Immixtion des jeunes patriotes dans l’affaire Ubipharm : mauvais avocats pour un mauvais dossier

Une République sans loi, où tout est sens dessous dessus. C’est le nouveau rêve de quelques griots du pouvoir connus trivialement sous le nom «jeunes patriotes». Au nom de cette nouvelle République, n’importe qui peut s’installer où il veut et comme il veut, mener l’activité de son choix, même dans les secteurs les plus sensibles comme la pharmacie. Ubipharm Bénin aussi, pourtant rejeté aux termes d’un processus normal de demande d’agrément pourrait s’installer, pourvu qu’elle soit du côté du pouvoir.

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Il existe sûrement au Bénin deux républiques: celle de la rigueur, de la sanction et du respect des lois pour ceux qui ne sont pas-politiquement- avec le pouvoir. Une seconde, faite de complaisance et de faveur permanente pour ceux qui scandent les slogans. C’est de cette dernière que rêvent les crieurs publics du pouvoir. Lucien Mèdjico en est désormais la tête de file de cette nouvelle tendance. Depuis trois semaines environs, il multiplie des conférences de presse pour mettre la pression sur le gouvernement afin que celui-ci donne un agrément de grossiste-répartiteur à la firme pharmaceutique Ubipharm-Bénin. Son argumentaire est simple. Ubipharm Bénin a englouti plus de 3 milliards d’investissements, des centaines de jeunes devront trouver de boulots, les médicaments vont coûter moins chers et enfin, chose bien curieuse, les responsables de Ubipharm Bénin sont de la majorité présidentielle et ont tous soutenu le Chef de l’Etat lors des dernières élections. Il est rejoint dans cette aventure médiatique par d’autres compères comme Frédérick Béhanzin, Fred Houénou (sauf que ce dernier a pris fait et cause pour le camp opposé), des grogneurs et quelques canards de la place. Sans vergogne, il brandit à la télévision l’étiquette politique des responsables de Ubipharm Bénin victime selon eux de la méchanceté des membres de l’ordre des pharmaciens du Bénin.

L’option du pire et du désespoir

Le discours des «avocats» d’Ubipharm occulte curieusement l’essentiel du dossier. Il fait l’impasse sur les irrégularités qui ont amené l’Ordre à donner l’avis défavorable à Ubipharm Bénin. Pour rappel à ceux qui n’ont pas suivi le premier épisode de ce dossier en 2010, le dossier d’Ubipharm a été rejeté pour ces raisons ci. Primo, Ubipharm est une filiale d’Ubipharm International qui est l’un des fournisseurs des grossistes béninois comme Gapod et Ubphar. Donner l’agrément à elle signifie qu’on ouvre la voie à une concurrence déloyale car les deux autres grossistes répartiteurs seront privés de médicaments par leur fournisseur au profit de sa filiale. Un cas similaire s’est même produit. Secundo, il y a un flou terrible autour de l’actionnariat d’Ubipharm qui, selon nos sources, est financé par personne interposée par de grands groupes pharmaceutiques-dont Ubipharm International – qui peuvent broyer rapidement les grossistes qui exercent au Bénin. Tertio, le président du Conseil d’administration d’Ubipharm a démissionné de l’un de ses deux grossistes pour se retrouver quelques mois après chez ce dernier. Il s’agit là d’une violation de la déontologie du secteur pharmaceutique. En conclusion, Ubipharm n’a pu obtenir le précieux sésame qui doit lui permettre d’exercer au Bénin. Or, selon les lois de notre république, c’est cet avis favorable de l’ordre qui déclenche l’autorisation du ministre de la santé. Ce que veut Mèdjico et ses amis c’est de violer la loi de la république, de sauter cette étape et de donner l’autorisation à Ubipharm. C’est ce qu’il a répété hier encore à Tchaourou afin que ceux-ci, parents du Chef de l’Etat, puissent lui mettre la pression pour donner cette autorisation. Pourtant, tout le monde sait que ces genres de débat se mènent au prétoire, loin des rififis médiatiques des griots du pouvoir assoiffés des mannes des déclarations de soutien d’antan. Où sont passés les avocats du pays pour que ce soient Mèdjico, Béhanzin, Houénou et les autres qui jouent désormais ce rôle. Soit Ubipharm repart devant l’ordre pour négocier ou il fait intenter un procès pour exiger réparation s’il pense avoir été brimé. Ne pas prospecter ces voies, c’est choisir la voie de l’arbitraire. Et à force de procéder ainsi, Ubipharm donne l’impression d’une structure désespérée qui sait qu’il a tout perdu et opte pour le tapage médiatique pour se sortir d’affaires. Une telle république ne devrait exister ici. Notre république possède encore des lois qu’on doit respecter même si on est mouvancier bon teint. Sauf si, entre temps, on a choisi de faire de l’anarchie. Vivement que force reste à nos lois.

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