Prof Kogblévi : mention très honorable

A beau mentir qui vient de loin. C’est un proverbe qui le dit. Pour montrer que la vérité d’ici n’est presque jamais sur la même ligne de départ que la vérité de là-bas. L’étranger qui vient de loin, parce que drapé de mystère, a plus de chances d’être cru que le fils du coin. Celui que tout le monde connaît et sur lequel on peut mettre un nom. C’est ce que confirme un autre proverbe : « Nul n’est prophète en son pays ». Ce 11 novembre 2011, le professeur Aziadomè Kogblevi présente au public les résultats de ses 50 ans de recherche. L’homme aura ainsi blanchi sous le harnais en un demi-siècle de dur labeur. Il s’est dévoué, il se dévoue à chercher et à trouver les moyens d’alléger les souffrances de ses semblables en recourant aux ressources de la médecine dite traditionnelle.

Le mérite du professeur Aziadomè Kogblévi, c’est de s’être orienté vers une forme de médecine que le colonisateur français, au nom de sa mission civilisatrice en Afrique, avait déclassé et dévalorisé. Ce fut alors de bonne stratégie pour le colonialisme triomphant d’élever les Africains eux-mêmes dans le mépris de l’héritage de leurs pères et grands parents.

Publicité

Un chemin était tout tracé pour ce pur produit des universités étrangères, françaises notamment : aller moissonner ses brevets de chercheur dans les sciences de la santé occidentale. Et en reconverti docile, il aurait dû évoluer dans le mépris des valeurs de son pays, de son continent. Qu’on se souvienne : en 2007, M. Sarkozy, dans son fameux discours de Dakar, en était encore à professer, à haute voix, que « l’homme africain n’est pas rentré dans l’histoire ». Cela suffit à faire prendre l’exacte mesure des préjugés qui ont toujours pesé sur l’Afrique, le mépris en sus.

C’est en cela que Aziadomè Koblévi est un rebelle. Il n’a point suivi le chemin que lui a tracé l’école française. Même s’il en a exploré les arcanes et conquis les parchemins. Aziadomè Koblévi a plutôt choisi le chemin de l’Afrique. Au risque de ne pas être prophète en son pays. Contrairement aux arguties des officines coloniales et néocoloniales commises au dénigrement et à l’infantilisation d’un continent, l’Afrique n’a jamais été un désert médical ou médicinal.

L’Afrique a inventé et développé des thérapies les plus efficaces, dans la complicité d’un long rapport avec la nature regardée et respectée comme un legs sacré. Ces thérapies ont permis d’avoir raison des affections les plus coriaces, de faire vivre et survivre des peuples le long des siècles. C’est de médecine que nous parlons, comme science de la santé. Mais non, tels que des esprits chagrins et idéologiquement bornés l’ont prétendu, d’un fatras de pratiques magico-religieuses, sorcellerie et charlatanisme s’y invitant, s’y mêlant à l’envi.

Qu’a-t-il trouvé au bout de sa quête de rebelle ce professeur nourri au lait du savoir occidental, formé et honoré par les plus prestigieuses institutions scientifiques de France et de Navarre ? Une idée force, à savoir que l’Occident n’a pas le monopole des sciences de la santé. Un engagement ferme, à savoir la nécessité, par fidélité, d’un retour et d’un recours à l’Afrique mère. Moins pour recueillir des recettes, mais pour se recueillir sur un patrimoine de valeurs à découvrir, à investir, à réinventer, à transmettre à la jeune génération.

Publicité

Voilà le chemin qu’a suivi Aziadomè Koblévi. Le chemin qui l’a conduit à inventer toute une gamme de produits au nombre desquels « Naja » qui se révèle un puissant anti-inflammatoire et un antibiotique efficace. Citons « Elixir foie », « Toro », « Palunox, « Docypro », la tisane diabétique, la pommade Eden, « Tonus » ou le cocktail d’agrume, Pagor ou le jus d’ananas, sans oublier le Sodabi aromatisé adja. Et c’est pour graver dans la mémoire de ses contemporains, au profit de l’histoire en train de s’écrire que Aziadomè Koblévi s’est fait l’auteur se plusieurs ouvrages. « Les Fleurs du miel » en 1993, « Le bon fermier » en 1996, « Le fruit de la passion » en 2002, « Seul le foie sauve » en 2006.

Voilà l’homme. Il se présente à nous ce 11 novembre 2011 avec les fruits de ses 50 ans de recherche. Il sollicite chacun de nous comme l’un des membres d’un immense jury de thèse. Anticipons notre appréciation : mention très honorable, avec les félicitations des hommes et des femmes qui croient en eux-mêmes, qui croient à l’Afrique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité