Entretien avec Pascal Todjinou Sg/Cgtb : «Le pouvoir veut museler tout le monde»

Malgré les contestations des syndicats du projet de loi sur l’exercice du droit de grève au Bénin, le gouvernement ne recule pas. Le secrétaire général de la confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) clame ici son indignation.

«Aujourd’hui, le pouvoir est décidé à museler tout le monde afin de faire des passages en force», a déclaré Pascal Todjinou au cours d’un entretien portant sur la tension sociale dans le pays. Le droit de grève est constitutionnel au Bénin, poursuit-il, mais la mouvance présidentielle a commencé par le violer au vu et au su de tous les travailleurs et du peuple et c’est un défi. Ce défi, soumet les travailleurs à la question «est-ce que les travailleurs sont en mesure de faire reculer le pouvoir dans ces actions de museler le peuple?». Je dis, poursuit le secrétaire général, l’avenir appréciera ; ce qui est sûr, nous avons déjà vu beaucoup de chose.

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«Dans ce pays, nous avons vu aussi des éléphants danser. Donc plus rien ne doit nous effrayer», a précisé Todjinou. Le premier responsable de la Cgtb visiblement ne s’inquiète pas des actes du pouvoir. Confiant en lui-même et en sa confédération, il précise : «Personne n’est éternel sur cette terre. Le soleil de la mouvance luit aujourd’hui et je souhaite qu’il exploite cela intensément contre les travailleurs et le peuple». Le Sg se rappelle les conditions dans lesquelles la démocratie comme option politique nationale a été conquise au Bénin et par ce biais ceux qui en ont été les précurseurs. Todjinou le regard épris de justice affirme «le peuple avisera. Même après la mort de ceux que le pouvoir pourchasse aujourd’hui, ceux-là qui ont été l’essentiel de l’avènement du changement». L’histoire effectivement révèle que Yayi a pu poser sa candidature à la magistrature suprême en 2006 grâce aux mouvements syndicaux qui ont fait reculer le pouvoir de Matieu Kérékou dans ses tentatives de réviser la constitution pour se maintenir au pouvoir. Le projet de loi pendant à l’assemblée nationale sur le droit de grève aux dires de Pascal Todjinou est mauvais dans tout son contenu. C’est un projet liberticide, il empêche tout mouvement des travailleurs contre les actions du pouvoir ; «C’est un projet de loi que nous rejetons en bloc», a-t-il indiqué. Il n’a pas manqué de se prononcer sur les actes que posent les institutions de contre pouvoir comme la cour constitutionnelle et l’assemblée nationale. «Lorsque vous avez une institution chargée de vérifier la conformité des lois à la constitution et c’est cette institution qui viole encore la constitution, il y a problème», indique le secrétaire confédéral. Il rappelle qu’en 2006, la cour constitutionnelle a donné une décision qui reconnait l’exercice du droit de grève aux douaniers. La cour actuelle sort sur le même sujet une décision contraire. «C’est étonnant. La cour était une institution très respecté, mais aujourd’hui banalisée. Face à tout cela, le peuple doit rester vigilant», a conclu Pascal Todjinou.

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