Livre : «Plaisir de lire» : un repère pour la résurrection de l’écriture de qualité au Bénin

«Plaisir de lire». Le recueil de textes de «chronique de Kayodé» publiés dans les années 1960 dans la presse Dahoméenne sous la plume du maître Germain Adélakoun a été officiellement lancé ce mercredi 09 novembre 2011 à Cotonou. Le professeur Antoine Robert Détchénou en est l’auteur. « Un génie est fait de 1% d’inspiration et de 99% de transpiration» écrit le naturaliste français Georges Buffon. Et selon le professeur Jean Pliya, l’instituteur converti au journalisme, Germain Adélakoun, inspiré, a beaucoup transpiré produisant 99% de richesse. Ses belles pages de la «chronique de kayodé» dans les quotidiens Daho express, Ehouzou, la Nation, etc. en sont quelques uns des fruits. Treize de ces chroniques constituent le contenu d’un livre de 72 pages paru sous l’initiative du professeur Antoine Robert Détchénou. Une initiative pour immortaliser les œuvres du maître Adélakoun. L’ouvrage a été officiellement lancé hier au Codiam à Cotonou. Le premier exemplaire a été emporté par le professeur Moïse Lalèyè à l’issue d’une vente à l’américaine. C’est une manière à lui d’encourager son maître, l’auteur.

Les motivations de la publication

Aux dires de l’auteur, l’idée d’exhumer ces textes écrits il y a quarante ans lui est venue après lecture d’un mail qu’il a reçu de la part de l’un des fils de Germain Adélakoun. Dans un article que le professeur a publié dans le journal La Nouvelle Tribune et La croix du Bénin, il a eu à citer son maître, Adélakoun, sur le tableau des excellents. Dans ledit article, l’auteur évoquait la question de l’excellence et se demandait si elle est devant ou derrière la génération actuelle. De la fierté exprimée par le fils dans son message, le professeur a décidé de faire mieux. Le nombre réduit des textes est selon l’auteur lié au fait qu’il s’est limité à une période donnée. Il s’agit aussi d’un coup d’essai qu’il a voulu faire. La publication ou nom d’autres tomes de recueil de textes du même journaliste sera déterminé par le succès de ce geste.

Publicité

«Plaisir de lire» d’après le professeur Jean Pliya

La lecture de «Plaisir de lire» amène, selon le professeur Jean Pliya, à la découverte d’un homme, d’une œuvre et d’une époque. Germain Adélakoun, un homme formé à l’école William Ponty. Une école de prestige et de référence qui a donné ses lettres de noblesse au Dahomey (aujourd’hui Bénin). Cet homme, c’est cet instituteur qui a l’art de se minimiser, de s’humilier ; qui se dit demi-lettré. «Pourtant, il faut pour les gens d’aujourd’hui, un dictionnaire à côté pour lire et comprendre ses textes. Il faut avoir parfois du souffle pour lire certaines de ses phrases sur un quart de page. Son énigme, c’est sa formation et sa culture.»

L’homme à découvrir, c’est aussi ce journaliste reporter témoin engagé de son époque : les années 1960. Ses œuvres, sont d’après le professeur Jean Pliya, de véritables documentaires sur des thèmes spécialisés. Ce sont des chroniques, des anecdotes, des récits d’événements croqués sur le vif. L’homme aborde ses sujets comme s’il en était un expert. Il y fait preuve de grande ouverture d’esprit et de maîtrise de la langue de Molière. Au lieu du titre «Plaisir de lire», le professeur préférerait «Plaisir de choisir». Car, explique-t-il, Germain Adélakoun a écrit pour tous les goûts. Et ce, dans un style parfois rugueux, parfois limpide.

Plusieurs interrogations suscitées selon le président Bruno Amoussou

«Plaisir de lire», c’est un peu de la personne de Germain Adélakoun. C’est une partie de son expérience de vie marquée par des maux de société. Lesquels sont restés permanents jusqu’à ce jour. C’est là la première interrogation que suscite ce recueil publié par le professeur Détchénou. «Pourquoi la permanence de ces maux?» Entre autres, la discordance sur la date des fêtes musulmanes, la guerre des diplômes dans les services publics, les désagréments causés par la Sbee aux populations, les décisions deux poids deux mesures, l’incivisme.

Publicité

L’autre débat que soulève ce livre, est celui lié à la qualité de l’écriture aujourd’hui. «Comment faire pour retrouver de nouveau Kayodé ? Comment retrouver cette qualité d’écriture ? Comment susciter et retrouver cette qualité d’information pertinente et vivante avec des détails ?» Autant de question que se pose le député témoin des écrits de la chronique de Kayodé. C’est à l’égard du peuple béninois en général mais surtout aux acteurs du monde scolaire et estudiantin et aux hommes des médias. L’œuvre de Kayodé doit être une relance pour une écriture de qualité certaine, selon l’honorable Amoussou.

En réponse, le professeur Antoine Détchénou pense déjà à une réédition de Mamadou et Binéta qui intégrerait des chroniques de Kayodé. Non seulement pour redonner le goût de la lecture aux écoliers, élèves et étudiants mais aussi pour aider les instituteurs actuellement en panne de texte, selon le professeur. «Cherchons la qualité, parlons français.» conclut-t-il en invitant les journalistes en particulier, à faire l’effort de suivre les traces du maître Germain Adélakoun.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité