Journaliste culturel: être ou ne pas être

Il faut s’en féliciter : les journalistes culturels décident de relever la tête et de marquer leur territoire dans l’espace de la presse nationale. Ils ont organisé le 12 novembre dernier leur « rentrée professionnelle ». Ils ont réfléchi, à cette occasion, sur le thème « Le journaliste culturel face au défi de la spécialisation ». L’Association béninoise de journalistes culturels et de critique d’art pour le développement, dénommée « Noyau critique » ne veut pas être, selon le mot de Corneille : « Cette obscure clarté qui descend des étoiles ». Elle entend gagner, avec ses membres, le combat de la visibilité, offrant à ceux-ci un cadre d’expression de leur expertise, de leur talent.

C’est dire que c’est sur le chemin de l’action que nous attendons nos journalistes culturels. Ils doivent être aussi présents dans l’actualité de la culture que le sont les journalistes sportifs dans l’actualité du sport ou les journalistes économiques dans l’actualité de l’économie. Plus de journaux d’informations générales sans rubrique culturelle. Une égale exigence pour la radio et la télévision.

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Nos journalistes culturels auront un deuxième défi à relever. Il s’agit du défi de la formation. Le journaliste est d’abord et avant tout un vulgarisateur. Comme tel, il sert d’interface entre ceux qui savent, spécialistes en tous genres, et le public qui a besoin de savoir. Aussi accomplit-il sa mission d’information chaque fois qu’il réussit à traduire ou à adapter un ensemble de connaissances techniques ou scientifiques, de manière à les rendre accessibles à un lecteur, à un auditeur ou à téléspectateur non spécialisé.

Dans cet exercice, en dehors de la nécessité de connaître les fondamentaux de son métier, le journaliste culturel est au carrefour de nombre de spécialités et à la convergence de nombre de spécialistes. Aussi lui faut-il s’outiller pour aller vers un plasticien, cinéaste, écrivain, muséologue, formateur ou administrateur culturel. Seule une formation rigoureuse et continue du journaliste culturel peut en faire le porte-voix des spécialistes auprès de divers publics.

Enfin, opérer le choix d’être un journaliste culturel, c’est déjà faire l’option d’une spécialisation en sortant de la foule des journalistes généralistes. Le journaliste stagiaire qui fait ses premières armes dans la profession peut y aller maîtriser les ficelles du métier, conforter ou confirmer sa vocation. Mais il doit, à terme, choisir un point d’ancrage qui l’attache davantage à quelque chose. Voilà comment naît un journaliste culturel, tel qu’un papillon sort de son cocon. Mais ce n’est là qu’un premier niveau de spécialisation.

La matière culturelle est vaste et complexe. On peut, à un deuxième niveau, se spécialiser en ses différentes et importantes sections. Dans les politiques culturelles : ensemble de visions et d’intentions affichées, en vue d’atteindre des objectifs globaux, des résultats sectoriels. Dans la législation culturelle : condensation des textes de base, des textes fondamentaux qui régissent l’univers de la culture. Dans la conservation du patrimoine : avec nos musées, nos archives, sans compter tout un gisement oral impressionnant qui n’attend que d’être crypté et fixé. Dans la formation culturelle. Qu’on pense à ces musiciens, plasticiens, cinéastes qui sans le moule de l’école n’en seraient pas tout à fait. Qu’on pense également aux personnels culturels, tels que les muséologues, les archivistes, les conseillers, les administrateurs et entrepreneurs culturels. Dans l’animation culturelle : espace de valorisation des productions et créations artistiques, espace de distinction et de récompense des créateurs. Que dire de la coopération internationale avec des échanges culturels, des expositions itinérantes et extra muros… ?

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Comme on le voit, vaste est le domaine de la culture. Tout aussi vastes doivent être l’ambition et le professionnalisme du journaliste culturel pour le circonscrire. Celui-ci, disons-le, a du pain sur la planche. Il en a assez à se mettre sous la dent. Mais attention : ne jamais céder à la tentation de trop embrasser pour finalement mal étreindre. C’est la culture qui en prend un coup et le public qui ne s’y retrouve plus du tout.

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