Pagaille, quand tu nous tiens!

La pagaille. Ce mot résonne bizarrement. Il vibre étrangement. Il renvoie à la grande confusion, au grand désordre qu’il signifie. La pagaille n’a donc rien d’élogieux, encore moins de sérieux. Partout où elle prend pied, elle gifle et griffe outrageusement la sérénité des lieux. Elle laisse tout derrière elle sens dessus dessous. La pagaille n’a rien de valorisant. Elle s’oppose à toute idée de progrès. Elle détruit toute idée de développement. Voilà ce à quoi le Bénin vient de s’abonner. Sans toutefois se rendre compte de l’étendue des nuisances, sinon de la gravité du désastre qui risque de s’abattre sur lui comme l’oiseau carnassier fond sur sa proie. Pagaille au port de Cotonou. Pagaille à l’aéroport de Cotonou. Pagaille dans les rues de Cotonou. C’en est trop pour notre capitale économique, qui se veut pourtant la vitrine du Bénin. Et nous savons que quand Cotonou tousse, c’est le Bénin tout entier qui s’enrhume.

Au port de Cotonou, rien ne va. Tant l’enceinte portuaire reste congestionnée depuis des semaines. C’est bien là le poumon de l’économie nationale qui est engorgé. Pensez-vous trouver, dans cette pagaille généralisée, un interlocuteur pour vous soulager de vos interrogations ? Les opérateurs économiques pointent un doigt accusateur en direction des manutentionnaires. Lesquels récupèrent la balle au rebond avant de l’expédier dans le panier des autorités portuaires. Du grand jeu !

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Comme on le voit, chacun se préoccupe de marquer des points. Mais personne ne gagne vraiment. Seule, telle la maîtresse incontestée de la situation, la pagaille règne sans partage. Au grand désespoir de tous. Les uns et les autres sont ainsi pris dans le tourbillon du « qui perd gagne ». Alors que qui semble avoir gagné ne gagne rien, sinon un peu de temps pour se rendre compte qu’il a tout perdu.

Et le vice suprême de la pagaille, c’est d’empêcher ceux qui perdent de chiffrer leurs pertes, de quantifier leurs malheurs. Car, avec cette pagaille monstre qui se poursuit au port de Cotonou, ce sont des millions, voire des milliards de nos francs qui partent en fumée. Sans compter les entreprises qui se cassent, les affaires qui se fracassent. Comme dirait l’autre « On est où là ?»

A l’aéroport de Cotonou, rien ne va. Avec les pèlerins au Hadj 2011 qui sont bloqués depuis des jours dans leur envol vers les cimes de la spiritualité. Maintenant que nous avons un Haut Commissariat pour s’en occuper, autrement dit l’œil du gouvernement pour superviser l’activité, tout se déglingue et la machine se grippe. Comme si Dieu lui-même, à cause de nos péchés sans nombre, se décidait de nous punir.

Des citoyens ont sué sang et eau pour réunir le pécule qui devrait leur ouvrir le chemin et les portes de la terre sainte de l’Islam. Pour certains d’entre eux, c’est un vieux rêve longtemps caressé. Il s’agit de faire pousser des fleurs de la foi à Arafat, autour de la Kaaba , à proximité du puits de Zem-zem. Ce sont là autant de lieux mythiques qu’ils tiennent enfin à voir de leurs yeux vus, après qu’ils eurent longtemps résonné dans leur esprit comme des sourates du Coran chargés de l’ineffable présence de Dieu.

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Et patatras ! Le rêve de la lointaine et sainte Mecque s’échoue dans les marécages paludéens de Cadjèhoun. La pagaille instaurée autour du pèlerinage en terre sainte de l’Islam a fait plus que de briser des rêves. Et dire que le pèlerinage à La Mecque compte pour l’un des piliers de l’Islam. Se mettre en peine pour l’accomplir et se voir matraqué par la pagaille tout près du but… Que la volonté de Dieu soit faite.

Evoquons une dernière forme de pagaille avant de clore la rubrique de nos pagailles joyeuses. Qu’il nous plaise de toucher d’un mot la pagaille qu’entretiennent dans Cotonou les véhicules poids lourds. Ils accablent, chaque jour, la ville d’une vilaine surcharge pondérale. De la mauvaise graisse pour nous empêcher de disposer de nos voies et artères. Comment dégraisser Cotonou ? Question à plusieurs millions de nos francs. Question à poser à Monsieur le Maire de Cotonou.

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