Certains établissements d’enseignement général et technique du département de l’Ouémé font la part belle à la médiocrité. Les enseignants vacataires sont recrutés par affinité peu importe leur savoir faire et leur aptitude à conduire la destinée des jeunes apprenants. Le rôle de l’enseignant est indéniable dans le processus de formation de l’élève ou de l’étudiant. Il est présent en amont et en aval de sa formation et a une fonction déterminante dans son orientation professionnelle. Mais hélas ! Il semble bien qu’une ignorance manifestement grave caractérise les conditions d’accès à cette noble fonction dans le département de l’Ouémé où le recrutement est quasi anarchique. Nos enquêtes révèlent en effet qu’à côté des éducateurs vieux de cinq ou dix ans dans la profession, de jeunes étudiants fraichement nantis d’une licence ou d’une maîtrise ou encore de simples individus qui n’ont aucun parcours professionnel sont favorisés. Soit parce qu’ils sont des parents proches du directeur soit parce qu’ils appartiennent à un réseau de privilégiés. Le métier devient ainsi aléatoire et ne profite qu’à ceux qui appartiennent au cercle restreint. Ce comportement dépouille l’enseignant de son rôle de formateur et d’éducateur dont l’accès à la profession doit être entouré d’une certaine rigueur. Surtout avec le système éducatif actuel caractérisé par l’approche par compétence où l’enseignant doit avoir un bagage intellectuel conséquent pour faire face aux insuffisances du nouveau programme. Comparés aux enseignants titulaires, qui assurent déjà une certaine permanence dans le métier, les jeunes recrutés ne disposent pas suffisamment de temps pour s’approprier les connaissances nécessaires. La continuité n’est donc pas assurée et les élèves sont confrontés au fil des années à des méthodes d’enseignement variées. «J’ai été renvoyé après cinq années de carrière. Et mon remplaçant est un étudiant qui vient d’avoir sa licence. », confie un enseignant d’un collège d’enseignement général d’Adjarra qui a requis l’anonymat. Plusieurs autres enseignants sont dans le cas sans avoir aucune idée du sort qui leur est réservé. Avec le nouveau programme qui exige la formation préalable de l’enseignant, ce mode de recrutement n’est pas sans conséquence. L’élève est en effet la résultante directe de son enseignant et répand les lacunes qui lui sont transmises. Conséquence, sa performance est écorchée et sa productivité, inexistante sur le marché du travail. Les autorités du ministère de l’enseignement secondaire sont donc interpellées et doivent réagir face à cette situation qui met à mal la crédibilité du système éducatif national. Pour l’heure, ces directeurs de collèges continuent de recruter au gré de leur humeur des enseignants non avertis, faisant ainsi la promotion de l’immaturité intellectuelle.