La décentralisation: un pari à gagner

Que faut-il pour réussir la décentralisation ? Des hommes et des femmes déterminés ? De l’argent ? Des idées ? De l’imagination ? Des initiatives ? La sagesse recommanderait de tout mettre en œuvre pour que la mayonnaise prenne. La décentralisation est un enjeu capital de développement. Elle nous place face à l’alternative ci-après : réussir la décentralisation et espérer développer notre pays ou rater la décentralisation et nous résoudre à traîner le destin minable d’une république bananière ou d’un Etat voyou.

La décentralisation ne saurait être, pour nous, une formalité. A remplir à la va vite pour être dans l’air du temps. La décentralisation participe d’une option de développement. Voulons-nous tout concentrer à Cotonou et de ce promontoire privilégié, gérer le reste du Bénin, observer le désert béninois ? Voulons –nous retrouver, à travers des démembrements du pouvoir central, le siège social du pouvoir politique et de la démocratie ? Ce siège est à la base, dans la proximité des populations avec ce qui les touche, avec ce qui les concerne, avec ce qui sollicite leur implication quotidienne, leur engagement de tous les instants ?

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La décentralisation, sur le terrain, est une réalité dans notre pays. Cela ne veut pas dire qu’elle est un succès. Cela n’induit pas une gouvernance locale exemplaire. Cela ne signifie pas qu’elle fait droit aux populations de se prendre en charge et d’être les gestionnaires de leurs propres affaires.

C’est vrai : nul ne peut prétendre aimer le Bénin s’il ne commençait pas par aimer sa localité, son quartier. Mais force est de reconnaître, cependant, que nos 77 communes ne constituent pas encore, pour une majorité de Béninois, des centres de gravité d’un nouveau pouvoir démocratique, des pôles d’exercice d’une nouvelle citoyenneté. Notre expérience de décentralisation souffre d’être encore trop administrative. Elle souffre d’être encore trop politisée. Ce sont là de graves infirmités qui se traduisent par une gestion bureaucratique, qui favorisent des pratiques de couvent n’impliquant et ne privilégiant qu’une poignée d’initiés. La décentralisation, d’accord. Mais il faut la rendre irréversible. .

L’argent peut-il y contribuer ? Certainement. Est moribonde ou sursitaire la commune qui n’aurait pas de ressources financières suffisantes pour s’affirmer comme une entité viable, pour affirmer son autonomie d’initiatives en conformité avec les besoins des populations. Le projet de budget général de l’Etat, gestion 2012, projette une cagnotte de plus de mille milliards de francs CFA, sur lesquels seulement 21 milliards iront aux communes. Et dire que l’Association nationale des Communes du Bénin (ANCB) visait au moins 15% de ce budget, soit 152 milliards de francs. Autant dire, sur la foi de ces chiffres, que pour nos communes la période des vaches maigres continue.

N’y- a-t- il que l’Etat qui tienne la clé financière pour la survie de nos communes ? La contribution de l’Etat au développement des entités décentralisées et des collectivités locales s’explique par le fait que ces dernières se sont substituées à l’Etat central dans l’exécution de diverses tâches. L’Etat paye donc ses démembrements pour les tâches dont il s’est désengagé. Mais il revient aux communes de trouver des ressources additionnelles conséquentes, en multipliant des initiatives, en mobilisant les populations, en appelant l’imagination au pouvoir, en maximisant les chances de créer de la richesse et de se doter d’un potentiel financier respectable.

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Pour dire que l’assistance de l’Etat aux communes ne doit pas se transformer en un assistanat parasitaire qui stérilise les capacités imaginatives de nos communes. Celles-ci doivent se transformer en des laboratoires actifs et dynamiques dans lesquels s’élaborent des stratégies victorieuses pour promouvoir des activités génératrices de revenus. Tout doit être exploré. Rien ne doit être négligé. Des potentialités économiques, commerciales, culturelles d’une commune sont à valoriser et à exploiter à l’optimum. Les opportunités qu’offre l’intercommunalité, par la mutualisation intelligente des moyens, méritent qu’on s’y arrête. La coopération décentralisée est source d’atouts bénéfiques. Comme on le voit, c’est moins l’argent qui appelle l’argent, comme le dit la chanson. Mais c’est davantage les idées portées par des hommes et des femmes déterminées qui créent la richesse.

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