La papauté, don et mystère dans l’Eglise catholique

A quelques jours de l’arrivée du pape en terre africaine du Bénin pour toute l’Afrique,  noire et blanche, au cœur des veilles, des stress, des concertations et réunions pour organiser au mieux l’accueil et le séjour du Pape et de ses invités de l’Eglise en Afrique , approfondissons la réalité bimillénaire de la papauté dans l’histoire , la vie et la mission  de l’Eglise  catholique

Publicité

Un bref parcours biblique

Dans des lettres de désertion mal justifiée de certains chrétiens qui ont décidé de passer dans une autre confession religieuse ou tout simplement dans une secte, il nous est arrivé de lire de fausses accusations du genre : «  l’Eglise et le pape sont des inventions humaines ; Jésus Christ n’a point fondé l’Eglise ». Quelle lecture, quel sort  ces déserteurs en mal d’argument réservent-ils donc à la confession de Césarée   qui a donné lieu à cette déclaration solennelle de Jésus Christ s’adressant à Pierre : «Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et les puissances de la mort ne l’emporteront pas sur elle. Je te donne les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16,17-19)

Comment peut-on alors affirmer que ce n’est pas le Christ qui a fondé l’Eglise ?

Du simple point de vue de l’honnêteté intellectuelle, il est clair que l’on peut situer l’origine de la papauté dans ce passage des Saintes Ecritures sans contester la fondation de l’Eglise par Jésus. Ainsi de la primauté de Pierre voulue et instituée par le Christ, découle pour la foi catholique,  le don et le mystère de la papauté dans l’Eglise catholique. Aussi parlons-nous du pape comme successeur de Pierre, et des évêques, rappelons-le, comme successeurs des Apôtres

Le mystère de la succession apostolique

Ainsi Benoît XVI est le 265e pape et le 264e successeur de Pierre. Certes l’histoire de  la papauté est marquée par plusieurs étapes voire des crises. Il y a eu des antipapes, des contestataires que n’occultent pas les historiens. Mais il n’y a jamais eu deux papes, deux successeurs de Pierre à la fois sur le siège apostolique.

Publicité

Par ailleurs si très tôt, dans l’histoire de l’Eglise Rome a acquis une grande importance, les papes n’ont pas toujours résidé à Rome.  Avignon, en France, a accueilli des papes. Ce sont les « papes d’Avignon » : par exemple Jean XXII (1316-1334) enseveli dans la cathédrale d’Avignon à presque 90 ans ; Benoît XII (1334-1342) qui mourut après une longue maladie à Avignon, où il fut enseveli aussi. Les relations de l’Eglise avec les empereurs, les rois et les « pouvoirs séculiers » n’ont pas manqué d’ambiguïté ni de tensions à certaines époques. Et si l’Eglise a bénéficié des bons offices  de certains empereurs et rois tel que l’empereur Constantin qui a restauré la paix religieuse après les persécutions contre les chrétiens, et à qui nous devons la prestigieuse basilique Saint Pierre à Rome, abritant le tombeau du « premier pape » pour ainsi parler et bien d’autres , il demeure que des papes ont élevé la  voix pour défendre les classes opprimées, dénoncer la tyrannie des puissants de ce monde, rechercher et promouvoir la séparation des «  pouvoirs spirituel et temporel ». Mentionnons entre autres : Léon XIII(1878-1903) avec la première encyclique sociale d’un pape « Rerum Novarum » ; Pie XI (1922-1939) qui signa les accords du Latran qui donnèrent naissance à la Cité du Vatican autonome, indépendant, doté de ses propres lois ;  Pie XII (1939-1958), pape de la deuxième guerre qui « organisa un vaste programme d’aides humanitaires en faveur de tous ceux qui en avaient besoin : aux Juifs, aux opposants de régimes totalitaires et enfin, après la guerre, même aux Allemands » ( Antonio Lopes.Les papes : la vie des papes à travers 2000 ans d’histoire. Roma. Futura Edizioni. 2005, p. 100)

Le pape, Pontife Romain et Pasteur de l’Eglise universelle

Il y aurait  aussi beaucoup à dire, à connaître, à admirer au sujet de la mission et des pouvoirs du pape, évêque de Rome et Pasteur Suprême de l’Eglise, entre autres titres bien sûr. Le Concile Vatican II en a parlé de façon remarquable dans la Constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen Gentium. Qu’il nous suffise de citer plutôt ici le Canon 331 du Code de Droit Canonique : « L’Evêque de l’Eglise de Rome, en qui demeure la charge que le Seigneur a donnée d’une manière singulière à Pierre, premier des Apôtres, et qui doit être transmise à ces successeurs, est le chef du Collège des Evêques, Vicaire du Christ et Pasteur de l’Eglise toute entière sur cette terre ; c’est pourquoi il possède dans l’Eglise, en vertu de sa charge, le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu’il peut toujours exercer librement »

Voilà qui force donc notre admiration de la papauté, don et mystère dans l’Eglise et dans le monde. Nous pouvons en tirer également des motifs de fierté légitime sans négliger la tradition vivante de la nomenclature des papes selon le choix de leur nom.

Somme toute concluons avec le Cardinal Paul Poupard, ancien président de la Commission Pontifical de la Culture : « Après la longue lutte du sacerdoce et de l’empire, la crise révolutionnaire, la chute du pouvoir temporel avec la perte des Etats pontificaux, la Papauté  restaurée,  contestée et admirée retrouve dans les temps modernes toute sa dimension évangélique. Ramenée à l’humilité temporelle de ses origines pétriniennes, la Papauté se trouve aujourd’hui dans sa minuscule et quasi symbolique souveraineté temporelle, selon l’expression du Pape Paul VI  devant les Nations-Unies à New York le 4 octobre 1965, avec le minimum nécessaire pour assurer sa mission spirituelle. » ( Histoire de la papauté : 2000 ans de mission et de tribulations sous la direction de Yves-Marie Hilaire. Editions Tallendier. Paris, 2003, p. 11-12) Et nous ajoutons que les papes Jean XXIII (1958-1963) et Paul VI (1963-1978) ont été des papes grands réformateurs d’une Eglise universelle  entendu que le pontificat de Jean-Paul II  fut hors du commun, lui qui « de la fenêtre du ciel » continue de bénir l’Eglise et le monde, et soutient son grand collaborateur et successeur  bien aimé Joseph Ratzinger/ Benoît XVI. Béni soit Benoît XVI qui vient au nom du Seigneur en terre africaine du Bénin, artisan et messager de réconciliation, de justice et de paix en Afrique.

Père André Kpadonou
Curé de Naogon Covè

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité