Sème Kpodji : la fièvre des déguerpissements s’empare du maire Gbèdan

Alors que tout le peuple béninois se réjouit de la toute prochaine visite au Bénin du pape Bénoit XVI, les autorités municipales de la commune Sème Kpodji semblent avoir pris l’option de faire regretter à leurs concitoyens le séjour au Bénin du Saint Père. La fièvre de déguerpissement qui s’est emparée de Cotonou avec l’arrivée du Pape Benoît XVI a atteint Sème-Kpodji. Les populations de ladite commune ont passé un week-end tumultueux. Sous les auspices du maire Mathias Gbèdan en personne, les baraques installées aux abords des voies à Agblangandan, Sèmé centre et Pk 10 ont été démolies. Et cela, sous les regards des propriétaires pris entre indignation, impuissance et interrogation. Les autorités cotonoises inscrivent l’opération «Cotonou ville propre» dans le cadre de l’arrivée du Pape Benoît VI. Mais, le maire Gbèdan ne trouve autre justification de la nécessité que sa commune soit à l’image de Cotonou à cette veille de l’arrivée de Benoît XVI. Le spectacle du déguerpissement défilé sur certaines chaines de télévision de la place suscite bien la question de l’opportunité et la justesse de l’action du maire et son équipe. Certains occupants ont brandi des licences d’installation à eux délivrées par la mairie. Pourtant le maire affirme n’avoir délivré aucune licence à cet effet pour l’occupation des zones concernées. En réalité, le déguerpissement en lui-même, encore moins la volonté d’un maire à entreprendre des actions d’assainissement pour rendre sa commune plus reluisante ne constituent guère un péché. Seulement, dans le cas échéant tout ressemble à un effet de mode et de suivisme. Et le sort des populations victimes est sacrifié sur l’autel de l’opération de charme des autorités municipales. Il suffit d’analyser les justifications du maire pour s’en rendre compte. Mais le maire de Sémè Kpodji et son équipe doivent comprendre que Cotonou ne doit pas être un modèle en la matière. En effet, c’est l’arrivée du Pape Bénoit XVI qui dédouane les autorités de la capitale économique. Pour ce qu’on sait des réalités dans nos cités urbaines, les installations à bord des voies ne sauraient être détruites à partir d’une simple décision des autorités. Le secteur informel emploie la quasi-totalité de la population active béninoise. A travers ces déguerpissements, c’est une partie non négligeable de cette couche- se composant de personnes à la merci de la pauvreté- qui se retrouve sans revenu. Ainsi, ces opérations d’assainissement devraient-elles se faire dans le cadre d’une politique générale. Celle-ci doit tenir compte de tous les paramètres de l’installation d’activités économiques par les populations à bord des voies, y compris la réinstallation pour certains et la réinsertion pour d’autres.

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