anodin en vérité, qui a effarouché ces anciens membres de la Cour Constitutionnelle. Ils ont pensé que leur honorabilité était mise en cause et ce, en raison d’un certain sens de l’honneur cher à d’anciens magistrats et hommes de droit. Cette réaction, quoique tardive, est saine. Qu’il se soit trouvé, dans ce Bénin décadent aux mœurs politiques si dégradées, des hommes qui osent parler le langage de l’honneur, cela relève d’un sens moral, d’une hiérarchie de valeurs qui ne sont plus dans le vocabulaire moral du Béninois d’aujourd’hui. Vouloir laisser à la postérité une image de probité intellectuelle et morale qui est partie intégrante de l’héritage laissé à sa progéniture, cela est juste et bon, cela est sain et louable. Qui ne pourrait se réjouir qu’il se trouve dans notre pays des hommes qui ont encore gardé ce sens de l’honneur, qui sont restés fidèles à ces valeurs dont Maître Thierno, dans l’Aventure ambiguë disait : « il y a des valeurs qui resteront présentes au chevet du dernier mourant » ? Oui, bravo ! Une démarche du genre, pour un temps, fait vibrer nos fibres et cordes morales mises à mal depuis quelques années.
Seulement voilà. La plupart de ces anciens membres de la première Cour Constitutionnelle, sinon tous, ont observé jusqu’à ce jour un silence lourd, pesant vis-à-vis des agissements et décisions de l’actuelle Cour Constitutionnelle. Ils ont appelé ce silence « une attitude de réserve ». Cela signifie qu’ils n’ont pas voulu être considérés comme des donneurs de leçon, s’appliquant tacitement le précepte de l’Evangile : « Avant d’enlever la paille qu’il y a sur l’œil de ton prochain, enlève d’abord la poutre qu’il y a sur le sien », si en l’occurrence poutre il y a. C’est cette attitude de réserve, ce silence observé, cette distance gardée qui rend quelque peu insolite la démarche actuelle. Qu’avaient-ils à aller rencontrer l’actuel Président de la Cour Constitutionnelle, un homme aussi controversé, pour un contentieux qu’ils ont avec Jean Roger AHOYO ? Si la lettre de ce dernier leur posait un problème, s’ils estiment que cette lettre les égratignait et mettait à mal leur honorabilité, pourquoi ne pas s’adresser directement à Monsieur AHOYO, le seul habilité à s’expliquer sur le passage incriminé ? Qu’est-ce que, diantre, sont-ils allés chercher chez l’actuel Président de la Cour Constitutionnelle ? Lui témoigner leur solidarité ? Solliciter son soutien ? Etonnante démarche, bonne dans sa motivation première, mais ambiguë dans sa conduite qui laisse planer soupçon et complicité, qui est inacceptable au regard de la bienséance, de cette bienséance qui impose d’éviter tout commerce compromettant avec un homme couvert de discrédit.
Oui, la rencontre avec l’actuel locataire de la Cour Constitutionnelle laisse planer une odeur malsaine qui risque de jeter l’opprobre sur une réaction saine et louable dans son sens initial, mais irrecevable quant à sa conduite parce que non exempte de complicité.
Fait à Cotonou,
le 30 Septembre 2001
Le CCPR-GRIA