Relations commerciales bénino-nigériennes : les « menaces » de Hama Amadou au gouvernement béninois

La menace est venue cette fois-ci de Niamey. Profitant de la tribune que lui a offerte l’Assemblée nationale pour l’ouverture de sa session budgétaire, le président de l’Assemblée du Niger, Hama Amadou a fait un procès à la gestion de la coopération commerciale entre le Bénin et son pays le Niger. A mots raffinés, l’hôte de Nago a dit sa vérité et a menacé. Il n’y a pas si longtemps la Nouvelle Tribune a averti les autorités béninoises de l’éventualité de perdre le « juteux marché » du transport de l’uranium du Niger via le port de Cotonou. Aujourd’hui, ceux qui n’y croyaient pas devront prendre au sérieux ces menaces. C’est le Président de l’Assemblée nationale du Niger, un des trois personnalités clés de cet Etat qui en a donné le ton. Invité par son homologue béninois Mathurin Coffi Nago pour assister à l’ouverture de la session budgétaire de l’Assemblée nationale, son discours a été un véritable « brûlot » diplomatique. Très habillement, il a dit ce qui le gênait. Partant d’une déclaration du Président Boni Yayi qui a dit que « le port de Cotonou est celui du Niger », le président Hama s’étonne que les transporteurs et les commerçants de son pays ne bénéficient pas du même traitement que leurs collègues du Bénin. Ils sont, dit-il, encore victimes de diverses tracasseries policières et surtout de difficultés réelles à enlever les marchandises et à les conduire vers leur pays. Pour lui, les relations commerciales entre son pays et le Bénin ne peuvent grandir que si ces dysfonctionnements qui minent le corridor sont corrigés afin de rendre les transactions plus fluides. « Le corridor sera plus intéressant s’il se montre attrayant », affirme-t-il. Prenant la cause des opérateurs économiques de son pays, il a ajouté : « les transporteurs et les commerçants de mon pays doivent se sentir en sécurité ». Pour montrer que son pays a la possibilité d’utiliser d’autres corridors, Hama Amadou parle du transsaharien qui permet de réunir le Niger à l’Algérie, le Mali à la Méditerranée. La menace est à peine voilée. Mais pour éviter cela, Hama Amadou propose le renforcement des mécanismes de l’intégration africaine et lance un ultimatum pour le rétablissement du chemin de fer entre les deux pays. Derrière ses propos amers, il y a bien une frustration des opérateurs économiques du Niger que Hama Amadou a rencontré le mercredi dernier. Selon nos sources, ce sont eux qui auraient provoqué cet état d’âme de leur président de l’Assemblée en lui dénonçant toutes les intrigues, les tracasseries et les brimades dont ils sont l’objet de la part des autorités du Bénin. Avec ce discours amer, la preuve que les dernières reformes au port ne suffisent pas pour régler les problèmes auxquels les transporteurs sont confrontés. La leçon est-elle bien entendue par le gouvernement ?

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