Retombée heureuse

A un universitaire, ami de la rédaction de votre quotidien, j’indiquais que la venue, une fois de plus, du Pape au Bénin était signe de bénédiction. A cet universitaire, enseignant de droit et catholique fervent de surcroit, qui ne semblait pas l’admettre, je réitère par écrit, noir sur blanc, mes mots prémonitoires d’espérance.

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Pour la première fois, en ce qui le concerne, le Pape Benoit XVI a foulé de ses pieds et vient de repartir du Bénin, le sol de nos ancêtres, où on l’y attend à nouveau pour sa prochaine visite. En discontinue, c’est la troisième fois qu’un patron au plus haut niveau de la hiérarchie de l’église catholique romaine y arrive séjourner 48 heures chrono.

En 1982 et 1993, soit en une décennie, les Béninois avaient déjà vécu la ferveur d’accueillir le Saint-Père, ici chez-eux. L’unique Jean Paul II, par deux fois. Et plus récemment, du 18 au 20 novembre 2011, le successeur de ce dernier. Finalement, en trente ans, trois visites papales ont ponctué le social des chrétiens locaux, à tout le moins.

…Peu de pays en Afrique au sud du Sahara, notamment dans la sous-région, ont bénéficié de cette sollicitude du Saint-Siège, en la matière. Et en cela, la visite papale est une grâce porteuse de bénédiction pour notre pays, celle de recevoir plusieurs fois d’affilée le représentant au sommet de l’Église catholique.

Ensuite, la venue de Benoit XVI a consacré la délivrance inattendue du pays tout entier. Elle a, en l’occurrence, accordé son inspiration au président de la République de dire urbi et orbi son engagement de ne pas se maintenir au pouvoir, contrairement aux intentions qui lui sont prêtées, à tort ou à raison, à partir de certains de ses actes qui prêtent le flanc aux critiques les plus acerbes. Sa philosophie politique dite du Changement, convertie en celle de la Refondation, pas du tout expliquée par lui-même et, du moins, mal exposée par des thuriféraires en mal de zèle, n’avait pas été pour permettre le dialogue et la compréhension nécessaires à l’adhésion de tous aux reformes qu’elle porte. A cause surtout de la volonté d’une révision affichée de la Constitution, jugée d’opportuniste, et par laquelle le pouvoir risquerait d’être confisqué à qui de droit, à savoir le peuple souverain.

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On pourra toujours gloser que la pression, de plus en plus forte, ces derniers temps, de la part des syndicats, tous ligués contre le pouvoir a fini d’acculer Boni Yayi dans ses retranchements. Mais l’homme aurait pu tenir bon, comme il l’a été jusque-là, sans rien dévoiler d’une telle «capitulation». Et continuer d’entretenir la tension sociale du fait du maintien du suspens relatif à son silence sur le sujet. Même s’il s’est, par ailleurs, déjà engagé en son for intérieur à partir. «A quoi bon se martyriser?», s’est-il sans doute avoué. En être humain, il a pu en avoir marre de subir à la fois la fronde d’une large frange des partenaires sociaux et d’affronter avec énergie, tact et poigne le manque de loyauté dont font preuve nos formations politiques, y compris celles se proclamant de la majorité présidentielle. C’est que la gestion du pouvoir d’Etat est éreintant au Bénin. Un de nos anciens présidents de la République a pu avouer à son homologue d’un pays voisin qu’il gère, lui, des hommes et pas des moutons. Allusion faite à la propension à la fronde des Béninois qui en redemandent quand il s’agit pour eux de jouir de leurs libertés dont il ne faut surtout pas les priver.

Boni Yayi semble en avoir assez du pouvoir d’Etat (deux mandats de cinq ans) qu’il a souhaité et obtenu un moment plus solennel de courber l’échine: devant un homme de Dieu habitué à cet exercice de génuflexion. Cela lui a paru plus valorisant.

Le Pape Benoit XVI, son hôte du moment, comme s’il savait la tourmente dans laquelle végète le chef de l’État béninois, est venu délivrer lui aussi un message d’exhortation à la bonne gouvernance dans lequel, il met en garde, sans porter de gants les leaders à tous niveaux, contre les risques de priver les populations de leur droit à l’espérance.

Désormais, dans l’esprit de chaque Béninois, Boni Yayi va s’en aller du pouvoir en 2016. En ne se souciant guère d’ouvrir ainsi, pour le reste de son mandat -quatre ans encore-, un autre front: celui de la course à sa succession.

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