(Le coup de gueule du président Hama Amadou du Niger) Les députés ont ouvert hier au palais des gouverneurs à Porto-Novo leur deuxième session ordinaire de l’année 2011. C’était en présence de trois présidents d’Assemblée nationale à savoir Roch Marc Christian Kaboré, président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, El hadj Abass Bonfoh, président de l’Assemblée nationale du Togo et leur homologue du Niger Hama Amadou ainsi qu’ une dizaine de membres du gouvernement et des présidents d’institutions étatiques. Le président de l’Assemblée nationale Mathurin Coffi Nago a axé son intervention sur trois axes. Notamment, la volonté commune des institutions parlementaires de faire de l’intégration sous régionale et régionale une véritable arme de développement et de progrès pour leurs pays et leur peuple, les différentes crises financières et économiques auxquelles sont confrontés les pays à travers le monde entier et enfin les différentes réformes entamées par le régime de la refondation. Par rapport à ce dernier aspect, le président Nago a appelé ses collègues députés, toutes tendances politiques confondues à soutenir ce processus de refondation en adoptant les lois utiles et nécessaires initiées tant par l’exécutif que par les députés. Abordant la crise financière, économique, énergétique, climatique, alimentaire dont les effets sont souvent dramatiques, Nago dira que leur résolution correcte et durable ne peut se faire qu’à travers une prise en charge et un traitement collectifs et par la mise en œuvre de programmes et projets intégrateurs et favorisant la synergie des actions. Le président Mathurin Nago dira que la présente session ordinaire s’ouvre dans un contexte marqué par une volonté réelle de réformes politiques, institutionnelle, administrative, judiciaire et économique. Il a rappelé certaines réformes entreprises telles que le Pvi nouvelle génération, l’ouverture du guichet unique au port autonome de Cotonou, le vote des lois contre la corruption, contre les violences faites aux femmes, pour l’interdiction du droit de grève aux personnels paramilitaires et militaires. Selon Nago , l’Assemblée Nationale a joué sa partition dans ce processus. Le professeur Nago n’a pas manqué de rappeler toutefois certains dossiers importants qui seront abordés au cours de cette session budgétaire en dehors de l’étude et du vote du projet de budget général de l’Etat gestion 2012. La contribution continue et fort appréciable des partenaires techniques et financiers n’a pas été occultée. Après le message du président Nago, les présidents des parlements du Burkina Faso, du Togo et du Niger se sont succédé au pupitre pour délivrer leur message. Pour le président Roch Marc Christian Kaboré, la qualité des relations qui existent entre les chefs d’Etat doit inspirer dans la consolidation de leur coopération parlementaire. Selon lui, la démocratie doit être fondée sur la force de la rationalité qui cherche les solutions les plus optimales aux problèmes des populations. Pour finir, il n’a pas manqué de parler aussi du rôle que doit jouer le parlement dans les préalables indispensables à la construction d’un Etat de droit respectueux des libertés publiques.
Les mises en garde du président Hama Amadou du Niger au Bénin
A la suite du message du président du parlement togolais, son homologue du Niger délivrera un message d’une trentaine de minutes à propos des relations qui lient aujourd’hui les deux Etats frères. Ce qui matérialise le mieux les relations économiques entre les deux pays, affirme t-il, c’est d’un côté le port de Cotonou et l’autre le chemin de fer(l’ocbn). « Qu’il s’agisse du premier ou du second, il est difficile de dire que leur gestion donne aujourd’hui satisfaction » a-t-il martelé avant de déclarer qu’au Niger, ils ont cru sincèrement que des mesures vigoureuses et salutaires allaient être mises en œuvre en vue de réduire les épreuves auxquelles sont soumis leurs compatriotes nigériens face aux administrations de ces institutions mais également face aux agents de la force publique sur les routes. Il ajoute que, même s’il faut reconnaitre que des améliorations à cet égard sont perceptibles, les problèmes de fond sont loin d’être réglés. S’il insiste, dit-il, c’est parce qu’au Niger, ils sont convaincus qu’il n’existe pas d’alternative plus confortable à long terme pour l’exploitation de leurs ressources minières, que de consolider les liens économiques avec le Bénin, leur corridor naturel vers la mer, leur littoral le plus avantageux. Selon ses propos, ce corridor n’est intéressant que s’il sait se montrer attrayant. « Le Niger a besoin du port de Cotonou, c’est une évidence. Mais il est tout aussi évident que sans le Niger, le port de Cotonou serait d’un apport plus que modeste » a-t-il déclaré. Se faisant rassurant, Hama Amadou dira que cela signifie que les transporteurs et les commerçants nigériens doivent s’y sentir en sécurité, cela signifie que les forces de l’ordre, sur les routes, doivent comprendre que les opérateurs économiques nigériens sont des acteurs clés de l’interdépendance de nos deux économies, et qu’à ce titre ils méritent des égards et puis les forces de l’ordre se doivent de leur éviter les tracasseries et les vexations inutiles.
Réactions de quelques députés au terme de la cérémonie
Député Bida Youssouf Nouhoum
Nous avons eu à assister à l’ouverture de cette deuxième session ordinaire de l’année 2011. Une cérémonie riche surtout par rapport à la présence des présidents des parlements étrangers. Ce qu’on peut retenir essentiellement c’est que tous les discours ont retracé les problèmes que vivent actuellement le continent africain, que vivent les populations de nos pays. Moi je me réjouis beaucoup du fait que le président de l’Assemblée nationale du Bénin a eu l’initiative de donner ce cachet, ce caractère pour la première fois à cette ouverture. Et également je me réjouis du fait que toutes mes pensées, toutes mes préoccupations par rapport aux problèmes de survie se retrouvent dans le discours du président. Donc essentiellement c’est ce que je retiens et je souhaite que pour les fois à venir, que nous ayons plus de présence de représentation de parlements frères d’Afrique.
Député Valentin Houdé
Le président Nago a fait son discours, le président Bonfoh du Togo a fait aussi son discours, le président Kaboré du Burkina lui aussi a délivré son discours et enfin le président Hama Amadou du Niger. Nous et vous, nous sommes interpellés, le président Hama a parlé en responsable, il a dit tout haut ce que certains pensent tout bas. Il y a lieu que nous Béninois, on se prenne au sérieux et que les choses puissent aller de l’avant, si nous avons l’impression que c’est seulement le Bénin qui compte pour le Niger, nous nous trompons. Le Niger a d’autres opportunités, le Togo est là, la Côte d’Ivoire est là, même le Ghana est là, donc que ce soit au niveau de l’exécutif, au niveau du parlement et au niveau des Béninois en général, qu’on prenne les choses au sérieux, qu’on aille dans le bon sens pour le bonheur de notre économie.
Député Basile Léon Ahossi
Je vais vous dire que pour certaines raisons, je n’ai pas pu être là juste à l’ouverture. Cela fait que je n’ai pas écouté le discours du président de notre assemblée nationale. On m’en a fait un peu le point, je crois qu’il a fait un bon discours. Parmi les trois présidents invités des pays voisins, leurs discours ont été très réconfortants mais particulièrement celui du président de l’assemblée nationale du Niger. Vous savez, notre gouvernement a fait du port de Cotonou la caverne d’Ali Baba et on puise, on puise, on fait des réformes qui en fait, ne profitent pas au peuple mais plutôt à nos dirigeants. La plus grande manifestation est l’affaire PVI. Je pense que ça commence à se faire ressentir au-delà de nos frontières et si nous n’y prenons garde, nous allons au-delà des slogans et en deçà des slogans, commencer à plonger le pays dans le noir. Le discours du président de l’Assemblée nationale du Niger a été un discours sans langue de bois. Il a dit de façon très claire la douleur que ressent le commerçants du Niger par rapport aux comportements, et de nos dirigeants et sur le corridor, je mets tout le monde ensemble, c’est-à-dire policiers et gendarmes. Encore que, le gouvernement trouve que c’est le meilleur moment de mettre les militaires sur les routes. Alors tout ça, contribue à alourdir la chaîne des transports. Je suis heureux de ce qu’il a dit et j’espère que, sans fausse honte nous en tiendrons compte.